AERONAUTIQUE : Cauquil mise sur la diversification des activités et du portefeuille clients

 

 

 

Deux family offices sont entrés au capital de Cauquil, spécialisé dans l’usinage des métaux durs et de SimAir, expert en chaudronnerie et tôlerie.

Ces investisseurs sont aussi actionnaires de plusieurs entreprises, misant sur la synergie commerciale entre les différents établissements. « Pour nous, c’est une opportunité de diversification de nos activités, hors champ aéronautique » souligne Marc Alaux, directeur général de Cauquil en mentionnant les secteurs maritime et de l’énergie.

Pour cet acteur de la mécanique de précision qui emploie 80 salariés, 2016 aura été une année de croissance modérée, avec un chiffre d’affaires qui est passé de 11,3 à 12 M€. La société a bénéficié de l’augmentation des cadences de l’A350, du développement de l’A330 Neo, de la montée en puissance du Boeing 787, de l’industrialisation du nouveau Beluga (5 avions à construire).

Un marché gagné sur les moteurs

Un nouveau marché a été gagné avec Safran Aircraft Engines (ex-Snecma) sur le moteur LEAP mais cette commande produira ses effets dès 2018, une fois que les machines dédiées auront été construites et installées dans l’atelier de Mondouzil, siège de la PME. 

« En matière aéronautique, nous souhaitons à l’avenir moins dépendre de l’aérostructure et conforter nos positions auprès des motoristes » ajoute le dirigeant de Cauquil qui prévoit un exercice 2017 sous le signe de la consolidation.

Question investissements, trois nouveaux centres d’usinage ont été acquis, portant le parc à 23 machines sans compter celles attendues pour l’usinage des moteurs. L’entreprise est à présent armée pour augmenter ses capacités de 15 à 20%. Ses fonds propres lui ont permis de faire ces acquisitions en saisissant l’occasion qui se présentait.

Un logiciel innovant en fabrication

L’essentiel des achats machines effectués ces dernières années a été amorti « si bien que nos coûts unitaires sont moindres » précise Marc Alaux,  en évoquant également un autre facteur de compétitivité lié à l’entrée en service d’un logiciel innovant. Cette application en phase de test et  qui sera étendue à tous les centres d’usinage, analyse la force de la broche, lorsqu’elle pénètre dans la matière. Si bien qu’avec ces données scientifiques, l’opérateur peut accentuer ou atténuer la puissance d’usinage ce qui fait gagner du temps de fabrication tout en économisant sur l’usure de l’outil de coupe.

Cauquil franchit donc un palier supplémentaire en matière de performance, un gap qui lui permet de répondre à la constante pression sur les prix exercée par les donneurs d’ordres.

L’autre atout de la PME c’est la qualité de ses fabrications et son aptitude à livrer à l’heure. « Notre taux d’OTD (1) atteint les 99,5%, les clients le savent et il n’est pas rare que nous récupérions en dépannage des travaux» commente Marc Alaux, utilisant l’image du couteau suisse capable de tout faire !

(1) : On time delivery

 
Emma Bao
Diffusé le 1er décembre 2016

 

Un marché de niche : métaux durs, délais courts, 1ere fabrication

 

Ce marché de niche qui requiert tout un savoir-faire et des équipements de pointe, génère un tiers du CA de Cauquil. Sur ce segment, la moitié de l’activité est réalisée avec Airbus, pour parer à ses urgences. Pour le reste, la Pme répond aux sollicitations des autres avionneurs et équipementiers, nécessitant pour leurs programmes des solutions très rapides.

 

 

Sous-traitance : un paysage compliqué

 

Si Airbus a un plan de charge à 10 ans, le contexte est compliqué pour les sous-traitants qui ont massivement investi alors que les volumes à produire ne sont pas toujours au rendez-vous en raison des aléas techniques des programmes en cours (cf l’A320 Neo, l’A350, l’A400 M…). Les velléités pour exiger moins 30% de la part de la supply chain persistent. Dans les faits, faisant valoir la clause de compétitivité incluse dans les contrats, les grands donneurs d’ordres n’hésitent pas à demander à leurs sous-traitants des baisses de 10 à 15%.

Autre constat,  le mouvement de concentration s’est poursuivi avec des Rang 1 et 2 toujours plus forts, qui réussissent pour le moment à tirer leur épingle du jeu et à absorber la pression sur les prix. Et ce,  en cascadant en partie la charge sur les rangs 3 et 4, des petites structures, souvent de moins de 10 salariés, capables de s’adapter aux contraintes tarifaires. Mais la donne a changé depuis que le client final exige de tous les maillons de la chaîne,  le respect de la  norme EN 9100 ! Un standard que ceux qui sont en bas de l’échelle ne peuvent concilier avec du bas coût, ce qui les fragilise voire les met à terre. 

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