BATIMENT : La Maison Intelligente de Blagnac, se préfigurent le logement et les dispositifs idéaux pour le maintien à domicile et la e-santé

 

 

Inaugurée en 2010, la Maison Intelligente de Blagnac implantée sur le campus de l’IUT, a été une des premières plateformes de ce type en France servant à expérimenter en situation réelle, des dispositifs de e-santé et de maintien à domicile. Cette infrastructure facilite le déploiement de technologies et applications domotiques, fruits d’une R&D privée ou de projets collaboratifs. Au sein de son bâtiment intelligent Adream, le Laas/Cnrs s’attelle à plusieurs sujets de recherche fondamentale axés sur l’énergie, la robotique, l’habitat…

Côté applicatif, la Maison Intelligente prend le relais pour valider les concepts, évaluer la faisabilité par les usages, leur intégration et acceptation. « Dans le cadre du projet SENUM (Seniors et Numérique), financé par AG2R La Mondiale, nous travaillons actuellement sur l'analyse des besoins en matière de maintien à domicile afin de proposer des solutions technologiques pour un habitat adapté aux situations de vie» souligne Eric Campo, chercheur au Laas, professeur à l’UT2 et pilote des projets scientifiques au sein de la Maison Intelligente. Les études portent sur les modalités d’interaction entre l’occupant et sa maison  pour la commande des équipements via le tactile (tablette, téléphone mobile…), la voix, le geste… Impliquée en première ligne, l'assureur, au travers de ses institutions, l’action sociale AG2R Retraite Arrco et AG2R Prévoyance, a constitué un échantillon de 150 adhérents volontaires âgés de plus de 65 ans. Une grille de questions leur est soumise pour connaître leurs attentes, recueillir des propositions d’équipements, observer les usages, afin de proposer des modèles de maison à construire. Pour se frotter à la réalité, chaque volontaire va transiter par la Maison Intelligente. A partir du lit, il va déambuler de pièce en pièce en utilisant les ressources de son choix (voix, tactile, boutons) activant différentes fonctionnalités (ouverture des volets, des portes, mise en route des appareils…) rendues facilement accessibles. Le Laas, l’Irit, UT2 sont dans la boucle. Des interfaces spécifiques aident les seniors à manipuler les commandes (touches informatives, codes couleur…). En parallèle, les capteurs font l’objet d’une nouvelle approche. Il s’agit d’implémenter des petits dispositifs sans fil (communicant par radio fréquence), éphémères dans le temps,  discrets et faciles à plugger. L’Irit en collaboration avec Snootlab développent ces modules électroniques à produire à bas coûts.

« Nous effectuons de la surveillance d’activité physique avec une perspective vers la surveillance nutritionnelle » détaille Eric Campo en évoquant la pause de capteurs sur le frigo et placards à aliments, l’usage de la tablette pour mesurer les déplacements et exercices corporels. Une attention particulière est portée à la localisation pour cerner les habitudes de séjour de la personne âgée au sein de son logement, connaître ses mouvements récurrents…le tout pour prévenir des risques.

L’apport des sciences humaines et sociales est important pour compléter l’approche médicale et technologique. Tout est mis en œuvre pour que la personne âgée ou en fragilité soit acteur de sa santé, qu’elle puisse vivre à domicile dans des conditions optimales.

 Emma Bao
Diffusé le 31 janvier 2016
 

 

Un pack semelle intelligente/balance connectée

 

 

Mise au point dans le cadre du projet Foot-Test (1) soutenu par la Direccte, la semelle intelligente destinée à détecter et suivre l’état de fragilité des personnes âgées est en cours d’évaluation dans le cadre du projet ANR RESPECT (2). Les premiers tests se sont déroulés au sein de la Maison Intelligente pour étudier la prise en main du dispositif. Ensuite, des sujets en bonne santé ont été équipés pour tester chez eux le fonctionnement, l’acceptabilité du dispositif. Cette étape a permis au passage d’améliorer la robustesse de l’électronique. 30 personnes diagnostiquées fragiles par la plateforme ad hoc du CHU, vont à présent utiliser pendant trois mois la semelle intelligente dans leur vie courante. Les 5 premières sont passées à l’action. Avec une tablette couplée à la semelle instrumentée, elles vont monitorer le nombre de pas accomplis, la distance parcourue, les exercices effectués…Le médecin traitant, l’équipe soignante… ont accès aux données et leur vitesse de marche afin de suivre les progrès ou déceler des risques.

L’autre volet concerne l’accès au marché. Avec le projet Fragile’IT (3) retenu par la Région dans le cadre de l'appel à projets Innovations 2015 - SILVERECO, une offre commerciale est à bâtir pour diffuser un pack comprenant la semelle et d’autres dispositifs tels la balance connectée. l'entreprise ACTIA pilote le projet. Serena (filiale de IMA), ViaSanté (groupe AG2R) font partie des mutuelles impliquées dans le projet aux côtés du CHU de Toulouse, du LAAS, et du prestataire de services à domicile Bouillotte et Chaudron basé en Ariège. Ce dernier pourra expérimenter en zone rurale l’usage et l’intérêt de ces produits. Tout un modèle économique est à établir pour que ces technologies puissent être industrialisées et proposées à grande échelle sachant qu’elles contribuent à la prévention des risques, réduisant ainsi les dépenses de santé.

 

(1) : programme MND Innovations 2012.

(2) : REcueil et Suivi dynamique des indicateurs de pré-dépendance des PErsonnes âgées fragiles.

(3) : Système de suivi et d’accompagnement des personnes âgées fragiles à domicile.

 

 

Des logements adaptables et évolutifs dans le temps

La Maison Intelligente de Blagnac a été sollicitée sur le projet Ilotonomie dans le quartier Andromède, un ensemble immobilier de 86 logements dont 11 villas, adaptables et évolutifs dans le temps en fonction des besoins des résidents. Ce programme lancé par Oppidea à l’initiative de la Communauté urbaine de Toulouse Métropole et la ville de Blagnac dans le cadre de la démarche Autonomie est porté par Vinci Immobilier et le bailleur social Cité Jardins (les deux en co-maîtrise d’ouvrage). « Nous avons participé à l’élaboration de l’offre remportée par Vinci qui s’est aussi appuyée sur le cabinet conseil AIDA » précise Eric Campo. Dans les principes constructifs, sont prévus des infrastructures modulaires, des systèmes sur lesquels on pourra intégrer des dispositifs médicaux, domotiques…Au cœur de ce futur quartier, sera aménagé un Living Lab de 250 m2, un lieu ouvert au public, où les habitants se formeront aux nouvelles technologies, s’informeront sur l’accessibilité aux transports ou le financement du maintien à domicile. Cette structure animée par AIDA favorisera la diffusion de dispositifs innovants, qui auront été par exemple validés au sein de la Maison Intelligente au sortir des laboratoires du Laas ou de l’Irit. 

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