Plusieurs bâtiments se construisent pour accueillir les acteurs des secteurs en pointe de la santé ou du numérique dans les métropoles d’Occitanie. De nombreux projets mixtes associent des bureaux, du coworking, des commerces et même des food court, tandis que le potentiel des friches est exploré.
Le "Data Valley Campus". Crédit photo : Data Valley
Univers santé : de grands projets dans les métropoles
L’Occitanie mise sur l’univers pharmacie-biotechnologies. « Med Vallée » s’affiche à Montpelllier comme le nouveau pôle d’excellence en santé globale (santé, alimentation et environnement) et va rééquilibrer l’offre d’implantation des entreprises au nord, où se trouvent déjà la faculté de médecine, le CHU et l’écosystème santé du parc Euromédecine (220 ha). La Métropole programme 32 M€ d’investissements pour Med Vallée (acquisitions foncières et soutien aux projets) sur la période 2021-2026. Présenté à l’été 2022, le bâtiment Thomas Platter (photo) signé par A+ Architecture et Chiero Laboratoire (5 150 m2, 24,5 M€) dédié aux biothérapies sera une tête de pont du CHU avec une clinique ambulatoire, un incubateur, les locaux de l’entreprise MedXCell (thérapies cellulaires), un site de production médicamenteuse et un espace restauration, après un chantier conduit d’avril 2023 à septembre 2025. Autre projet Med Vallée, le Campus d'innovation en sciences de la vie (19 000 m2, 60 M€) abritera un incubateur, un accélérateur d’entreprises, un institut de formation, une résidence pour jeunes actifs et même un food court (architecte : François Fontès). La première pierre est attendue fin 2023, la livraison fin 2025.
Côté Toulouse, le secteur santé est aussi en pointe. Le groupe allemand Evotec (850 salariés sur place) a confié à Eiffage la construction de son usine de production biopharmaceutique de 150 M€, qui doit créer 150 emplois sur le Campus Curie. JPOD Toulouse, première usine de ce type en Europe, comprendra sur 12 000 m2 des bureaux et laboratoires de recherche, une partie centrale pour la production et une zone logistique. Les travaux ont débuté mi-septembre et l’usine sera opérationnelle au second semestre 2024.
La vogue des nouvelles halles
Après le « 610 », opération hybride incluant un pôle alimentaire à Jacou, c’est au tour de Saint-Jean-de-Védas, à l’ouest de Montpellier, de s’équiper de halles marchandes : coup d’envoi du chantier début 2024 dans la ZAC Roque Fraisse. Une vingtaine d’étals, une école-atelier de cuisine, un espace de coworking et deux restaurants se partageront le bâtiment de 3 000 m², entrelac de lames bois-métal imaginé par Jean-Baptiste Miralles et Thomas Landemaine. Ces halles s’intègreront dans un projet global d’aménagement porté par FDI Promotion pour un coût de 50 M€. Zone Cambacérès, toujours à Montpellier, un food-court occupera 1 200 m2 du socle actif de la Halle Nova (45 M€) où Taillandier Architectes Associés a dessiné quatre bâtiments bas carbone, reliés par deux serres végétalisées. Il sera géré par la société Hibrid, fondatrice du Marché du Lez qui a remporté l'appel à projets avec Gaïa Promotion, Ametis et Lazard Group Real Estate, pour une livraison en 2025. À Alès, les halles de l’Abbaye vont bénéficier d’une réhabilitation lourde (7,5 M€, cabinet d'architectes Awa) dont le chantier pourrait démarrer au 4e trimestre 2023, l’ouverture étant envisagée au 1er trimestre 2025.
Des friches reconverties en activités économiques
Les travaux du premier immeuble de bureaux voué aux industries culturelles et créatives (ICC) ont débuté en juin 2022 au cœur de l’écoquartier Cité créative à Montpellier. Ce projet de 7,7 M€ s’inscrit dans le réaménagement urbain de l’ex-École d’Application de l’Infanterie (EAI). Il prévoit la rénovation de 700 m2 de l’ancien musée datant du XIXe siècle, auquel se greffe un programme neuf de plus de 2 000 m2. L’ensemble réalisé par l’agence A+Architecture offrira d’ici à la fin 2023, 12 lots modulables à la location, un studio vidéo et des espaces partagés. Ailleurs, les ICC seront disséminés dans les rez-de-chaussée d’autres bâtiments.
