Fin mars 2024, plusieurs partenaires d'Occitanie ont annoncé la création d'HydroVenture, qui doit symboliser le premier centre d'hydrologie spatiale européenne pour le suivi et la gestion de l'eau.
HydroVenture a été lancé à Toulouse fin mars 2024. De gauche à droite avec les membres fondateurs Guillaume Valladeau (co-fondateur de vorteX-io), Gwenaël Souillé (directeur du business development B.U Space de CS Group), Selma Cherchali (responsable du programme Observation de la Terre du CNES) et Frédéric Huynh (directeur de Data Terra). (Photo : HydroVenture)
Une opération pour marquer le coup et un consortium pour conjuguer le spatial et les enjeux de l'eau : voilà l'état d'esprit d'HydroVenture, le premier centre d'hydrologie spatiale européen pour le suivi et la gestion de l'eau.
"C'est un premier gros jalon"
Trois entreprises sont à l'initiative de ce projet - CS Group, vorteX-io et Magellium, lauréates de l'appel d'offres France 2030 - et le consortium associe de nombreux partenaires tels que BRL Ingénierie, Cerfacs, CLS, HydroMatters, MEOSS, Sertit et l'infrastructure de recherche Data Terra, qui coordonne en tout 34 organismes de recherche tels que le Cnes, le CNRS, l'Inrae, Météo France et l'IRD. "Face à l'urgence d'améliorer la connaissance et la gouvernance de l'eau à l'échelle mondiale, HydroVenture propose de fusionner les données spatiales, les modèles numériques et les informations hydrologiques de terrain pour une gestion en temps réel des systèmes hydrologiques continentaux", expliquent les porteurs de projet. "C'est un premier socle français qui se veut européen et mondial. C'est le premier gros jalon, l'eau douce est un véritable enjeu stratégique, 20% de la population mondiale est exposée au risque d'inondation et 50% de la population est exposée à la pénurie d'eau", précise Guillaume Valladeau, gérant de vorteX-io.
Une "opportunité considérable"
Les membres du consortium alertent sur la situation en Europe. "C'est le continent qui se réchauffe le plus et un tiers du territoire est exposé au stress hydrique", poursuit Guillaume Valladeau. Quelle sera la plus-value d'HydroVenture sur le sujet ? N'est-ce pas une strate supplémentaire par rapport aux structures existantes ? Les explications avec Joël Dorandeu, responsable de l'unité Observation de la Terre de Magellium :
"Ce consortium répond à l'insuffisance d'infos en temps réel sur l'eau. Nous devons répondre à ce besoin en exploration des données spatiales. Il s'agit là d'une opportunité considérable".
Un marché hydrologique important
HydroVenture présentera une organisation en trois piliers distincts : un Centre de surveillance opérationnel pour le suivi en temps réel des cycles de l'eau, un dispositif de recherche, valorisation et développement associé à un Living Lab collaboratif, et un service commercial qui sera amené à "gagner des projets". "Le marché hydrologisue européen est estimé à 440 millions d'euros en 2031, contre 240 millions d'euros en 2021. Notre ambition est de travailler sur 40 à 50% de ce périmètre. En Europe, la France pèse sur la question du spatial et nous voulons devenir un acteur majeur du marché hydrologique européen. Et un acteur qui doit s'auto-financer à terme", avance Gwenaël Souillé, directeur du business development BU Space de CS Group.
Un jumeau numérique de la Terre en 2026
Leur feuille de route 2024-2031 prévoit plusieurs étapes de croissance autour du projet. Les années 2024 et 2025 doivent fédérer les acteurs et servir à mieux faire connaître HydroVenture à l'échelle de l'Europe. En 2026, "cette collaboration public-privé inédite s'inscrira également dans une démarche européenne en capitalisant sur la complémentarité des Etats membres, des directives européennes et des ambitions des programmes environnementaux tels que DestinE et Copernicus. Enfin, le consortium sera en position privilégiée pour contribuer aux services d'alertes précoces souhaités par l'ONU d'ici à fin 2027", poursuivent les membres d'HydroVenture, qui projettent de créer le jumeau numérique hydrologique de la Terre d'ici 2026.
Construire le "Mercator des ressources en eau"
Le consortium mise sur l'horizontalité et la synergie. HydroVenture n'aura pas d'adresse propre ni de locaux dédiés et s'organisera, dans un premier temps, selon le modèle de la joint-venture partenariale. "La donnée spatiale permet la continuité des mesures et il est essentiel de s'associer. Avec HydroVenture, nous voulons construire le Mercator des ressources en eau", explique tout en métaphore Frédéric Huynh, directeur de l'infrastructure de recherche Data Terra, en référence au Toulousain Mercator Océan, spécialiste de l'analyse et de la prévision océanique.
Assurances, santé, agriculture, transports, énergie... De nombreux secteurs sont concernés par la ressource en eau et le futur champ d'action et de compétences d'HydroVenture. "La France doit jouer un rôle important et a toutes les capacités pour peser sur les décisions européennes", concluent les membres du consortium.