Dans une conjoncture difficile pour le BTP, Bernard Boullet, le dirigeant de Matebat est serein car l’entreprise est armée pour affronter la tourmente. « Pendant les périodes fastes, nous gardons toujours une gestion prudente et constituons des réserves pour avoir des marges de manœuvre durant les retournements de cycles » indique le fondateur de cette entreprise devenue numéro 1 national dans la location de grues. Et si des défaillances en cascades sont à craindre dans la profession, ce sera une aubaine pour la PME toulousaine qui saura saisir les opportunités de rachat et réduire ainsi le champ concurrentiel ! « L’offre est encore trop diluée, le mouvement de concentration devrait s’accélérer » note Bernard Boulet en évoquant quelques faits marquants comme la célébration cet été des 30 ans en présence du personnel et de nombreux clients.
En ce qui concerne la couverture géographique de l’hexagone, elle est quasiment terminée. Après avoir acquis en 2011 Sotraloc devenue Matebat Ile-de-France, les positions sur la région parisienne seront renforcées avec en ligne de mire, un autre projet de reprise en 2013. De quoi accroître le rayonnement commercial tout en limitant le trop grand nombre d’acteurs sur ce bassin.
Quant à la diversification des produits, elle a déjà été opérée. Outre un parc locatif de 530 grues, la société propose aussi un large éventail de matériel à louer : coffrages métalliques (15 000 m2), bungalows (plus de 3000), équipements de sécurité (garde-corps, passerelles…).
Ce qui fait le « buzz » en ce moment, ce sont les recrutements. Faute de candidats en France attirés par le métier, Bernard Boullet a trouvé au Portugal les compétences nécessaires. 4 monteurs de grues ont rejoint la filiale parisienne. « Nous sommes ravis de notre choix, ce sont des professionnels aguerris et motivés» fait remarquer Bernard Boulet en déplorant le peu d’engouement manifesté sur l’hexagone pour un travail « bien rémunéré, avec formation et intéressement à l’appui ! ». C’est donc ailleurs que seront recherchés à l’avenir les bons profils.
L’ingrédient majeur qui a contribué à la réussite? « D’entrée nous avons fait la différence en privilégiant le service» résume le dirigeant de la PME qui ajoute avec humour « nous sommes au chevet de nos machines pour les maintenir en permanence opérationnelles ! ». Une réactivité appréciée par les utilisateurs qui vont du petit artisan au major du BTP.
Si Matebat peut se permettre une stratégie offensive et faire de la croissance externe pendant les mois sombres à venir, Bernard Boullet dénonce la pression fiscale et réglementaire (fin du Scellier, …) qui pénalisera l’ensemble de la filière. Pour ceux qui ont l’envie d’entreprendre, pas besoin d’inventer le produit qui n’existe pas ! Il y a des milliers d’affaires à reprendre et dans des secteurs qui satisfont les besoins immédiats de chacun : se nourrir, se loger, se vêtir, se déplacer…Les jeunes peuvent très bien réussir dans ces métiers de base en y apportant leur talent.
Emma BAO
Diffusé le 27 septembre 2012
A retenir
-Effectifs : 160 salariés, CA 2011 : 42,7 M€.
-Matebat est concessionnaire Potain sur 17 départements français.
-Parmi les chantiers emblématiques, une grue estampillée Matebat a été installée cet été au Palais de l’Elysée (réfection de la toiture). Parmi les références récentes, figurent la Clinique Pasteur à Nice, le tripode à Nantes, le théâtre de PACA, le yacht club à Monaco…
Encadré
Entrepreneur à 28 ans
Bernard Boullet est devenu chef d’entreprise à 28 ans, en créant Matebat. Au préalable, ce titulaire d’un CAP d’électromécanicien a travaillé dans les ascenseurs puis chez ORU France (centrales béton) en charge du SAV.
A 59 ans, le dirigeant du premier groupe français de la location de grues continue à pratiquer sa passion de la course automobile. Il a remporté 4 titres de champion de France d’endurance tout terrain (2008, 2009, 2010 et le dernier 2012).
Encadré
L’actionnariat
En 2003, le fonds Ciclad est entré au capital de Matebat. 4 ans après, le fonds LFPI (Banque Lazare) a pris aussi une participation. Suite à une opération de LBO, les cadres détiennent 8,5% du capital, Ciclad 12,5%, Bernard Boullet 25%, le fonds LFPI 54%.