A Pamiers, au coeur de l'Ariège, les Forges de Niaux est un acteur mondialement connu dans un marché de niche : la fabrication de disques en acier pour machines et semoirs agricoles. Reportage.
Laurent Pineda, directeur général de Forges de Niaux, à Pamiers (Ariège), ambitionne de produire deux millions de disques en 2024. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)
L'Occitanie recèle de nombreux acteurs de taille mondiale. Derrière les géants comme Airbus, Pierre Fabre ou Altrad, des entreprises ont réussi à se tailler une belle réputation dans des secteurs souvent qualifiés de niches. Alors que les enjeux de l'agriculture sont (enfin) à la une avec les différents mouvements des agriculteurs et le célèbre salon parisien, notre région est bien placée dans le machinisme et la fabrication de disques en acier, pièces essentielles pour les tracteurs. Forges de Niaux, en plein coeur de l'Ariège, créé en 1881, se situe dans ce marché concurrentiel international. "Nous sommes une entreprise de longue date, avec des débuts dans la forge traditionnelle dans la vallée de Vicdessos !", rappelle Laurent Pineda, directeur général des Forges de Niaux et entré dans la société en 2000 comme directeur technique.
Un nouveau site à 15 millions d'euros
Mais il a fallu passer par la case déménagement pour se développer, robotiser les process, se rapprocher de ses clients et augmenter la surface. Après un déménagement à Pamiers en 2019, Forges de Niaux vient de s'implanter au coeur de la dynamique zone économique de Gabriélat, qui vient de s'étendre de 12 ha supplémentaires de surface. Un investissement de 15 millions d'euros qui a été soutenu par France Relance, l'Ademe, la Région Occitanie, la Communauté de Communes Portes Ariège Pyrénées et le Conseil Départemental de l'Ariège pour le projet immobilier.
Une usine 4.0
C'est ici que se joue l'avenir de Forges de Niaux et que le groupe a construit une usine ultra moderne 4.0, qui livre des pièces pour des acteurs agricoles de premier plan comme John Deere et Kubota. "Nous livrons des disques, du petit jusqu'au labour, pour une gamme de machines premium. Les Etats-Unis et le Canada représentent 50% du chiffre d'affaires, l'Europe 30%, l'Asie 8 à 10% et le reste est diffus sur d'autres territoires du globe. Le disque est une technologie appréciée, et cela a commencé dans les années 1940 aux Etats-Unis pour trouver une solution à l'érosion des sols. L'autre avantage du disque, c'est qu'il est plus rapide et moins consommateur de carburant", poursuit Laurent Pineda.
Robotisation et culture numérique
La robotisation est au coeur du procédé industriel de Forges de Niaux, qui a pris une certaine longueur d'avance en la matière avec des robots de nouvelle génération à la précision diabolique et aux cadences infernales. Depuis l'entrée dans l’usine d'un premier robot en test en 2008, la culture robotique du groupe a véritablement enclenché sa mue en 2010 et engendre des produits plus élaborés et plus résistants, avec une hausse de la durée de vie comprise entre 40 et 70%.
Le directeur général ariégeois précise :
"Les machines communiquent entre elles et travaillent 7 jours/7, 24h/24. Nous avons des équipes d'engineering sur les technologies numériques. Quatre personnes travaillent et forment des personnes dans ce service. Nous avons été totalement autodidactes pour construire notre propre culture numérique. Et cette robotisation est un atout dans le recrutement et contre la pénibilité".
Le nouveau site appaméen doit permettre à l'entreprise d'assurer sa transition numérique - c'est largement en cours - mais aussi énergétique, annonçant un gain de 40% de consommation.
La stratégie future du groupe
Sur la stratégie, Forges de Niaux entend rester concentrer sur ses points forts, les disques pour le machinisme agricole, augmenter les volumes de production et mieux accompagner ses clients internationaux, et non se projeter dans d'autres domaines.
L'entreprise, qui prévoit de fabriquer deux millions de disques en 2024, soit le double de la production actuelle - "le site est taillé pour ce volume", précise Laurent Pineda -, ambitionne d'atteindre les 35 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2027 (pour un résultat de 24 millions d'euros en 2023) et un effectif de 90 salariés. "D'ici 2026, nous prévoyons quatre millions d'euros d'investissements complémentaires sur les outils industriels. Nous avons passé un cap dans un secteur qui a un bel avenir", conclut Laurent Pineda.