L’aéronautique tire la croissance régionale. Les entreprises du secteur qui tournent à plein régime ont d’importants besoins en trésorerie et doivent avoir des fonds propres suffisants pour financer leur développement. Davantage de volontarisme est attendu de la part des banques pour accompagner les industriels, éviter que la locomotive ne ralentisse. « Tous dans le même bateau ou plutôt même avion ! »
Depuis 2010, les cadences d’Airbus progressent de 10% par an. Chaque mois sont fabriqués 42 appareils A320, 10 long range A340 et 2,5 avions A380.
Cette ascension devrait se stabiliser, le plan de production table sur un rythme annuel de 3 à 4% entre 2013 et 2015. Le carnet de commandes du constructeur européen représente 7 à 8 ans de travail. Compte tenu des bonnes perspectives du secteur aéronautique qui booste la croissance régionale, il va de l’intérêt de tous, avionneur, équipementiers et sous-traitants, acteurs bancaires, que la machine tourne de manière optimale. « Nous agissons pour apporter davantage de sécurisation à nos fournisseurs » souligne Didier Katzenmayer, Directeur aux Affaires Industrielles. De nouveaux engagements ont été pris pour conférer une meilleure visibilité à court terme. Sur le plan macro, l’avionneur donne des indications à 3 ans. Un prévisionnel à 18 mois est communiqué à la supply chain, des informations qui permettent à chaque acteur de se positionner sur les investissements et les recrutements à moyen terme. Afin de mieux répondre aux attentes des établissements financiers et des industriels, Airbus engage sescommandes à 6 mois depuis juillet 2012 ; processus porté par le GIFAS et bien accueilli par la Fédération Française des Banques. « Les notifications de l’avionneur à ses interlocuteurs directs doivent être cascadées tout le long de la chaîne quel que soit le rang du sous-traitant » précise Didier Katzenmayer. Le prochain forum PME du 2 juillet à Nantes (1) sera l’occasion de vérifier que cette obligation est bien remplie.
Avec une passation des commandes à 6 mois, les PME espèrent obtenir de la part de la communauté bancaire une meilleure prise en compte de leur demande de financement (lignes de découvert…). « En Midi-Pyrénées, les banques connaissent bien le tissu aéronautique et sont enclines à accompagner les entreprises qui ont des structures financières saines » constate le Directeur aux Affaires Industrielles.
En ce qui concerne la parité « euro-dollar » et le financement des NRC (non recurring cost), une réflexion est engagée depuis plusieurs mois. Les différents groupes de travail sous l’égide de la DIRECCTE espèrent faire une annonce sur le sujet lors du salon du Bourget. Pour financer de l’immatériel, une des pistes explorées repose sur la mise en place d’une garantie qui inciterait les banques à mieux prendre en charge les NRC, les besoins en BFR
La sous-capitalisation des PME reste une réalité et le fonds sectoriel aéronautique Aerofund soutenu par le gouvernement apporte une réponse au renforcement des fonds propres. La durée de l’investissement a été portée à 12/15 ans. Destiné à financer le haut de bilan des PME et ETI de la filière aéronautique, le fonds d’investissement Aerofund 3 a été doté de 150 M€ dont 40 apportés par Airbus (2). Les mentalités des dirigeants doivent aussi évoluer, mieux vaut ouvrir le capital que de recourir systématique à l’endettement.
L’optimisation des relations avec les fournisseurs passe aussi par la présence terrain des ingénieurs de l’avionneur et des initiatives comme la charte signé par Aérolia avec ses sous-traitants. L’association SPACE qui fédère les principaux donneurs d’ordres du secteur continue à œuvrer pour amener à maturité la chaîne d’approvisionnement. Son action cantonnée à Midi-Pyrénées et Aquitaine a été étendue à Pays de Loire avec l’objectif d’avoir prochainement une couverture nationale. Dans le cadre de Pacte PME, une représentation d’EADS accueillera au salon du Bourget les PME (3).
Compte tenu du plan de charge qui atteint des niveaux record, les entreprises sont confrontées au souci quotidien du financement de la croissance. « Je maintiens la pression auprès des acteurs bancaires, leur demandant d’accompagner la filière car la seule économie positive en ce moment, c’est la nôtre » indique Didier Katzenmayer en insistant sur la bonne visibilité à moyen terme du secteur et l’internationalisation d’Airbus pour parer aux à-coups conjoncturels.
Emma Bao
Diffusé le 5 juin 2013
(1) : Airbus organise tous les 6 mois un forum à destination de sa supply chain ; il rassemble tous les fournisseurs rang 1, 2, 3 et suivants ainsi que les développeurs économiques.
(2) : Fonds d’investissement géré par ACE Management, prolonge Aerofund 2. Ont abondé ce fonds : Airbus (à hauteur de 40 M€), Caisse des Dépôts et Consignations Entreprises (60 M€), Le groupe Safran (30 M€), EADS et Eurocopter (10 M€ chacun).
(3) : EADS a signé la charte de la Défense avec les entreprises de la filière. L’association a aussi signé la charte du redressement productif.