Safran Power Units (ex Microturbo) prévoit de certifier cet automne les premiers produits intégrant des pièces en fabrication additive métallique et démarrer dans la foulée la fabrication en série. Le bureau d’études s’est lancé dans la fabrication additive il y a maintenant cinq ans. Une longue maturation technique qui lui a permis de maîtriser toute la chaine de conception fabrication en ALM : la poudre et la caractérisation, la conception topologique, la fabrication, le contrôle dimensionnel. L’entreprise toulousaine travaille en lien avec plusieurs partenaires. Elle s’appuie sur le savoir-faire en conception-fabrication du groupe et de Safran Innovation avec son pôle dédié à la fabrication additive métallique. La collaboration avec l’Université australienne Monash nouée il y a cinq ans se poursuit. « Nous avons, 18 mois après le lancement de nos travaux, fait tourner des petits moteurs expérimentaux avec près de 40% de pièces en additif métal, notamment en jumelant des fonctions dans une seule pièce » relate le directeur technique de Safran Power Units. Avec Fusia, l’entité ALM de la société Estève, un projet de R&D est en cours portant notamment sur un échangeur thermique. La nécessaire maîtrise simultanée de la conception et du process a aussi conduit l’entreprise à servir de béta testeur pour un fabricant de machine (Concept Laser ). Les gains sont attendus en termes de réduction des cycles, de coûts et de la masse par exemple sur le système de propulsion d’un missile pour augmenter sa portée.
A terme, dans les cinq ans l’ALM pourrait représenter jusqu’à 30% des pièces d’une turbomachine. « C’est un vrai enjeu industriel pour l’industrie française et la compétitivité de notre site. En maîtrisant à 100% cette technologie, on peut recréer une barrière d’entrée technologique. Nous avons tout intérêt à développer ici en région cette filière » souligne François Tarel, le directeur général de Safran Power Units. Au sein du BE, on accompagne les salariés avec la gestion des compétences. Des machines d’impression 3D plastique ont été implantées dans les espaces de travail. La conception en 3D rebat les cartes et la manière de penser le produit, autour d’une maquette, en faisant appel davantage à l’intelligence collective. La barrière entre le bureau d’études et les méthodes tend à s’estomper.
Activité bien orientée
L’activité de Safran Power Units continue à progresser plus vite que le marché. Les ventes pour le militaire sont bien orientées, dans la propulsion des missiles, avec le Rafale, l’A400M… Dans le civil, les programmes F5X de Dassault, le Global 7000 de Bombardier figurent dans le portefeuille clients. La nouvelle génération d’auxiliaire de puissance eAPU est entrée en service en 2014 sur l’AW 189 de Leonardo. Une filiale a été ouverte à San Diego aux Etats-Unis pour développer les ventes sur le marché civil. L’activité SAV pour les APU des avions et hélicoptères, est déployée à Toulouse, en Grande Bretagne, aux USA, en Australie, au Brésil. Pour le Rafale, Safran Power Units réalise le MCO des APU pour le compte de la structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques du ministre de la Défense (SIMMAD). La stratégie est à terme d’équilibrer l’activité entre les équipements pour le militaire et le civil.
Article diffusé le 01/09/2016 par JL Bénédini