Le popcorn a élu domicile en plein Gers. 20 ans après sa création, Nataïs est devenue son leader européen employant 140 salariés, dégageant un chiffre d’affaires de 39 millions d’euros en 2013 dont 90% à l’export. La stratégie mise en œuvre par Michael Ehmann son pdg depuis le départ était bien la bonne avec une intégration complète de la filière. 240 agriculteurs du Sud-Ouest produisent sous contrat le maïs à éclater. Nataïs a déployé un process de conditionnement automatisé interne pour l’ensachage du popcorn micro-ondable. Avec une politique de vente maîtrisée sur le long terme, vous obtenez les ingrédients d’une entreprise performante.
Nataïs n’a pas fini de nous étonner car Michael Ehmann cherche l’efficience maximum partout en innovant y compris dans la gestion de son équipe. Le budget formation représente 5 fois l’obligation légale (180 k€). Les jeunes ingénieurs sortant de l’Ensat, de Purpan, se forment sur le terrain dans la conduite de la ligne de production tout en menant des projets d’amélioration. Le niveau des rémunérations est supérieur de 15 à 20% à la moyenne locale. A nouveau une vingtaine de postes en 2015 (ingénieurs, techniciens, caristes) seront recrutés.
Dès 2005 Nataïs a installé les modules de SAP, un choix étonnant pour une Pme quand on connaît la rigueur de cet ERP. «Nous sommes une Pme mais avec un fonctionnement très complexe comme une grande entreprise pour gérer tous les flux agricoles, une traçabilité totale des productions depuis les champs, l’industrie, le commercial. C’est aujourd’hui un outil essentiel de pilotage. Nous avons déployé en moins de trois mois notre filiale en Afrique du Sud » indique Michael Ehmann.
Nataïs a développé en interne une ensacheuse capable de conditionner 300 sachets à la minute de popcorn micro-ondable représentant 150 000 millions de sachets sur l’année.
Si l’entreprise reste discrète sur les détails, le process est en amélioration continue. « C’est grâce à l’automatisation et l’innovation que nous arrivons à gagner la bataille commerciale ». Ses principaux concurrents européens bénéficient de coûts de production plus bas dans les pays de l’Est. Michael Ehmann a cherché à innover dans la sélection des semences en nouant depuis une quinzaine d’année un partenariat avec la société américaine de Chuck Zangger. Une soixantaine de croisements sont évalués chaque année pour valider in fine les variétés choisies. Les OGM sont exclus.
Les producteurs partenaires apportent chaque année 30 500 tonnes de maïs à éclater. Il s’agit d’un complément de revenu avec une marge brute supplémentaire de 500€ à l’ha par rapport aux maïs traditionnel. Ils sont incités à aller vers une agriculture durable. Nataïs distribue des primes de bonnes pratiques aux agriculteurs qui s’engagent dans la lutte contre la pyrale en utilisant des mini-guêpes microscopiques. Elles vont détruire les œufs avant leur transformation en papillon. C’est une alternative aux traitements phytosanitaires. « Nous voulons réduire de 20% l’eau d’irrigation. C’est possible avec l’installation de sondes dans le sol pour donner à l’agriculteur la juste quantité d’eau nécessaire » relate le chef d’entreprise.
Nataïs compte poursuivre la croissance. Les ventes ont crû de 20% en 2013. Nataïs écoule sa production en vrac et en sachets micro-ondables via des partenaires dans chaque pays comme Menguy’s en France et en MDD. « Nous nous épuiserions à créer et commercialiser sous notre propre marque ». Sur les cinq prochaines années, une quinzaine de millions d’euros seront investis pour installer une 4ème ligne de production, augmenter la capacité de stockage silos et la logistique. La récolte de maïs devrait progresser d’une vingtaine de millions de tonnes, 270 000 tonnes de sachets sortiront de l’atelier. L’entreprise gersoise est en train d’élargir sa zone commerciale hors d’Europe depuis trois ans en allant vers l’Asie, au Japon, en Inde, au Moyen-Orient... Une filiale a été ouverte en Afrique du Sud il y a deux ans avec un partenaire qui produit une quinzaine de millions de tonnes.
Chiffres clés :
Effectif : 140 salariés
Chiffre d’affaires : 39M€ dont 90% à l’export
15M€ d’investissement
Agriculture durable : réduire les apports avec le guidage par GPS
Depuis 7 ans sur son propre champ, Michael Ehmann teste une nouvelle méthode de travail du sol en implantant après la récolte du maïs à éclater, une interculture légumineuse captant l’azote pour le fixer dans le sol tout en limitant son érosion. Pour ce projet Green Tillage, Nataïs a conçu avec la société Horsch un outil de travail au sol en bande et un semoir, guidés par GPS. Le tracteur-robot travaille avec une précision de 2 à 3 cm. L’apport d’azote est réduit de 50% en redynamisant naturellement le sol. Les premiers tests chez des agriculteurs partenaires volontaires démarrent.
Article diffusé par JL Bénédini le 01/09/2014