WiSEED a été la première plateforme au monde à proposer en 2008 du crowdfunding en faveur des start-up ! « Nous avons été précurseurs parce que la réglementation dans de nombreux pays comme les USA ou le Royaume-Uni, interdisait à l’époque cette pratique » reconnaît Thierry Merquiol qui, employé à l’incubateur Midi-Pyrénées, était en contact permanent avec des créateurs d’entreprise peinant à trouver suffisamment de fonds propres. Ce qui lui a donné l’idée de recourir au financement participatif, comme le faisait my major company dans la musique ou d’autres sites dans le sport.
Avec WiSEED, les particuliers ont la possibilité de soutenir des aventures entrepreneuriales en devenant actionnaires. En renforçant par ce biais le haut de bilan, le dirigeant d’une start-up bénéficie de l’effet de levier pour obtenir d’autres concours financiers. « Souvent déçus par les frais de gestion trop élevés de certains FCPI, les investisseurs ont été rapidement séduits par notre modèle qui leur fait partager la réussite d’une start-up qu’ils ont sélectionnée et dont ils sont les ambassadeurs » souligne Thierry Merquiol en citant la première sortie du capital chez Antabio. 200 personnes ont permis de mobiliser 300 000 €, elles ont été remboursées du double !
En 7 ans, 90 projets ont été abondés pour un total de 35 M€. Un « WiSEEDER » réalise en moyenne 3 souscriptions, s’impliquant à hauteur de 2000€ par dossier. Mais la fourchette est très large, avec des montants oscillant entre 100 à 200 000€ ! Trois secteurs d’activités sont fléchés : la santé/e-santé, les technologies numériques, la transition énergétique/développement durable.
Si cet acteur d’equity crowdfunding a ouvert au public l’achat en ligne d’actions d’entreprises non cotées, il a étendu le champ des interventions avec deux autres produits. Des emprunts obligataires vont permettre aux internautes d’investir dans des petits programmes immobiliers (20 logements en moyenne). L’opération court sur deux ans avec un rendement annuel de 10%, la part de risque étant potentiellement liée au possible dérapage du temps de construction. Sur ce type de placement démarrant à 1000 €, le ticket moyen est de 3000 €.
Des titres participatifs (à partir de 100€) donnent désormais la possibilité aux particuliers de financer pendant 7 ans des coopératives. Cela rapporte entre 3 et 5% avec à la sortie le bénéfice de plus-values. C’est la société gersoise Ethicable qui a ouvert le bal. Sa candidature a été soumise à appréciation des internautes. Une autre entrée est en préparation.
« Nous allons continuer à adresser d’autres segments, prochainement on donnera au public un accès à du patrimoine» annonce Thierry Merquiol en évoquant les perspectives 2016. L’entreprise, qui a atteint l’équilibre lors du dernier exercice, compte s’implanter en Europe et en Amérique du Nord. Elle envisage aussi de doubler le volume collecté, misant sur 100 M€. Pour atteindre ce score, 2 nouveaux produits de placement seront élaborés, un rythme à maintenir dans la durée. La donne juridique est également appelée à évoluer. Si la Pme est habilitée en France à monter des opérations plafonnées à 1 M€, elle n’exclut pas l’obtention d’un autre agrément en conformité avec le règlement européen autorisant le seuil de 5 M€.
Emma Bao
Diffusé le 1er janvier 2016
A retenir
-Gouvernance : Thierry Merquiol est président du conseil de surveillance de la SAS. Stéphanie Savel assure la présidence du conseil du directoire.
-Effectifs : 27 salariés
-CA 2015 : 2,3 M€
-Levée de fonds de 2 M€ en 2014. Le crédit coopératif est présent au capital de WiSEED.
-Présence sur 3 sites : Toulouse, Paris et Lyon.
-WiSEED dispose d’un agrément délivré par l’AMF.
-Le crowdfunding a permis de lever en France 300 M€ en 2015 contre 160 en 2014. Total collecté par ce biais dans le monde : 13 Mds€
Comment se rémunère WiSEED ?
Pour chaque opération qui se concrétise, WiSEED prélève un pourcentage (entre 5 et 10%) sur les flux financiers transitant par la plateforme. La société récupère aussi une partie de plus-value au moment de la revente des parts.
Le déroulé d’une campagne
WiSEED reçoit quelque 1500 demandes/an, examine dans les 400 dossiers. Une soixantaine sont sélectionnés et 50 aboutissent à un financement soit 4% des sollicitations satisfaites.
Au départ, les internautes expriment par un e-vote leur intérêt pour un projet, précisant leurs intentions d’investissement. Si ce sondage étalé sur une quinzaine de jours est favorable, WiSEED procédera à un audit de la start-up pour lancer ensuite la souscription. L’enveloppe des besoins financiers est établie avec le dirigeant de l’entreprise à soutenir, lequel mise sur le crowdfunding pour son effet de levier, fois trois en général.
Les montants oscillent entre 100 000 € et 1 M€, la moyenne étant de 300 000€ par candidature.
Le montage par opération
Le particulier n’entre pas directement dans le capital de la start-up car la présence d’un très grand nombre de personnes physiques entraverait les futures levées de fonds ou la vente de la société. Pour chaque opération de crowdfunding une holding ad hoc est créée : « WiCAP » assortie du nom de l’entreprise financée. En cas de cession, le repreneur rachète la part de la holding ; le montant sera ensuite distribué aux investisseurs.
Profil des « WiSEEDERS »
Dans les adeptes, prédominent les cadres dirigeants, les chefs d’entreprise ; le profil de l’investisseur étant un homme de 44 ans pour qui c’est le 1er investissement souvent. On notera que les étudiants en école de commerce plébiscitent la formule, investissant volontiers dans les 100€.
Le crowdfunding donne droit à des réductions d’impôts, 18% du montant investi peuvent être déduits, 50% si le contribuable est soumis à l’ISF.
Quid des banques face au crowdfunding ?
Les établissements financiers de la place ne se sentent pas véritablement menacés car les souscriptions sont limitées par décret à 1M€. Certaines banques ont monté leur plateforme pour mobiliser des fonds en faveur des associations. D’autres nouveaux entrants suscitent un intérêt marqué de la part de la communauté bancaire. Il s’agit des plateformes de prêts de particulier à particulier ou de particulier à entreprise qui fleurissent depuis la libéralisation du secteur en 2014. Les cagnottes comme Leetchi.com, racheté par le Crédit Mutuel, ont la cote. Elles permettent de collecter et gérer de l'argent à plusieurs pour diverses occasions (anniversaire, pot de départ, mariage, naissances, soirées, voyages...).
Par ailleurs, les banques devraient s’intéresser de plus près à une autre catégorie de nouveaux acteurs que sont les prestataires de services de paiement agréés. Ils sont habilités à percevoir de l’argent des particuliers et à le flécher selon leur demande. WiSEED a choisi l’établissement de paiement LemonWay basé à Montreuil. Il existe 4 à 5 structures de ce type en France, ce sont des infrastructures, des tuyaux par lesquels transite l’argent collecté.