ANALYSE SENSORIELLE : Des nez électroniques grand public pour monitorer sa santé, évaluer ce qu’on mange ou respire…


 

Concepteur et fabricant du nez, langue et œil électroniques, Alpha Mos a pris position il y a 4 ans sur les marchés de la sécurité et qualité en matière d’alimentation et d’air. « Nous intervenons désormais au plus près de l’échantillon, là où se prend la décision » précise Jean-Christophe Mifsud, PDG. Pour se rapprocher du consommateur, la PME s’est dotée d’expertises complémentaires en intégrant en 2009 une société coréenne. L’objectif est que chacun puisse évaluer via une application smartphone ce qu’il respire, mange… mais aussi sa propre santé via un test d’haleine par exemple !

La création en janvier dernier de la filiale Boyd Sense à San Francisco permettra d’offrir au grand public ce type de services par l’intermédiaire d’un bracelet ou du téléphone mobile. Et la tendance à se monitorer, à surveiller sa condition physique n’en est qu’à ses débuts avec l’explosion des objets connectés. En parallèle, Alpha Mos met au point des solutions pour les professionnels de santé tels les médecins généralistes qui munis d’instruments de mesure non invasifs pourront pré-diagnostiquer certaines pathologies (cancers de la gorge, cancer du poumon, maladie de crohn, ulcère de l’estomac….). « C’est un tournant dans l’analyse médicale, on va identifier en temps réel des risques, au domicile même du malade ou en visite chez le praticien » met en avant Jean-Christophe Mifsud en évoquant le champ de la télémédecine. L’analyse sensorielle avec l’œil, le nez ou la langue électroniques facilitera le diagnostic à distance (à réaliser soi-même ou par un médecin).

Le nez électronique a aussi des débouchés dans l’électroménager. La filiale américaine et le siège toulousain se sont attelés au sujet avec des systèmes de suivi d’odeurs dans les frigos, de suivi de cuisson dans les fours (projet en cours avec Seb).

Concernant la R&D, la société est partie prenante avec Sigfox du projet Object’s World labellisé par Aerospace Valley et soutenu par le FUI. Ce programme de 20 M€ subventionné à hauteur de 11 M€, vise à réaliser de l’analyse environnementale communicante à partir de capteurs de gaz  assortis de l’envoi d’informations transitant par le réseau cellulaire bas débit de l’opérateur toulousain.

En interne, la recherche sur l’analyse sensorielle (gaz, nez, langue…) se poursuit tout comme sont privilégiés les travaux sur la miniaturisation des capteurs (partenariat avec le Laas).

Sur le plan commercial, l’international génère 96% du chiffre d’affaires. En Asie, les ventes ont considérablement augmenté, la Chine et le Japon alimentant l’activité à hauteur de 55%. Aux USA, une base forte a été établie si bien que la destination représente désormais 20% du CA. En Europe, l’Allemagne reste un client majeur en matière de nez électroniques appliqués à la sécurité alimentaire.

Avec les nouveaux services grand public et ceux dédiés à la e-santé, Alpha Mos amorce un nouveau virage avec des applications de masse à visée mondiale.


Emma Bao
Diffusé le 29-05-2015
 

A retenir aussi

-Effectif : 70 personnes

-CA 2014 : 7,2 M€, prévisionnel 2015 : 9 à 10 M€

-Le nez électronique représente 70% des ventes (70% de nos informations sensorielles proviennent du nez). La langue génère 20% du CA et l’œil 10%

Encadré 2

Le retour à la profitabilité

Au plus fort de la tourmente, le chiffre d’affaires d’Alpha Mos a reculé de 20%, un retrait tout relatif compte tenu du contexte. De 4 M€ avant le plan de continuation de 2013, la valorisation de la PME est passée à 22 M€. « Nous sommes revenus à l’équilibre financier, notre CA a augmenté de 24% sur les trois derniers mois de 2014 » souligne Jean-Christophe Mifsud. Après la réduction des effectifs au plus profond de la crise, un nouveau responsable de la R&D a été recruté, la nomination d’un nouveau directeur général est en cours. La société s’est rapidement redressée avec l’arrivée dans le capital du groupe DMS basé à Montpellier (1). Avec son soutien,  celui des actionnaires historiques et celui du public, 7,3 M€ ont été mobilisés. De quoi renouer avec la profitabilité, lancer de nouveaux produits et accélérer la montée en puissance commerciale.

(1) : Des efforts très importants sur un programme de R&D abandonné depuis (Projet Perseides avec la DGA), une première augmentation de capital sans suite ont fait basculer l’entreprise dans le rouge sur l’exercice 2012-2013.

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