AERONAUTIQUE : Airbus prépare un nouveau Beluga pour sa logistique

 

La flotte des cinq Beluga, le transporteur des tronçons entiers d’Airbus, est de plus en plus sollicitée avec l’augmentation des cadences, la montée en production de l’A350XWB. ATI, Airbus Transport International, la filiale dédiée d’Airbus pour ce fret hors gabarit, prévoit de doubler son activité, de 5000 heures de vol en 2011 à 10 000 heures de vol en 2017. Airbus devrait lancer à la fin 2013, la production d’un nouveau transporteur, sur la base d’un A330, afin de renforcer encore son outil logistique inter usines.
 
Cinq Beluga assurent aujourd’hui une soixantaine de rotations par semaine entre les différents sites d’Airbus entre Nantes et Saint-Nazaire en France, Hambourg et Brême en Allemagne, Broughton en GB et Getafe en Espagne plus entre les sites des partenaires vers Méaulte (Aerolia) en France, Augsbourg (Premium Aerotec) en Allemagne et les chaînes d’assemblage de Toulouse et Hambourg. Le géant de l’air dessert aussi Séville et Ankara pour les composants de l’A400M. Ce système de transport basé sur des technologies et des outils harmonisés entre toutes les usines et tous les programmes, est géré par une seule entité, ATI, compagnie aérienne filiale d’Airbus. Avec le plan Fly10 000, le projet d’ATI est de passer à 120 rotations par semaines. « La montée sera progressive. De 12h par jour, 5 jours par semaine, le Beluga volera à terme 18h par jour, six jours par semaines » relate Daniel Boutonnet, le directeur général d’ATI.
La compagnie aérienne d’Airbus a prévu de longue date de renforcer son outil pour absorber cette évolution et répondre à la demande des usines : livrer en temps et en heure avec un taux de disponibilité supérieur à 95%. De nouveaux pilotes sont embauchés avec des formations s’étalant sur une année. Un des challenges est d’arriver à réduire le temps d’escale nécessaire à 90 mn, atterrissage décollage, déchargement rechargement compris. Afin de limiter les perturbations des opérations par le vent, des hangars sont en cours de réalisation sur Hambourg, St-Nazaire, Broughton, Brême et Getafe. La maintenance de la flotte a été modifiée. Le personnel d’ATI prend en charge la maintenance en ligne et les petites visites de contrôle tous les 4 mois. Sabena Technics à Bordeaux assure les grandes visites planifiées tous les deux ans. Avec les pilotes, la maintenance, l’encadrement, le centre opérationnel de planification avion, l’effectif d’ATI passera de 150 à 220 salariés.
Un nouveau « Beluga » à partir d’un A330 ?
 
Qui prendra le relais du Beluga, l’A300-600ST, qui a pris lui-même le relais en janvier 1996, du Super Guppy, un Boeing 377 Stratocruiser surnommé la « Baleine » ? Une équipe projet d’Airbus planche sur ce thème depuis près d’un an. Un rapport préliminaire sur les solutions envisagées, sera remis cet été à la direction d’Airbus. La décision est attendue fin 2013 pour une mise en service opérationnelle à l’horizon 2018. Ce nouveau transporteur devrait venir compléter la flotte actuelle de Beluga tout en améliorant l’efficacité opérationnelle des services d’ATI.
Il devra notamment permettre le transport de deux voilures d’A350 ou un fuselage de l’A350 et un tronçon d’A320. Parmi les options sur la table figure l’aménagement d’une zone courrier pour transporter un équipage de quatre personnes afin de faciliter le positionnement des équipes et de la maintenance lorsque nécessaire.
De nombreux facteurs ont été mis dans la balance comme l’évolution des besoins d’Airbus dans les trente prochaines années, etc… Des scénarios de transitions ont été étudiés, le recours à davantage de transport maritime est évoqué. La desserte de la future usine américaine à Mobile n’a pas été retenue. Le nouveau transporteur sera bien dédié aux réseaux des escales européennes. Airbus devrait concevoir son nouvel avion à partir d’un A330-200 ou d’un A330-300. A l’image de l’A300-600ST, la voilure, le caisson central, le système avion et le moteur seront conservés, les modifications significatives porteront sur le cockpit, l’empenage et les structures au-dessus du plancher. En résumé le futur transporteur ressemblera fortement au Beluga actuel avec une section frontale du fuselage agrandie et une longueur de chargement d’environ 45m contre 38 actuellement. Le Beluga peut transporter jusqu’à 47 tonnes de fret sur une distance de 1660 km, l’A330-200F, la version cargo de l’A330 permet par exemple plus de 70 tonnes de fret sur des vols de 5 930 km. Un futur gros bébé.

Jean Luc Bénédini
Diffusé le 1 septembre 2013

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