CyAnimal : des vaccins efficaces et sans effets secondaires pour les animaux de compagnie
Développer des vaccins efficaces pour les animaux de compagnie sans provoquer d’effets secondaires tel est le projet de CyAnimal, une nouvelle start-up hébergée à
l’Incubateur Midi-Pyrénées. Les projets en santé animale sont rares. L’idée est portée par trois associés, entre 45 et 50 ans, réunissant chacun une vingtaine d’années d’expériences industrielles et scientifiques.
Docteur en microbiologie moléculaire, Renaud Nalin a déjà à son actif le parcours positif de la société Libragen qu’il a créée en 2001. Après deux levées de fonds pour 3,5M€, il l’a cédée en 2010 au groupe suisse de cosmétologie Induchem qui fait désormais partie de Givaudan. Libragen existe toujours en région au sein de Givaudan Active Care. R. Nalin a quitté l’entreprise en 2012 pour se relancer dans le conseil pour le compte de l’Inserm et du CEA afin d’évaluer le potentiel de valorisation industrielle d’équipe de R & D sur les sites de Marcoule et Cadarache.
L’idée de rebondir sur une nouvelle aventure entrepreneuriale restait en suspens. Le projet prend corps avec Patrick Cornille, responsable de la veille technologique et des brevets chez Ceva Santé Animale. La technologie existait depuis 1985 à l’Institut Pasteur mais n’avait jamais été exploitée en santé animale.
La plateforme scientifique a été dénichée à l’Ecole vétérinaire de Toulouse, managée par Séverine Boullier, maître de conférences en Immunologie. Au bout de 24 mois de travail, la preuve du concept a pu être apportée et deux brevets déposés avec le concours de TTT, Toulouse Tech Transfer et de l’Académie des Sciences de la République Tchèque en la personne du docteur professeur Peter Sebo. Un 1er candidat vaccin a été développé dans l’indication de la toux de chenil dont l’efficacité et l’absence d’effets secondaires ont été démontrées. «Avec CyAnimal, nous voulons apporter aux laboratoires des briques technologiques pour améliorer leurs vaccins» indique Renaud Nalin. Le marché de la toux de chenil représente une centaine de millions de dollars avec 4 ou 5 vaccins déjà commercialisés principalement aux USA.
La plateforme CyAnimal sera exploitée pour le développement de vaccins dans d’autres indications. L’idée est de signer des contrats d’exclusivité avec les laboratoires en santé animale qui commercialiseront les produits. Le premier enregistrement d’un vaccin est attendu en 2019-2020 dans le cadre d’un développement étalé sur cinq ans. CyAnimal ambitionne de lever 1,5 million d’euros en 2017 pour financer l’amorçage. «Notre projet réunit les atouts de l’expérience avec un projet technique solide susceptible d’intéresser les investisseurs spécialisés dans les biotechs français et internationaux». Les animaux de compagnie sont de plus en plus choyés dans les familles qui n’hésitent pas à souscrire des mutuelles, entraînant une pression pour avoir des vaccins dans des indications peu ou pas satisfaites, sans effets secondaires et avec une réponse immunitaire efficace.
La vaccination est un acte principal chez les vétérinaires permettant aussi le suivi médical des animaux. CyAnimal cible essentiellement les marchés US et européens qui connaissent une croissance régulière chaque année, animée par une quinzaine de grands laboratoires.
CyAnimal va rester une petite structure très souple qui gardera la propriété industrielle en s’appuyant sur la plateforme de l’Ecole vétérinaire et des partenaires extérieurs. Le choix de l’Incubateur Midi-Pyrénées peut paraître étonnant pour relancer une nouvelle start-up.
«Même après 20 ans d’expérience et deux levées de fonds, il est toujours intéressant de remettre en cause ses certitudes en se confrontant avec les autres. Le dynamisme des jeunes pousses du numérique est très perturbant mais aussi très pertinent» commente Renaud Nalin.
Article diffusé par Jean Luc Bénédini le 02/02/2017