Les appels à projets régionaux de « reconquête » des friches ont permis d’identifier et d’aider des projets tel celui de Santhilu (lauréat 2022) mêlant tertiaire (bureaux et coworking) et une vingtaine de logements en centre-ville de Lavelanet en Ariège à partir d’une friche hospitalière. Autre lauréat ariégeois, la transformation en tiers-lieu (par Rinaldi & Levade Architectes) de l’hôtel particulier de La Providence du 16e siècle de Pamiers, dont la livraison est programmée en 2024.
Des « totems » pour l’innovation et le numérique
Le numérique est chouchouté dans les métropoles. Le « Data Valley Campus » doit ouvrir dans le quartier Enova à Labège en 2023. L’Arac Occitanie orchestre cette opération de 42 M€ (toutes dépenses confondues selon la fiche Arac), soit la construction d’un bâtiment connecté de 20 000 m2 de surface de plancher, sur 6 étages, comprenant espaces de bureaux, co-working, agora modulable, lieux de formation et espaces de réunions (architecte : cabinet Viguier). La livraison est annoncée pour août 2023. De son côté, la Métropole de Montpellier finalise début 2023 sa « Halle de l’Innovation » dans le nouveau quartier Cambacérès. Le bâtiment d’environ 8 000 m2 (architecte : studio Muoto) doit accueillir une cinquantaine de « pépites » accompagnées par le BIC de Montpellier. Il intègre des bureaux, des espaces de coworking, un fablab, des salles de réunions, un amphithéâtre et une cafétéria.
Des bureaux sur les plateformes aéroportuaires
Nîmes Métropole pousse au décollage d’une filière sécurité civile-gestion des risques sur la plateforme de Nîmes Garons : elle prévoit de livrer à l’été 2023 « l’accélérateur d’innovation » B46, dans un bâtiment de 900 m2 réaménagé (pour 1,8 M€ HT) de l’ancienne base aéronavale. Pour trouver ses futurs occupants, un appel à candidatures doit être lancé en 2023 en lien avec le pôle de compétitivité Aerospace Valley. B46 pourra héberger des chercheurs, formateurs et start-up fin 2023. Il a vocation à héberger le futur Centre européen d’expertise sur la lutte aérienne contre les feux de forêts.
À l’aéroport de Toulouse-Blagnac, le projet Sky One doit donner le coup d’envoi de la rénovation urbaine de Blagnac 1. Retenu par l’appel à projets innovants « Dessine-moi Toulouse », le promoteur EM2C a été retenu pour ériger Sky One (5 000 m²), projet de locaux à usage tertiaire qui seront livrés à l’horizon 2025.
« Nexus » mêle bureaux, coworking et formation
En juin 2022, la foncière Inea a acquis auprès d’Icade un ensemble de deux immeubles de bureaux de six étages et un parking en sous-sol de 236 places dans le nouveau quartier tertiaire Cambacérès de Montpellier, face à la Gare Montpellier-Sud de France et proche de l’A9. Le premier bâtiment de 4 100 m2 doit être livré en septembre 2024, le second de 4400 m2 en novembre 2024. Les deux prétendent à la labellisation environnementale BREEAM niveau very good. L’opération s’inscrit dans le projet Nexus, qui inclut aussi un hôtel-restaurant de 130 chambres, un espace coworking et le campus d’enseignement supérieur Ynov (LCR architectes) sur près de 20 000 m2.
eNovia, futur « plus grand centre d’affaires de Nîmes »
Le groupement Holding Tissot-GGL Groupe pilote la reconversion du campus Eerie, dans le parc Georges-Besse à Nîmes, en centre d’affaires baptisé « eNovia ». Réunissant le bâtiment de l’Ecole pour les études et la recherche en informatique et électronique (racheté à Nîmes Métropole), le Formeum (acquis auprès de la CCI du Gard, le bâtiment Cézanne (propriété de Tissot) et un restaurant, il formera « le plus grand centre d'affaires de Nîmes ». Le projet confié aux architectes Julien Clavel et Pascal Megias verra d’abord la rénovation de 8 800 m2 et la création de 120 places de stationnement pour 9,5 M€ d’ici à la fin 2023. De 2024 à 2026, 18,5 M€ seront investis pour construire deux immeubles (10 000 m2) et un parking silo. Le site proposera des solutions à la dizaine d’écoles déjà présentes, à laquelle s’ajouteront la recherche et l’innovation, le coworking, la santé et la mobilité.