La seconde édition de la Toulouse Onco Week organisée le 5 février 2018 au centre de congrès Pierre Baudis est un événement unique réunissant tous les acteurs de la lutte contre le cancer, visant à valoriser les dernières innovations mondiales en matière d’oncologie.
Le symposium international de la TOW a consacré une session au microenvironnement et au métabolisme, une thématique en cancérologie en plein essor actuellement, au niveau national et international.
Le Professeur Matthew Vander Heiden (MIT de Boston), a présenté ses derniers travaux sur l’adaptation des cellules cancéreuses à leur microenvironnement (organe affecté et lieu d’origine de la tumeur). Il a mentionné que les changements métaboliques, qui entrainent la progression tumorale peuvent être modulés positivement et négativement suivant le régime alimentaire. Par exemple, les apports en acides aminés, en glucose ou lipides peuvent modifier le métabolisme des cellules cancéreuses et modifier leur prolifération et éventuellement la réponse thérapeutique. Ces résultats s’appuient sur une comparaison, dans ses travaux de recherche, entre les modèles in vitro et les modèles in vivo.
Le Professeur Pierre Sonveaux, de l’Université Catholique de Louvain, a annoncé avoir mis en évidence un mécanisme original lié à la migration et au processus de métastases cancéreuses. En s’appuyant sur des modèles de mélanomes et de carcinomes in vivo, son équipe a montré une modification de l’activité du métabolisme mitochondrial (machinerie produisant l’énergie cellulaire), conduisant à l’apparition d’un stress oxydant qui favorise le développement des métastases. Il montre que le ciblage thérapeutique de ce stress bloque la progression métastasique. Actuellement, des molécules sont testées sur des modèles précliniques par plusieurs groupes académiques et sur l’Homme par des groupes pharmaceutiques. En outre certaines de ces molécules sont déjà utilisées dans certaines maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, l’Ataxie de Friedreich).
Toujours lors de cette session, deux équipes toulousaines ont présenté des travaux basés sur l’interaction entre le microenvironnement et le métabolisme tumoral.
L’équipe du Professeur Catherine Muller (IPBS) a démontré que le tissu adipeux participait au développement du cancer en reprogrammant le métabolisme et en induisant un stress oxydant, conduisant à l’agressivité du cancer de la prostate.
Quant au Docteur Jean-Emmanuel Sarry (Centre de Recherches en Cancérologie de Toulouse), il a présenté les derniers travaux de son équipe de recherche portant sur le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques qui ciblent la rechute chez les patients atteints de leucémies aiguës myéloïdes (la LAM, le cancer du sang le plus répandu chez l'adulte).
Ces nouvelles stratégies combinent la chimiothérapie conventionnelle avec des molécules visant ou ciblant l’hyperactivité métabolique.
Depuis début 2018, des essais précliniques avec plusieurs inhibiteurs mitochondriaux sont en cours et valideront le rationnel pour de futurs essais cliniques sur l’Homme aux USA et en France. En outre, de nouvelles molécules ciblant cette particularité sont en cours de développement par des groupes académiques et pharmaceutiques (Houston, Lyon, Toulouse).
Le bilan de cette session, , souligne le fait que cibler les spécificités métaboliques de la tumeur et le dialogue avec son microenvironnement semble particulièrement prometteur pour le traitement des cancers.