Sébastien Cocq, directeur Centre d'Affaires Entreprises chez Banque Courtois - Groupe Crédit du Nord, et Caroline Tourrel, responsable des marchés professionnels, entreprise, agriculture & institutionnel au sein de Banque Populaire Occitane, sont interrogés par la commission stratégie, finance et relance du Medef 31. François Bourgoin, directeur associé chez KPMG, synthétise leurs réponses.
Quel sera le bilan de votre activité pour l’année 2022 ?
Sebastien Cocq : 2022 sera un très bon exercice pour le marché entreprise de la Banque Courtois. Il est porté par un excellent premier semestre, sans que les craintes d’une « rentrée à l’arrêt » ne se soient concrétisées. Les volume de crédits aux entreprises auront enregistré une croissance à deux chiffres.
Caroline Tourrel : Pour la BPOC, c’est une très belle année de production de crédits aux entreprises qui s’annonce. A fin 08/22, notre production de crédits a augmenté de +7% par rapport à 08/2021 et nous continuons à accompagner très largement nos clients sur notre territoire.
Le contexte actuel vous amène-t-il à analyser les dossiers différemment ?
CT : Le contexte économique est chahuté en cette année 2022 avec le retour de l’inflation comme un phénomène durable et non transitoire, la crise énergétique, la pénurie de certaines matières premières, les problèmes liés aux ressources humaines. Ce contexte pèse sur le moral de nos chefs d’entreprise.
Mais ce qui compte aujourd’hui dans la résilience d’une entreprise c’est l’agilité, la vision et la stratégie du chef d’entreprise, points essentiels dans nos analyses. Notre rôle en tant que banquier et partenaire de l’entreprise, c’est d’être apporteur de solutions.
Nous notons que certains secteurs d’activité sont très résilients notamment ceux en amont de la chaîne de production. D’autres secteurs sont beaucoup plus impactés et doivent très largement modifier leur business model.
SC : Certains secteurs d’activité sont porteurs, d’autres sont plus nettement impactés du fait du contexte inflationniste et des pénuries (avec la main-d’œuvre qui reste souvent la première préoccupation). La capacité à s’adapter associée à une vision stratégique affirmée deviennent clés, le banquier à un vrai rôle à jouer aux cotés de ses clients dans l’analyse et la recherche de solutions. Dans un contexte de bilans souvent alourdis par la dette (PGE notamment), les plans de financements doivent s’aménager, nous nous attachons à accompagner nos clients dans ces réflexions. La bonne connaissance de nos clients et de leurs modèles est plus que jamais fondamentale.
L’accès au crédit est-il plus difficile ?
SC : Dans les faits, le marché bancaire est concurrentiel et le nombre de refus de financement reste marginal. Les groupes bancaires français sont solides et structurés. La création très prochaine de SG Courtois en Occitanie, porte cette ambition affirmée d’accompagnement et de financement de l’économie locale grâce à des moyens significatifs investis en région.
CT : L’accès au crédit n’est pas plus difficile. L’analyse qualitative du dossier reste prépondérante et la relation de confiance entre la banque et le chef d’entreprise reste un élément clé. La BPOC a par ailleurs un bilan solide lui permettant de continuer à accompagner ses clients dans la distribution de crédits.
Quelles sont vos prévisions pour 2023 ?
SC : Il est trop tôt pour se prononcer mais il n’y a pas de signes avancés d'alerte à ce jour. En revanche, nous assistons à une reprise de la sinistralité depuis le printemps, elle reste sur des niveaux inférieurs à l’avant crise COVID. L'inquiétude des chefs d'entreprise est quant à elle réelle.
Avec l’évolution marquée des taux, les frais financiers redeviennent « un poste à considérer et à piloter ». Associés au contexte d’inflation et d’incertitude décrit, les projets doivent parfois être aménagés (redimensionnement, échelonnement…) avec des marges de sécurité à intégrer dans les BP. Là aussi, nous avons un rôle important d’accompagnement de nos clients.
La RSE s’invite comme une démarche de fond en conseil et accompagnement en financement bancaire et aussi comme une attention d’urgence en risque pour les secteurs fortement exposés aux prix de l’énergie qui devront accélérer leur transition.
CT : Il est difficile aujourd’hui d’anticiper quoi que ce soit. Les chocs exogènes sont de plus en plus nombreux, imprévisibles et s’enchaînent très rapidement.
Les dispositifs de PGE ont permis aux entreprises de passer la période de la crise sanitaire, évènement inédit, et le nombre de défaillances d’entreprises reste faibles aujourd’hui malgré le remboursement des PGE qui a débuté.