BIOTECHNOLOGIES : Genoskin veut diversifier son catalogue de modèles de peaux humaines et ouvrir une filiale aux USA


Avec ses modèles de peau humaine, Genoskin propose une alternative aux tests sur animaux pour analyser la toxicité d’un produit. Autre avantage, les évaluations résultant de vrais échantillons,  gagnent en précision et fiabilité ce qui permet de mieux prédire l’efficacité ou le caractère allergène d’une crème, d’une pommade ou d’une lessive !

En fondant son entreprise de biotechnologies il y a 5 ans, Pascal Descargues a choisi un parti pris audacieux, à contre-courant de ce qui se pratiquait.

Plutôt que de reconstituer imparfaitement de la peau humaine, il a préféré valoriser les reliquats opératoires de la chirurgie plastique abdominale. A partir de cette abondante ressource (quelque 30 000 abdominoplasties/an), Genoskin réalise un produit à valeur ajoutée,  idéal pour les chercheurs et industriels. Conditionnés en petit format (8 mn), les extraits de peau (récupérés entre 24 et 48h) subissent une transformation pour une utilisation scientifique dont la durée dépasse les 7 jours.

Avec ce premier kit au monde standardisé de tissu humain (1), Genoskin a séduit de nombreux clients à l’international. Si bien que l’exportation génère 85% du chiffre d’affaires (430 000 € en 2015). Dans la liste des acheteurs, figurent les labos de R&D de l’industrie pharmaceutique suivis des donneurs d’ordres de la cosmétique et de la chimie (fabricants de détergents …). Des sociétés de biotechnologies et des laboratoires académiques passent aussi commande. Sanofi, Allergan, LEO Pharma, Yves Rocher, Unilever...font partie des références grands comptes.

Des versions de peaux pathologiques

Cette année, plusieurs projets sont menés de front en même temps qu’a été renforcée l’équipe (2). Des modèles de peaux pathologiques sont en cours de développement. La version inflammatoire est déjà en phase de validation pharmacologique. D’autres vont suivre comme le cancer du mélanome…Avec ces supports biologiques, les chercheurs pourront  mieux appréhender l’impact d’un médicament voire personnaliser le protocole de soin en travaillant sur un échantillon proche du patient. La Pme continue aussi à optimiser le modèle standard pour allonger sa durée de vie, lui intégrer d’autres paramètres.

Outre les offres complètes, le catalogue est appelé à s’enrichir avec des briques pour les makers (des SkinsTools comme le milieu de culture …).

Proposer des modèles de tumeurs

Par ailleurs, l’entreprise compte bien capitaliser le savoir-faire acquis sur la peau pour traiter d’autres tissus comme le cancer. A partir d’une tumeur opérée, la PME en extrait un fragment pour en faire un modèle vivant qui aidera le praticien à tester l’efficacité du traitement chimiothérapique administré en parallèle au patient. Les cliniciens, chercheurs et médecins de l’Oncopole soutiennent cette initiative qui va dans le sens d’une médecine de plus en plus personnalisée.

Autre levier de croissance,  la diversification du portefeuille clients et l’internationalisation. «  Nous étudions l’opportunité d’implanter une filiale à Boston » souligne Pascal Descargues en évoquant les nombreux prospects établis sur la côte Est et Nord-Est. Sans compter la présence de clusters dans les biotechs et la proximité  de Harvard et du MIT !

Emma Bao
Diffusé le 2 juin 2016

(1) Genoskin a breveté la technologie en France et procède à une extension de protection dans plusieurs pays d’Europe et en Amérique du Nord.

(2) : 7 collaborateurs actuellement avec le recrutement d’un business développeur, d’un technicien de recherche pour conforter la production et la R&D.

 


Une activité juridiquement encadrée

Genoskin bénéficie d’un agrément délivré par le Ministère de la Recherche pour collecter, transformer et céder à des fins de recherche les échantillons biologiques. Côté éthique, le Comité de protection de la personne a validé le formulaire d’information et de consentement éclairé présenté au patient par l’équipe médicale.

 

Une dynamique des biotechs au point mort !

Si l’économie du numérique, l’internet des objets, la French Tech…sont en pleine effervescence et bénéficient d’une excellente aura économique…Pascal Descargues constate une panne dans les biotechs voire une désaffection pour la filière santé marquée par le désengagement de Sanofi, la perte de l’Idex, un Oncopole qui peine à prendre son envol. Sur Toulouse, peu de nouvelles sociétés se créent en dépit d’un terreau de chercheurs des plus fertiles. Montpellier et Bordeaux semblent plus dynamiques en la matière.

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