Faisant partie des pionnières dans les TIC, Caméléon Software a révolutionné son modèle économique il y a 5 ans en décidant de changer de produits, de marchés, de stratégie commerciale. « Du sang neuf a été injecté dans la société avec de nouveaux recrutements » raconte Jacques Soumeillan qui n’avait pas encore 30 ans lorsqu’il a fondé la société.
3e acteur mondial et 1e européen dans le métier du CPQ, (Configure Price Quote), l’éditeur toulousain de solutions destinées à l’automatisation et gestion des processus commerciaux, propose désormais à ces clients l’exploitation des logiciels en mode SaaS, avec un contrat à 3 ans et une facturation annuelle. Cette alternative gagne du terrain, elle représente 25% des ventes de licences de l’entreprise et devrait atteindre les 50% l’année prochaine. Si l’option locative fait l’unanimité aux USA, le basculement est plus lent sur le vieux continent. Si bien que les deux systèmes, propriétaire et SaaS continueront à cohabiter pendant quelque temps.
Autre mutation notoire, la cible. Caméléon Software, initiale positionnée sur les PME, adresse à présent les grands comptes. Dans son portefeuille, figurent SFR, La Poste, MGEN, Lapeyre…ainsi que plusieurs grands donneurs d’ordres américains comme Tyco (sécurité) Medtronic (dispositifs médicaux, 16 Mds de $ de CA), Clear Channel…
« Sur les USA, le volume d’affaires a progressé de 42% en 2011 et de 38% ce 1e semestre » souligne Jacques Soumeillan en évoquant le retour à la croissance après une période de transition et une situation financière négative. La reconquête est bien là avec une hausse de 17% sur les six premiers mois de 2012 et un résultat net positif (+7%).
Une dynamique qui devrait s’installer dans la durée avec le lancement commercial de Caméléon Touch, une innovation qui vient d’être présentée à San Francisco. Le projet, soutenu par Oséo a mobilisé près de 2 ans de R&D et 1,5 M€.
Cette application CPQ a été conçue dans l’esprit mobilité et réseaux sociaux, « avec des interfaces issues de l’expérience utilisateur grand public capitalisées dans l’univers professionnel » résume Jacques Soumeillan. La béta version de ce configurateur mobile (iPad, autres tablettes…) et multicanal, est en cours de test. Sa convivialité suscite l’enthousiasme des e-commerçants et des acheteurs en ligne séduits par l’ergonomie et l’ouverture de l’outil aux réseaux sociaux. La version définitive de Caméléon Touch, sera vendue à partir du 1e trimestre 2013.
La PME joue la carte du Cloud et des alliances nouées avec les places de marché. Elle est partenaire de Salesforce (plateforme de CRM Appexchange), est référencée par SAP Store…
Sur le marché CPQ en forte progression (240 M$ en 2011), Caméléon veut devenir le premier fournisseur mondial des grands comptes. L’exportation est appelé à croître de manière significative Si l’effervescence autour des solutions mobiles de CPQ est mondiale, la PME qui emploie 80 personnes, concentrera ses efforts commerciaux en priorité sur l’Europe et l’Amérique du Nord. Après avoir été la première à sortir une solution pour l’App Store d’Apple, elle continue à défricher le terrain avec la nouvelle application tablettes et réseaux sociaux.
Engagements
Ingénieur diplômé de l’Enseeith, Jacques Soumeillan créé Caméléon Software à l’âge de 29 ans, après un passage de 5 ans chez Hewlett Packard.
A 55 ans, il garde toujours aussi vive sa passion pour les nouvelles technologies et la création d’entreprises innovantes. Vice-président du cluster Digital Place, administrateur du réseau Entreprendre en Midi-Pyrénées, il porte une attention particulière aux start-up, les futures PME des TIC à plus de 50 salariés dont la région a si fortement besoin. Il se mobilise comme la majorité des chefs d’entreprise contre le projet de loi de finances 2013 et son dispositif de taxation des plus-values des cessions d’entreprise.
Encadré
Caméléon Software sortie de la tourmente boursière
80% du capital de Caméléon Software est dans le public. En juin dernier, un fonds américain « mal intentionné » a acquis 5% des parts. L’entreprise a réagi, mobilisant le cercle de tous les autres actionnaires. Un dispositif juridique a été voté pour se prémunir contre les manœuvres malveillantes. Ainsi, celui qui grignotera au-delà de 15% du capital aura ses droits de vote limités à 15%. L’autre mesure ce sont les « bons Breton ». En cas d’OPA inamicale, le conseil d’administration d’une entreprise peut émettre des bons gratuits auprès des actionnaires, ce qui multiplie par 3 le nombre d’actions en circulation.
Après avoir été chahutée, l’action Caméléon Software a rebondi avec une remontée de 100% !
Emma Bao
Diffusé le 23 octobre 2012