Midi-Pyrénées emploie 12 000 personnes dans le secteur spatial, soit la moitié des effectifs français et le quart des salariés européens. Si la région est reconnue comme une place forte internationale en matière d’infrastructures (satellites de télécommunications, observation de la terre et de l’univers…) elle n’est pas suffisamment visible ni structurée dans le domaine des applications spatiales.
Beaucoup de travail a été accompli depuis une dizaine d’années (création de l’association Cecile regroupant les PME, appels à projets sur la thématique, expériences pilotes, Schéma spatial régional, lancement du club Galaxie, plateforme Guide, Toulouse Space Show…) mais ce n’est pas suffisant face aux enjeux économiques et à une concurrence mondiale accrue. La région doit tirer parti de ses atouts (1700 emplois liés à la navigation par satellites, pôles d’excellence en imagerie, altimétrie, sondages météo, recherche et secours, télécoms…) et recueillir les fruits d’une croissance annoncée. « Un euro investi dans les infrastructures génère 7 à 10 euros de retombées dans les applications ! » rappelle Bernard Plano, président de Midi-Pyrénées Expansion et très impliqué dans le développement des applications, une activité qu’il connaît bien de par son parcours professionnel.
Pour enclencher la vitesse supérieure, l’ensemble des acteurs publics et privés participant au Plan spatial régional ont élaboré un Schéma directeur des applications spatiales (SDAS). Ce projet piloté par MPE englobe aussi la mise en place d’un Institut des applications spatiales (IAS) prévu fin 2013. Le Gifas a labellisé ce plan d’action, fruit d’une dynamique collective.
Les majors du spatial avec Thales Alenia Space et Astrium, le Cnes, les PME, le groupement Cecile, l’Etat, la Région, les collectivités locales ont bâti une stratégie originale, centrée sur le transfert aux territoires d’applications génératrices d’emplois, d’intérêt général et valorisant un savoir-faire capitalisable en France et à l’exportation. De quoi ériger une vitrine des compétences régionales avec des services sur étagère, présentées en situation réelle de fonctionnement. « Notre rôle sera d’assembler les briques existantes pour faire des offres cohérentes, de généraliser des usages en liaison avec des besoins, de constituer un patrimoine de démonstrations propice au business et aux échanges commerciaux » résume Bernard Plano.
Le SDAS comporte plusieurs volets dont un catalogue des applications existantes avec leurs apports, une action de sensibilisation des utilisateurs et des prescripteurs, le déploiement d’applications pilotes sur 4 territoires. Le tout sera pérennisé avec l’établissement de l’IAS.
Opportunité de revitalisation pour Decazeville, ce bassin urbain et semi-rural accueillera plusieurs démonstrations témoins. Les premiers échanges avec les utilisateurs ont fait ressortir des besoins prioritaires comme l’analyse des sous-sols et les mouvements de terrain, la prévention des risques naturels liés aux crues du Lot, l’optimisation de la flotte de ramassage des ordures ménagères, la e-santé et le maintien à domicile.
Sur l’agglomération toulousaine avec l’engagement de Toulouse Métropole et le Sicoval seront traitées des problématiques urbaines comme le trafic, la mobilité, le développement durable, l’aménagement des espaces économiques et de vie…Sur Saint-Laurent-de-Neste, site piémont montagne, les ressources naturelles dont l’eau et la forêt, les dangers de la montagne, la santé avec la désertification médicale…font partie des thématiques d’intérêt.
Concernant les applications maritimes, elles seront mises en avant sur les Pyrénées-Atlantiques et la côte basque. « Nous aiderons les territoires à définir les cahiers des charges pour procéder aux consultations » précise Nicolas Schaeffer, directeur de MPE en évoquant également l’animation, la mise en relation des acteurs offreurs et exploitants de services. In fine, les applications déployées seront évaluées au regard de leur pertinence économique.
Quant à l’IAS, ses missions sont multiples. Il aura vocation à organiser et structurer une offre régionale avec des bouquets de services. Cet établissement favorisera la mutualisation des ressources et le développement de courants d’affaires à l’international. L’Institut dispensera de la formation, interviendra dans le marketing des savoir-faire régionaux…Cette structure devra s’autofinancer, aussi une étude est en cours pour définir un modèle économique viable avec un business plan précis. Une réflexion est engagée sur le statut juridique et la gouvernance de l’IAS.
Outil d’aménagement du territoire, le Schéma régional des applications spatiales va entrer en phase opérationnelle pour faire de Midi-Pyrénées un comptoir commercial incontournable en matière de services satellitaires.
Emma Bao
Diffusé le 5 février 2013
Encadré
Aerospace Valley mobilisé sur l’ESA Business Innovation Center Sud France
L’ESA a installé 7 Business Innovation Center, des incubateurs pour les applications spatiales dont 6 sur l’Europe du Nord et 1 en Italie. Compte tenu du potentiel de la France en matière spatiale, un ESA BIC Sud France est en projet. Il répond à la demande exprimée par les 3 régions, Midi-Pyrénées, Aquitaine et PACA, sous l’impulsion des pôles de compétitivité Aerospace Valley et Pégase. Le Centre spatial de Toulouse est aussi très impliquée dans le projet. Tout l’écosystème du grand sud sera mobilisé pour favoriser la création d’entreprises innovantes. Afin d’animer cet écosystème, Aerospace Valley a organisé un appel d’offres. Le montage du projet ESA BIC Sud France est prévu au 1er semestre 2013 pour un démarrage opérationnel à la rentrée.