Après une reprise modérée en 2021, la filière aérospatiale du Grand Sud-Ouest, englobant la Nouvelle-Aquitaine et l'Occitanie, a connu une accélération significative en 2022 selon une étude dévoilée par l'Insee. Malgré cette dynamique positive, des défis persistants tels que les tensions sur le coût des matières premières et le manque de main-d'œuvre impactent l'ensemble de la filière.
En 2022, dans le grand Sud-Ouest, qui regroupe l’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine, 1 760 établissements relevant de 1 310 entreprises consacrent tout ou partie de leur activité à la filière aérospatiale. (Photo : Airbus SAS)
Après une année de reprise économique en 2021, la filière aérospatiale du grand Sud-Ouest a démontré une vigueur accrue en 2022, avec des indicateurs économiques en hausse. Les données fournies par l’Insee révèlent une croissance significative dans l'aéronautique, tandis que le spatial fait face à des défis.
Aéronautique en tête, spatial en repli
La filière aérospatiale englobant la Nouvelle-Aquitaine et l'Occitanie enregistre une croissance remarquable de 18 % du chiffre d'affaires lié aux activités aérospatiales en 2022, marquant une nette accélération par rapport à la hausse de 6 % enregistrée l'année précédente. Cependant, cette performance diverge entre l'aéronautique et le spatial.
L'aéronautique connaît une accélération substantielle, avec une augmentation du chiffre d'affaires de 19,7 % par rapport à 2021. Cette croissance concerne l'ensemble des services tertiaires et la plupart des secteurs industriels, à l'exception des activités de maintenance. La métallurgie affiche une hausse significative de 31,5 %, tandis que la construction aéronautique progresse de manière notable (+20,8 %), portée par l'augmentation du carnet de commandes des avionneurs.
En revanche, le secteur spatial marque le pas avec une croissance plus modérée de 1,5 % en 2022, après une hausse de 6 % en 2021. La construction spatiale enregistre même un repli de 2,8 %, principalement attribué aux retards dans le développement d'Ariane 6 et à l'échec du premier vol commercial de la fusée Vega-C en décembre.
Tensions sur le coût des matières premières
Malgré cette reprise dynamique, la filière aérospatiale du Grand Sud-Ouest doit faire face à des défis persistants qui entravent la pleine expansion de ses activités. La flambée des prix des matières premières, y compris l'énergie, touche plus de la moitié des entreprises de l'industrie aérospatiale. Ces surcoûts représentent l'un des principaux freins à l'activité pour plus de la moitié des entreprises, soulignant la pression financière exercée sur l'ensemble de la filière.
Trois entreprises sur cinq sont confrontées à un manque de main-d'œuvre, touchant toutes les catégories d'entreprises, du tertiaire à l'industrie. La difficulté de recrutement est omniprésente, avec 86 % des entreprises signalant des problèmes en 2023, contre 78 % en 2022. Les entreprises de la construction aéronautique et spatiale s'en sortent relativement mieux, avec 77 % d'entre elles confrontées à des problèmes de recrutement.
Une croissance généralisée malgré des disparités
La création d'emplois dans la filière aérospatiale du Grand Sud-Ouest demeure un aspect positif, malgré des disparités entre les différents territoires. Les effectifs dédiés à la filière aérospatiale augmentent de 4,5 % en 2022, générant 4 900 emplois supplémentaires. La croissance de l'emploi est observée dans tous les secteurs, avec une augmentation notable dans la métallurgie (+6,3 %) et la construction aéronautique et spatiale (+4,4 %), cette dernière contribuant à hauteur de 44 % des emplois créés.
Certains territoires affichent une croissance plus prononcée de l'emploi dédié à l'aérospatial. Toulouse (Haute-Garonne), en tant que premier pôle d'implantation avec 61 % des emplois dédiés en 2022, enregistre une progression de 4,3 %. Bordeaux (Gironde), deuxième zone d'implantation avec 11 % des effectifs dédiés, affiche une hausse de 4,5 %. La zone de Tarbes/Lourdes (Hautes-Pyrénées) connaît un rebond significatif de 9 %, stimulé par la reprise chez le constructeur Daher Aerospace.
Tensions financières et besoin de recrutement
Les perspectives pour l'année 2024 s'accompagnent de défis croissants, notamment sur le plan financier et du recrutement. Les chefs d'entreprise soulignent des difficultés financières croissantes, mettant en garde contre les défis liés au remboursement des PGE Covid et à la nécessité de financer la croissance industrielle.
Malgré les difficultés, les entreprises prévoient de maintenir le rythme des recrutements en 2023. Les besoins en main-d'œuvre restent élevés, et le recours aux intérimaires devrait se poursuivre, principalement dans les secteurs de la construction aéronautique et spatiale. Toutefois, les difficultés de recrutement croissantes soulignent l'urgence d'adresser les problèmes liés à l'absence de candidats qualifiés et à la concurrence accrue entre les entreprises du même bassin d'emploi.
En conclusion de ce rapport, Bruno Darboux, président d'Aerospace Valley, a souligné l'importance des défis actuels dans un contexte de croissance économique. Il met en évidence un enjeu crucial qui a émergé au cours de l'année 2023 :
« Les entreprises industrielles font face principalement à des obstacles financiers. Cette dimension financière montre des signes de tensions significatives, amplifiées par le remboursement des Prêts Garantis par l'État (PGE) liés à la pandémie de Covid-19. Les entreprises se trouvent confrontées à la nécessité d'alimenter leur fonds de roulement pour soutenir la croissance industrielle, englobant le financement des stocks, des approvisionnements et les investissements nécessaires pour augmenter les cadences de production. La situation de trésorerie des entreprises ainsi que leur rentabilité doivent désormais être scrutées attentivement pour assurer une gestion financière adéquate dans ce contexte évolutif. »
Le rapport complet de l'Insee se trouve ici.
