Philippe Robardey, pdt du Medef 31
La Smat, la Société de mobilité de l’agglomération toulousaine a attribué le 21 février dernier un marché de travaux publics à la société espagnole Comsa dans le cadre du chantier de la ligne de tramway Garonne. Il s’agit de la fourniture et la mise en œuvre des revêtements de sol en pavé de pierre et béton désactivé dans le cadre d’un marché public européen. Le montant du marché attribué à l’entreprise Comsa par la Smat est de 2,73 M€ HT, représentant près de 30 000 heures de travail. Le montant estimé des travaux s’élevait à près de 3,5 M€ HT. Nous pensons que la collectivité locale via son opérateur la Smat a fait un mauvais usage des deniers publics. En effet l’économie réalisé d’environ 700 k€ est inférieure aux revenus que l’Etat, la collectivité et l’économie locale aurait pu en tirer en confiant ce marché à des entreprises régionales.
Le manque à gagner en recettes fiscales et sociales directes se monte à près de 240 K€ avec un salarié français payé 11 € de l’heure en comptabilisant les charges. Il faut aussi ajouter la part des recettes fiscales sur les achats de fournitures non perçues sur le territoire ainsi que les frais de gestion du contrat non payés localement, soit environ 300 k€. Les dépenses maximales, estimées à près de 50 €/jour (4 jours/5) d’un ouvrier espagnol, sont à comparer avec celles d’un ouvrier local qui réinjectera lui la presque totalité de son salaire soit 260 k€. Nous arrivons à un total de 800 k€ !
Au moment où la filière Travaux Public locale traverse une crise sans précédent, cette décision nous paraît d’abord antiéconomique. Nos collectivités doivent gérer au mieux l’argent que les citoyens et les entreprises leur confient. De plus s’agissant des marchés publics et particulièrement des travaux sur les équipements de transports en commun dont les entreprises du territoire sont les premiers contributeurs et de loin à travers le Versement transport, il est aberrant de ne pas faire jouer la règle du juste retour en écartant celui qui vous « nourrit ». A l’international nos entreprises sont par exemple souvent conduites à mettre en place des contrats offset, à nouer des partenariats,….pour participer à des appels d’offre. On peut aussi s’interroger ou trouver peu social de la part d’une collectivité publique, le fait d’aller chercher de la main d’œuvre toujours moins chère ailleurs.
Le gouvernement a fait du redressement productif une priorité nationale. Nous souhaiterions que nos élus mettent autant d’empressement à répondre aux sollicitations des médias qu’à appliquer sur le terrain ce programme.