La mobilité propre avance mais certainement pas encore assez vite d’après la plupart des entreprises et acteurs publics qui ont participé à la 3ème Convention du cluster Automotech le 6 juin dernier à Toulouse. Nous n’avons pas de grands constructeurs de véhicules dans la région, mais la filière automotech rassemble près de 40 000 salariés tant dans l’industrie, la R & D que l’ingénierie systèmes et les services, l’énergie décarbonée associant biomasse, hydraulique et production d’hydrogène, soit quasi toute la chaine de valeur lançait Jean-Luc Maté, l’ingénieur de Continental à l’origine de ce Cluster. Il s’imbrique naturellement dans tous les projets de Smart City.
Les contraintes budgétaires et l’appétence moyenne pour l’innovation toujours risquée freinent les initiatives des pouvoirs publics locaux. Elles sont pourtant indispensables dans l’émergence des nouvelles technologies portées par les sociétés françaises. Toulouse mise beaucoup sur sa 3ème ligne de métro « Toulouse Aerospace Express » et l’intermodalité pour absorber les 500 000 déplacements supplémentaires prévus d’ici 10 ans soit l’équivalent du trafic de la rocade. « Nous essayons de rationaliser au maximum nos moyens, de diminuer les consommations de nos bus, de prédire leurs pannes avec l’aide d’Actia, de développer les applications vers l’information du voyageur, le covoiturage » expliquait Alexandre Blaquière, directeur des investissements chez Tisséo-SMTC. 25 bus hybrides Heuliez viennent d’être commandés. Bordeaux a déployé 3 lignes de tram, le service d’autopartage de véhicules électriques de Bolloré. Barcelone a poussé largement l’électromobilité en décidant d’acquérir 132 autobus hybrides (chinois). 600 points de recharge sont en service mais peu utilisés au final par le public, 1% par jour. 30% de la flotte dédiée au ramassage des ordures est électrique. « Avec leur faible autonomie les VE actuels sont mal adaptés aux taxis et aux transports de marchandise qui roulent jusqu’à 16H/jour » indiquait Francisco Gonzales Balmas, le directeur technique Autobus de Barcelone. La recharge rapide à 50 kW en moins de 30 mn est envisagée. Ces trois villes ont bien sûr misé sur le vélo voire le vélo électrique à Barcelone et bientôt à Bordeaux. Les transports en commun mobilisent l’essentiel des budgets des collectivités locales. Pour aller vers des villes intelligentes, les infrastructures doivent aussi évoluer. La filiale d’EDF, Citelum, a développé avec une startup de Labège, Kawantech, des luminaires intelligents qui détectent la présence humaine grâce à un algorithme de détection des formes, pour moduler la puissance de l’éclairage de manière autonome. Les luminaires sont en test à Toulouse. Autre exemple, le groupe Sterela qui a développé toute une offre autour de la smart city avec des compteurs intelligents de flux, la gestion des feux, des abris-publicitaires économes. Sa filiale noval a installé des stations de vélos au Chili, à Milan, à Mexico…. « Mon ambition c’est de proposer le savoir-faire système dans l’automotech que nous avons en région à l’international » relatait Sébastien Kulak, ex-responsable d’Hellem, le constructeur gersois de véhicules électriques.
Businova : le bus hybride au Canada après Albi ?
Un bus hybride Businova s’apprête à entrer en service sur le réseau de Tisséo après un démarrage commercial sur le réseau de Gaillac puis d’Albi. Un 4ème roule en essai chez différents clients. « Les autorités publiques du transport en France sont pour l’instant très attentistes. Nous avons une vingtaine d’intentions de commande au Canada. Nous espérons bien conclure avec une grande collectivité française » relatait Vincent Lemaire, le pdg de Safra, constructeur de ce bus hybride à Albi. La concurrence vient principalement de Chine avec déjà des parcs installés de plusieurs centaines de bus électriques. Barcelone vient d’opter pour le chinois BYD. Businova est facturé près de 400 K€ pour sa version 10,5 m, une version de 12 m est annoncée pour une centaine de passagers.
Groupe Cahors : 200 bornes de recharge avant la fin 2015
Le groupe Cahors, spécialiste des équipements électriques, fournira les 200 bornes de recharge rapide de 50 Kw en moins de 30 mn qui doivent être déployées sur le réseau autoroutier français avant la fin 2015 (projet Corri-Door ). «Ces recharges sont installées sur les aires des stations-service. On pourra avec une Zoé effectuer de longs trajets » indiquait Didier Beaulieu, responsable Avant-Projets du groupe Cahors. Sur Toulouse, les 7 bornes de recharge rapide fournies par Cahors intègrent une batterie limitant les appels de puissance, adaptée au réseau local en bénéficiant des tarifs bleus. La filière bouge. Le Groupe Bolloré va déployer 16 000 points de charge avec des bornes de 7.4 kW sur 4 ans dans toute la France. Les Syndicats de l’électricité partout en France et dans la région avec l’Ademe ont annoncé des déploiements massifs.
Des solutions connectées pour mieux conduire
La voiture autonome va devenir une réalité de plus en plus concrète dans nos rues expliquait cet ingénieur de Continental. En attendant il y a déjà toute une série de solutions numériques opérationnelles mises en œuvre par des sociétés régionales. Actia propose des solutions, pour améliorer le comportement, diminuer l’accidentologie, le confort des conducteurs et passagers, des services de maintien en condition opérationnelle et de prédiction des pannes, utilisées entre autres à Bordeaux, Strasbourg, bientôt à Toulouse...Synox a développé pour les conducteurs de voitures la solution d’éco conduite So-Fleet avec un boitier de diagnostic. Le covoiturage avec Coovia, l’autopartage avec Citiz, font partie du paysage.
Eclairage intelligent : projet mondial à Toulouse
Avec le projet Hi’Light, l’idée est de piloter automatiquement la puissance et l’orientation de la lumière du luminaire public. Il rassemble huit entreprises, start-up et laboratoires de recherche sur Toulouse et Grenoble : Citelum (groupe EDF), le SHHD de l’Université Paul Sabatier de Toulouse, Kawantech, Comatelec-Schréder, la Ville de Toulouse, Irlynx, le CEA-Leti, FM Lighthouse, et BEST Electronique. Composé de capteurs spécifiques et de modules de gestion de puissance des LED, regroupés sur un seul composant électronique, Hi’Light fonctionnera selon les périodes de la nuit, détectant la forme des objets de la rue et le type de mouvement et modulant la puissance de la lumière à projeter ainsi que l’orientation du faisceau lumineux. « Nous réaliseront près de 90% d’économie d’énergie avec un retour sur investissement de 5 à 6 ans » indiquait Alain Ruinier, chef d’agence Midi-Pyrénées de Citelum.
Article diffusé le 01/09/2015 par Jean Luc Bénédini