Mercredi 22 mars 2023, l'Assemblée nationale a adopté la loi portée par le député Renaissance Frédéric Descrozaille sur les négociations commerciales entre fournisseurs et distributeurs. A Toulouse, le groupe Pharmacie Lafayette pointe du doigt un mauvais coup pour les pharmacies et parapharmacies.
Le Groupe Pharmacie Lafayette, basé à Toulouse, monte au créneau contre la loi Descrozaille. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)
"Depuis 15 ans, nous défendons le pouvoir d'achat de nos clients-patients. Aujourd’hui, nous sommes sous le joug des multinationales qui ne recherchent que le profit". C'est avec déception (et colère) que le groupe Pharmacie Lafayette réagit à l'adoption à l'Assemblée nationale de la loi Descrozaille, mercredi 22 mars 2023. Cette loi, portée par le député Renaissance Frédéric Descrozaille, est la suite des deux premières lois Egalim (Loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable) sur le rapport entre producteurs et distributeurs.
Dans le texte, on retrouve notamment la prolongation de l'interdiction de vendre des aliments à prix coûtant, un poids plus important des industriels face aux supermarchés et un meilleur encadrement des centrales d'achat européennes.
Une "loi inflationniste"
Mais le texte élargit l'encadrement des promos sur le secteur DPH (Droguerie, Parfumerie, Hygiène). Les acteurs ne pourront plus, eux aussi, proposer des promos allant au-delà de 34% comme pour l'alimentaire.
Cette loi, adoptée alors que l'actualité est marquée par la réforme des retraites et les manifestations qui se déroulent un peu partout en France, est décrite comme "inflationniste" par le groupe basé à Toulouse et présidé par Hervé Jouves. "Le secteur de la pharmacie va subir un effet collatéral qui va également toucher toute la santé en France. En parapharmacie, on trouve des produits non-remboursés. Cette loi nous empêche de promotionner", pointe Pascal Fontaine, le directeur commercial du Groupe Lafayette.
Les MDD dans le viseur
Selon lui, "les Marques de Distributeurs (MDD) sont également dans le collimateur de cette loi".
"Elles sont assimilées à tort à des produits non qualitatifs, alors que nos produits sont bio et Made in France. Limiter notre production par la hausse des coûts des matières premières revient à limiter leur accès aux Français".
Le Groupe Lafayette fabrique 70% de ses produits en Occitanie, sur les 600 références proposées. Et met en garde sur la possibilité de "fabriquer ailleurs qu'en France"... Pour Pascal Fontaine, cette loi vient à contre-courant alors que l'inflation n'a jamais été aussi forte. "Les couches ont augmenté de 50% et l'argument de la loi Egalim pour les produits agricoles ne tient plus pour la lessive ou le shampooing. On se trompe de débat".
Ce texte arrive après une séquence de rudes négociations entre fournisseurs et distributeurs. "Au sein du réseau, nous avons réussi à limiter la hausse à 3 ou 4%, au lieu de 10%", précise Pascal Fontaine. La loi doit s'appliquer au 1er mars 2024.