AERONAUTIQUE : Latécoère, vers une amélioration de la performance industrielle

 Frédéric Michelland, président de Latécoère

Les premier effets concrets du plan Boost 2014-2016 lancé en février 2014 sur l’ensemble du périmètre du groupe par la nouvelle direction de Latécoère seront visibles dès la fin 2014. « Près de 40% des actions prévues sont déjà en place. Nous avons privilégié les mesures avec des impacts rapides. C’est en 2015 et les années suivantes qu’elles prendront leur plein effet dans nos comptes » indique Frédéric Michelland, le président de Latécoère.

L’équipementier n’a pas attendu longtemps après la publication de ses comptes annuels 2013 marqué par un résultat négatif pour réagir en engageant  le volet  industriel du plan Boost. Latécoère a fait son autocritique pour analyser ses dysfonctionnements et retenir au final 120 mesures. «Il s’agit d’atteindre un modèle de production de série en livrant en juste à temps au niveau de qualité requis en étant bon du premier coup. Nous avons mis les lignes d’assemblage au centre de l’entreprise ». Le gros du travail  concerne l’interne, en modifiant le support à la production, en gérant à part le non récurrent, en renforçant la gestion de programme et les interfaces avec les métiers supports.

Après quelques mois d’application, les premiers signaux sont encourageants, la réactivité s’est améliorée avec des indicateurs qualité en progrès.  Dans l’optimisation de la production,  la saturation de l’outil industriel est recherchée avec entre autres le passage du 2x8 au 3x8 dans les ateliers, la ré-internalisation de travaux.

Vers la supply chain qui représente près de 70% de la production, un des objectifs est de rationaliser les flux en allant de 400 à 200 fournisseurs pour la partie aérostructure. Le mouvement est lancé, le panel  s’élevait à 330 fournisseurs en juillet 2014. En gérant moins d’interfaces, en confiant un périmètre plus important  aux sous-traitants, l’équipementier souhaite recentrer les équipes sur les opérations de la ligne d’assemblage. Pour quelques fournisseurs critiques, l’équipementier a renforcé la surveillance ou a décidé de produire lui-même sur ses sites en France, en Tchéquie.

  Le scénario du redéploiement stratégique du groupe, second volet du plan Boost, sera dévoilé à la fin de l’année.  Plusieurs options sont sur  la table. La filière française des aérostructures est relativement morcelée entre plusieurs acteurs (Aerolia, Daher, Sogerma, Potez…), l’idée d’un regroupement à l’échelle nationale ou européenne est évoquée périodiquement dans les médias. En 2008, le groupe avait été choisi pour mener un projet stratégique d’envergure stoppé net rapidement.

 Avec Boost, Latécoère ambitionne de générer en 2016 un cash-flow opérationnel de 7% du chiffre d’affaires (621 M€ en 2013), de quoi lui permettre de réduire sûrement sa dette (317 M€ fin 2013) en rassurant ses banquiers tout en se donnant de l’air.

D’autant que les perspectives du groupe sont favorables à l’image de la filière aéronautique mondiale. Avec 2,58 Md€, le portefeuille   correspond à 4 années de chiffre d’affaires. Un objectif de croissance annuel  de 4% en moyenne jusqu’en 2016 a été annoncé. Latécoère est présent sur plusieurs programmes et avionneurs simultanément dans le monde. Airbus prévoit de faire passer son bestseller, l’A320 à 46 exemplaires/mois et peut-être au-delà par la suite. Après l’A320neo, Latécoère espère se placer sur les remotorisations d’anciens modèles comme l’A330neo annoncées à Farnborough.  En 2013,  Latécoère avait signé avec Embraer un contrat majeur d’un 1Md€ pour la fourniture de l’ensemble des portes du nouveau programme E-Jet E2.

Dans les activités électriques qui génèrent 30% du CA, Latelec pourrait profiter de nouvelles opportunités de rétrofit. La nouvelle usine au Mexique fonctionne aujourd’hui avec 250 salariés pour aller à terme vers les 400 à 500 salariés, implantée dans une zone dollar, à bas coût, proche des  lignes d’assemblage de Boeing et d’Airbus à Mobile. Elle vient de livrer les premiers jeux de portes pour le 787 dont les cadences sont passées de 3 à 10 en 2013 avec 14 exemplaires/mois en prévision. « Cette usine va nous aider à absorber les augmentations de cadences tout en nous ouvrant le marché des Etats-Unis ».

Dans la 3ème activité présente sur St-Foy d’Aigrefeuille, Purpan et au Brésil et dédiée au service soit près de 100 M€, les 2/3 proviennent du pôle outillage. Les augmentations de cadences devraient susciter de nouveaux besoins dans les ateliers et les chaines d’assemblage. Dans l’ingénierie, le potentiel commercial est devenu plus compliqué pour tous les acteurs avec la fin des nouveaux programmes.

Dans un marché en croissance, Latécoère a mis le cap sur la performance industrielle et opérationnelle. La direction a tenu à sensibiliser très tôt le personnel en l’associant à la conception et à la mise en œuvre du plan Boost. Il sera également associé aux résultats. En effet, le respect des délais de livraison est désormais intégré dans le calcul de l’intéressement des salariés français. 
Article diffusé par JL. Bénédini le 01/09/2014


A lire aussi