Pierre-Olivier Nau, président du Medef Haute-Garonne.
"Au risque de me répéter, la crise a montré combien le dialogue et la propension du Gouvernement et des Elus à écouter les chefs d’entreprises était clé pour avancer.
Les sombres nuages encore présents sur notre économie, la prévision d’une croissance nulle ce second semestre, l’inflation des matières premières, la pénurie de candidats sont autant de sujets qui nécessitent la permanence des échanges, pour 1 / faire évoluer les mentalités, 2/ changer la loi quand c’est nécessaire, 3/ freiner les normes pour libérer la croissance, 4/ créer le bon degré d’aide aux entreprises pour décarboner l’économie.
En matière d’économie, les deux questions majeures sont le financement de cette décarbonation et la relation au travail. Deux sujets qui n’ont pas été très présents dans la campagne présidentielle. Le premier apparait mollement dans la campagne législative, pas le second. Tous deux sont pourtant le cœur même de nos enjeux de société, et par là-même réclament le dialogue.
Sur la décarbonation, le Medef vient de publier une étude précise et exigeante, commandée à Rexecode, sur les besoins en investissement pour agir efficacement sur ce plan.
Au-delà du comité France 2030, les entreprises doivent être associées profondément sur les priorités d’investissement, les formations à définir, les recrutements à accélérer, les filières à renforcer, etc. à l’échelle des territoires, dans un dialogue exigeant et quotidien. Peut-être que l’idée du sous-préfet à la relance est un bon modèle pour le plan France 2030, aux côtés de comités paritaires à l’échelle régionale.
Sur le second sujet de la relation au travail, nous sommes entrés dans une nouvelle ère, avec un fonctionnement bouleversé. Il faut interroger cette relation, travailler sur le sens et cesser de systématiquement faire du travail une punition, comme s’y emploie une partie des candidats aux législatives. Les lois sociales doivent évoluer, permettre aux entreprises d’être encore plus agiles pour bâtir cette croissance responsable sans laisser qui que ce soit sur le côté. Le chômage doit continuer d’être réformé, le CDD doit être challengé, tant il semble répondre aujourd’hui aux attentes de beaucoup trop de jeunes, et nuit à l’engagement dont l’entreprise a besoin. Ces évolutions ne doivent se faire que dans le dialogue et l’écoute des entrepreneurs.
Emmanuel Macron ne nous a pas habitué à un dialogue équilibré. Elisabeth Borne a souvent été ferm(é)e. La crainte d’un dialogue de façade est forte. Nous sommes vigilants et exigeants, à côté des organisations de salariés, à la nécessité de cette co-construction, au-delà de Bercy, des deux côtés de la Seine, jusqu’au cœur de nos collectivités."