Face à la chute de la demande due à l'essor de la visioconférence et à la sensibilisation environnementale, le Groupe Air France révèle son plan pour adapter son réseau domestique à partir de 2026. Cette transition implique un recentrage sur Paris-Charles de Gaulle et une montée en puissance de sa filiale Transavia à Paris-Orly, tout en maintenant une forte présence sur les territoires.
A partir de 2026, les vols depuis Toulouse seront assurés vers l'aéroport Charles-de-Gaulle et par la filiale d'Air France, Transavia. (Photo : Airbus SAS 2023)
Le groupe Air France a annoncé, mercredi 18 octobre 2023, un projet stratégique majeur visant à adapter son offre domestique au départ de Paris à l'horizon 2026. Cette décision fait suite à une réduction significative de la demande due à l'essor de la visioconférence, à la diminution des déplacements professionnels sur le territoire français et à un engagement accru des entreprises en matière de responsabilité sociale et environnementale (RSE).
Entre 2019 et 2023, le trafic sur les liaisons domestiques au départ de l'aéroport d'Orly a chuté de 40%, atteignant même une baisse de 60% pour les allers-retours en journée. Dans ce contexte, le groupe Air France a décidé de revoir sa stratégie pour s'adapter aux nouvelles réalités du marché.
Redéploiement stratégique pour l'été 2026
Le projet prévoit plusieurs changements majeurs. Tout d'abord, la compagnie Air France opérera l'ensemble de ses vols domestiques et internationaux au départ de son hub principal, l'aéroport Paris-Charles de Gaulle. Cependant, une exception est prévue : les liaisons entre Air France et la Corse continueront d'être assurées depuis Paris-Orly, conformément aux exigences de la Délégation de Service Public (DSP). Air France a soumis conjointement une candidature avec Air Corsica pour le renouvellement de cette DSP à partir de 2024.
Transavia, la filiale à bas coût du groupe Air France, jouera un rôle central en devenant l'opérateur de référence à Paris-Orly. Cette transition s'accompagnera de la montée en puissance de la nouvelle flotte composée d'Airbus de la famille A320neo, qui permettra une réduction de 15% de la consommation de carburant, des émissions de CO2, et une réduction de 50% de l'empreinte sonore.
Maintien des liaisons et fréquences
D'ici à 2026, Air France continuera d'assurer ses liaisons vers Toulouse, Marseille et Nice, ainsi que les destinations d'Outre-mer au départ de l'aéroport Paris-Orly. Pour renforcer la connectivité, Air France augmentera les fréquences vers Toulouse, Marseille, Nice, Pointe-à-Pitre, Fort-de-France et Saint-Denis de La Réunion au départ de Paris-Charles de Gaulle, facilitant les correspondances internationales. Le Groupe Air France envisage également de positionner Transavia sur la desserte de Toulouse, Marseille et Nice depuis l'aéroport Charles-de-Gaulle à partir de l'été 2026. Les capacités entre Paris et Toulouse, Marseille et Nice seront maintenues à hauteur de 90% de leur niveau actuel, et à 100% pour les liaisons entre Paris et les Outre-mer.
En ce qui concerne l'impact sur l'emploi, les salariés basés en province verront leur situation gérée principalement par des mobilités ou des départs volontaires en raison du redéploiement des fréquences depuis Paris-Orly vers Paris-Charles de Gaulle. Les bases du personnel navigant sur ces escales provinciales seront maintenues. Quant aux salariés basés à Paris-Orly, les besoins importants en ressources identifiés à Paris-Charles de Gaulle garantiront à chacun un emploi équivalent sur le site de Roissy. Toutes les solutions de mobilité sur la plateforme de Paris-Orly seront envisagées pour assurer une transition en douceur.
Le processus d'information et de consultation des instances représentatives du personnel débutera prochainement, suivi de négociations avec les organisations syndicales représentatives. L'objectif est de définir des dispositifs pour accompagner au mieux l'ensemble des salariés touchés par cette évolution.
"Extrême vigilance" pour Jean-Luc Moudenc
Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, a réagi en soulignant l'importance de maintenir la qualité de la liaison entre Toulouse et Paris, notamment en termes de fréquence, au moins jusqu'à la mise en service de la future LGV.
" Je prends acte avec une extrême vigilance de la décision du groupe Air France-KLM de confier la liaison entre Toulouse et Paris à sa filiale Transavia à horizon 2026. Qu’il soit bien clair que cette évolution ne saurait avoir pour conséquence une diminution du niveau de service, notamment de la fréquence, des vols entre Toulouse et la Capitale. Au moins jusqu’à la mise en service de notre future LGV. Je demande donc qu’un engagement solennel soit pris publiquement dans ce sens. Pour les habitants et acteurs économiques de Toulouse et de sa métropole qui n’ont d’autre choix pour de se rendre physiquement à Paris, l’offre et la qualité de cette liaison aérienne sont essentielles".
Carole Delga : "Le Grand Sud, c'est loin !"
Carole Delga, présidente de la Région Occitanie et de l'association Régions de France, pointe du doigt cette décision :
« Le Grand Sud, c’est loin ! Une fois encore, nos deux régions, les plus éloignées de Paris, sont pénalisées dans leurs relations et leurs connexions avec la Capitale, dans l’attente des Lignes à Grande Vitesse (LGV) pour lesquelles nous sommes mobilisés. Dans l’attente d’une desserte ferroviaire nationale complète, des liaisons aériennes assurant un service de qualité restent simplement indispensables. Qu’il s’agisse de qualité de vie pour nos habitants, de développement économique pour nos entreprises ou d’attractivité pour nos deux régions. Cette décision est un nouveau coup dur pour nos territoires. Les expériences passées plaident en ce sens. La bascule des lignes vers Toulon et Montpellier sous la bannière Transavia a entrainé une baisse criante de la qualité de service, multipliant les retards et les annulations. Actionnaire d’Air France, l’Etat peut peser dans ce type de décisions prises au seul regard d’intérêts financiers, au détriment d’une vision de l’aménagement du territoire national. Particulièrement quand elles impactent directement plusieurs millions d’habitants. Particulièrement quand elles ne contribuent qu’à entretenir, chez nos concitoyens, un sentiment de déclassement. Dès aujourd’hui, le ministre des Transports, Clément Beaune, s’est engagé auprès de nous à travailler à une desserte efficace pour nos territoires, et nous le remercions pour la qualité du dialogue engagé. »