En intégrant l’homme lors des phases amont de la recherche, Univercell-Biosolutions fait réaliser un saut technologique majeur à toute l’industrie de la santé.
Quelle meilleure solution que d'utiliser du matériel humain pour anticiper des effets de molécules destinées à l'homme ?
Hébergée à l’incubateur Midi-Pyrénées, cette PME fondée en avril 2010 par les deux associés Guillaume Costecalde et Michel Puceat, maîtrise la différenciation des cellules souches pluripotentes en cellules de cœur humain. A cette expertise s’ajoute une capacité à trier spécifiquement les cellules les plus pertinentes (cardiomyocytes) pour offrir aux industriels de la pharmacie une population de cellules homogène et de qualité. « On purifie à 99% ce qui nous démarque de la concurrence » indique un des dirigeants de l’entreprise.
La production de cardiomyocytes industrialisée en 2012
Pour arriver à une telle performance, Univercell-Biosolutions exploite une licence d’IPS Academia Japan (affiliée à l’Université de Kyoto). Un accord qui permet à la société toulousaine d’accéder à la technique du professeur Shinya Yamanaka. Avec son équipe, ce dernier a découvert comment déprogrammer une cellule somatique adulte : une cellule de peau peut donc redevenir une cellule souche pluripotente transformée en cellule de cœur !
Cela introduit une véritable révolution dans les moyens de test utilisés jusqu’à présent, à partir de cellules souches d’embryon, de cellules animales, ou de lignées immortalisées. « Les modèles cellulaires actuels anticipent mal les effets réels d’un traitement sur l’homme, notre solution contribuera à anticiper des effets secondaires d’origine cardiaque et ainsi à protéger et à informer le patient » commente Guillaume Costecalde.
Outre la sécurité des médicaments, les enjeux financiers sont énormes. 9 molécules sur 10 entrant en phase clinique n’arrivent pas sur le marché, dans 38% des cas leur abandon est lié à la toxicité cardiaque. La toxicité cardique est aussi la principale raison de retrait du marché de médicaments. Un médicament sur deux est retiré du marché pour avoir mal anticipé des effets secondaires cardiaques souvent délétères.
L’offre d’Univercell-Biosolutions répond aux besoins des utilisateurs, contraints par les agences réglementaires à utiliser des nouveaux outils plus prédictifs. Les chercheurs disposeront rapidement de cellules de cœur à l’échelle industrielle pour conduire les tests des phases cliniques. Le premier produit, CM-One (des cellules cardiomyocytes) sera lancé dans 18-24 mois. Il sera suivi de ED-One, les cellules endothéliales humaines qui forment les vaisseaux sanguins in vitro.
Un accompagnement est recherché pour aborder l’amorçage et l’industrialisation
Le brevet japonais permet d’obtenir un portefeuille de produits cellulaires diversifié et offre surtout l’opportunité d’entrer sur le marché de la médecine personnalisée. L’industrie pharmaceutique aura à moyen terme des cellules spécifiques à chaque humain pour tester les médicaments qui lui seront destinés.
Si les laboratoires d’Univercell-Biosolutions sont à Evry, toute l’activité pourrait être déployée en Midi-Pyrénées dès 2012. La dynamique régionale (1) plaide en faveur d’une implantation locale. Mais, souligne Guillaume Costecalde, « nous avons besoin d’un accompagnement pour faciliter l’étape industrielle ». Sur l’agglomération toulousaine, il n’y a pas de locaux spécialisés pour accueillir une unité de production en biologie cellulaire. Si l’incubateur joue parfaitement son rôle, la société de Biotech souhaite une plus forte implication des acteurs locaux pour financer l’amorçage. Ayant démarré avec l’apport des fondateurs et 260 000 euros attribués lors du concours national d’aide à la création d’entreprises de technologies innovantes, Univercell-Solutions recherche 1,5 Meuros. Argument qui devrait séduire les investisseurs, le cycle très court de mise sur le marché avec une commercialisation du produit en 2012 dans un secteur à la fois demandeur et pratiquement vierge au plan de la concurrence.
(1) : Les établissements français du sang ont implanté à Toulouse une unité en thérapie cellulaire, Louis Castella conduit un des rares essais thérapeutiques français sur les cellules souches adultes.
Emma Bao
diffusé le 24 mars 2011