L'Insa deviendra le plus gros centre de R & D en biotechnologies industrielles en Europe
En 2020, l’Insa Toulouse (1) accueillera le 1er pôle européen en biotechnologies et procédés industriels dédié au carbone renouvelable déployé sur 15 000 m2 avec l’arrivée de Toulouse White Technologie (TWB), le démonstrateur prés-industriel. L’idée est d’entraîner une dynamique public-privé avec la formation, la R & D fondamentale, la valorisation-transfert des technologies et les entreprises.
Aujourd’hui il manque un maillon de la chaîne à l’Insa. Les paillasses et les équipements de TWB sont installés depuis juin 2016 provisoirement sur le Parc de Ramonville. Dans trois ans, tous les acteurs seront physiquement réunis avec une fluidité maximale.
A la base, la filière de formation des ingénieurs Insa en biotechnologies et procédés industriels diplôme une centaine d’ingénieurs par an. Le 1er étage de la fusée c’est le Laboratoire d’ingénierie des systèmes biologiques et des procédés (LISPB) géré par l’Insa qui fournit la matière première fondamentale. «Avec 39% de réussite aux appels à projet de l’ANR, l’Agence nationale de la recherche contre 12 à 15% de moyenne nationale, c’est une vraie réussite qui illustre son potentiel et aussi l’adéquation des orientations du LISPB avec les priorités de l’ANR » indique Bertrand Raquet, le directeur de l’Insa. Début février 2017 démarre le projet de déconstruction reconstruction des locaux du LISPB qui seront livrés fin 2019 pour un budget total de 22 M€.
Le second étage c’est le Crt/Critt Bio-industries qui apporte son expertise dans les procédés de purification.
Au cœur du système, il y a TWB, une Unité mixte de service (UMS) gérée par l’Inra, sous la triple tutelle Inra/Insa/Cnrs. Lancée en 2011 par Pierre Monsan son directeur, cette structure assure l’interface entre les équipes du LISBP, les industriels et les investisseurs, en fournissant des démonstrateurs préindustriels, en gérant les projets et la propriété industrielle. Une alliance public privé qui depuis 2012 a signé 19,5 M€ de contrats avec l’industrie. Les fonds proviennent des Fonds d’investissement d’avenir et du privé. 45 partenaires membres du consortium dont une trentaine d’industriels cotisent. Après 4 ans d’exécution, TWB aligne 15 brevets avec 80 collaborateurs.
Fin 2019 début 2020, TWB s’installera sur 3500 m2 (contre 1400 m2 aujourd’hui) dans l’actuel bâtiment administratif de l’Insa qui sera réaménagé avec une extension de 2000 m2. 60% sont dédiés aux démonstrateurs et 40% pour accueillir des entreprises. Cet investissement de 6,5 M€ est financé par le CPER et le plan Campus, les travaux s’étaleront sur 2018-2019 avec une maîtrise d’ouvrage de l’Insa. Le départ du CEA Tech fin 2017 libérera de l’espace pour installer la gestion administrative de l’Insa qui mobilisera 1,2 M€ financés sur fonds propres par l’établissement.
Pour accompagner la montée en puissance des biotechnologies industrielles sur le site, l’Insa, le Cnrs et l’Inra, les trois organismes de tutelle discutent sur la tête de pont qui pilotera cette filière.
« L’idée c’est d’avoir une cohérence globale du projet valorisant les biotechnologies et procédés développés à Toulouse avec une visibilité internationale ».
(1) Insa Toulouse : 3000 étudiants, 500 ingénieurs diplômés/an, 8 spécialités, 60 docteurs/an, 650 salariés.
Deux projets en cours :
Capture du CO2 par des levures
Première startup issue de la R & D de TWB installée dans ses locaux, EnobraQ, développe une levure capable d’utiliser le CO2 (atmosphérique ou d’une autre origine) et de le transformer en molécules d’intérêt pour l’industrie chimique. Créée en novembre 2015, elle a levé 2,9 M€ de fonds auprès de Sofinnova Partners (1,3 M€), IRDInov , Auriga Partners et CEA investissement. Elle emploie 18 salariés, présidée par Leopold Demiddeleer : « EnobraQ apporte une réponse unique et innovante pour lutter contre le réchauffement climatique en nourrissant des levures issues de sa technologie avec du C02 et de l’hydrogène décarboné pour opérer des synthèses chimiques sur mesure à une taille industrielle».
Rendre biodégradables les plastiques
Le 1er septembre 2016, la société Carbios annonçait le démarrage opérationnel de Carbiolice, un procédé permettant en incorporant des enzymes dans les plastiques, de les dégrader en molécules de base assimilables par les micro-organismes de l’environnement en quelques mois. Les équipes du LISBP et du CRT/CRITT Bio-industries de l’Insa Toulouse ont largement contribué à l’innovation dans le cadre du projet Thanaplast (22 M€ sur 5 ans) de Carbios. La joint-venture Carbiolice associe Carbios, Limagrain Céréales Ingrédients, 3ème groupe semencier mondial, et Bpifrance. « Ce challenge a été relevé grâce à la rencontre de deux mondes, celui des enzymes au LISBP et de la plasturgie chez Carbios » commente Alain Marty, le directeur scientifique de Carbiios et professeur de l’Insa Toulouse en détachement. Le contrat Thanaplast, signé avec l’Inra, co-financé par Bpifrance, est géré par TWB. Carbiolice cible les marchés des sacs et de la sacherie dont la consommation mondiale est estimée entre 500 000 milliards et 1 000 000 milliards d’unités et les films de paillage agricole.
Les partenariats publics privés de TWB
Plusieurs types de partenariats publics privés sont gérés par TWB.
Les projets de recherche dits «précompétitifs » à forts potentiels les plus risqués sont autofinancés par TWB grâce aux cotisations des adhérents. Arrivés à maturité, ils sont proposés aux partenaires du consortium qui peuvent en priorité investir dans ces recherches et les accompagner jusqu’au stade préindustriel. Issus d’un appel à projets lancé chaque année destiné aux chercheurs académiques, ils sont sélectionnés par les partenaires du consortium de TWB. Ici la propriété industrielle appartient au public.
Les projets moins risqués « compétitifs » sont financés à 100% par les industriels qui utilisent les plateaux techniques et les expertises de TWB et des labos. Les projets intermédiaires sont financés sur fonds publics et privés.
Jean Luc Bénédini