ELECTROMOBILITE : 1ère convention d’affaires sur la mobilité urbaine

 

Augmenter l’autonomie des véhicules, mailler les villes d’un dense réseau de bornes de recharges : deux conditions indispensables pour inciter les particuliers à acquérir une voiture électrique. En attendant d’éveiller l’engouement du public,  l’avenir le plus immédiat c’est l’autopartage, la logistique du dernier kilomètre…des solutions de mobilité urbaine dont l’usage se répand dans la plupart des métropoles.

Les acteurs économiques, les industriels, les collectivités locales…la première convention d’affaires sur la mobilité urbaine a permis de mieux cerner les freins et atouts du véhicule électrique, de connaître les différents maillons de  la filière implantés en région,  d’analyser la demande publique et celle des opérateurs de mobilité. Organisé par MPE, la Région, le cluster Automotech et Toulouse Métropole, cette manifestation sur l’electro-mobilité et les nouveaux usages a mis en évidence l’importance du savoir-faire régional insuffisamment connu en Europe, ne serait-ce par nos proches voisins les Catalans qui testent le bus électrique chinois K9  (conçu par BYD) alors que Safra à Albi a développé Businova, un autobus à la motorisation tri-hybride très performant en autonomie et fiabilité.

En ouvrant les débats, Pierre Cohen, président de Toulouse Métropole, a insisté sur la volonté de la communauté urbaine d’être terre d’expérimentation en matière de mobilité durable. D’autant plus que les intercommunalités auront compétence sur la transition énergétique, « à nous donc d’inventer de nouveaux modèles de déplacement ». Président du cluster Automotech, Jean-Luc Maté a évoqué d’entrée le programme « Véhicule du futur » de la Plateforme de la Filière Automobile (PFA) doté de 750 M€ (une trentaine de projets collaboratifs seront remis à l’ADEME dans les mois qui viennent). « Une opportunité pour notre région qui possède toutes les composantes pour un transport intelligent ». Du cluster Digital Place à la Mécanic Vallée avec la conception de systèmes mécatroniques, l’éventail des savoir-faire est large sans compter l’expertise en matière de systèmes embarqués comme en témoigne le pôle de compétitivité Aerospace Valley.

Si la construction automobile a des difficultés en France et en Europe, il faut saisir les schémas de rupture à l’instar d’Actia, équipementier majeur de la Bluecar de Bolloré (1). Le terrain de jeu est mondial, « il faut que les clients sachent que nous détenons des solutions éprouvées ».

Si le concept Autolib marche bien, le grand public reste encore à convaincre. Les ventes de « citadines » et petits utilitaires tardent à décoller en Europe. Les cadences de Renault sur Fluence, Zoé ou Kangoo n’ont pas atteint le plein régime. Les autres constructeurs sont confrontés à une situation similaire. L’idée d’exploiter en autopartage une partie du parc gagne du terrain chez les grandes marques mais aussi chez les loueurs. 11 opérateurs (dont BMW, Daimler…) se positionnent sur  ce marché à Berlin ; Europcar et autres enseignes de la location sont attirés par la formule.

Angel Lopez Rodriguez, responsable du programme véhicules électriques de la ville de Barcelone croit aussi à la mutualisation de la voiture. Quant à son utilisation privée, elle reste limitée à un cœur de cible, ceux qui roulent en moyenne 120 à 150 km/jour. Des infrastructures de recharge disséminées en abondance à travers la ville sont indispensables pour assurer le succès du véhicule propre. 250 bornes publiques sont déjà opérationnelles.

La capitale catalane réfléchit aussi à une offre de taxis électriques idéale pour ceux qui roulent entre 150 et 200 km/jour. Cela concerne 5% de la flotte, ce qui représente à l’échelle nationale un segment important à adresser. Par ailleurs, la ville lance un service de location de scooters électriques (2) ; pour assurer leur alimentation, il n’y aura pas de bornes de recharge mais des distributeurs de batteries de 6 à 7 kilos ! Le choix d’un deux roues s’est naturellement imposé pour ne pas encombrer davantage la voirie publique.

Christian Desmoulins, vice-président d’Automotech et directeur général d’Actia a insisté sur le maillage des villes avec un réseau de bornes de recharge à la portée de l’automobiliste. « Un standard oil » de l’électricité est à imaginer. Bolloré a ouvert la voie en tant qu’opérateur en installant plusieurs centaines de stations.  Si la France et en particulier Midi-Pyrénées ont des atouts en matière de mobilité urbaine et de véhicules propres, « nous pêchons par manque de stratégie » note au passage Christian Desmoulins.

 

Côté équipements, Didier Beaulieu, responsable avant-projet du Groupe Cahors, a présenté les bornes développées par cette entreprise dont les versions à charge lente et celles  à charge rapide avec stockage (pour faire du lissage). Ce type de matériel  intègre entre autres des technologies de communication (disponibilité, badge, carte, chargement via le mobile…). Quant à ERDF, l’entreprise a mis en avant la nécessité d’anticiper les alimentations des bornes à savoir le câblage des villes. Des chantiers qui nécessitent du temps (réseau à établir avec poste source, gros transformateurs…). Desservir 10 000 clients  peut exiger 5 ans de travaux ! Entre cet opérateur et le fournisseur de la borne, intervient l’intégrateur pour effectuer le raccordement. Un métier que maîtrise le groupe Fauché comme l’a souligné son directeur.

Les participants au débat ont mis aussi l’accent sur l’importance de la commande publique pour booster la filière. Les acteurs de l’électromobilité, rassemblés au sein d’Automotech vont démarcher les collectivités locales, les administrations…pour dresser la check list de leurs besoins et solutions attendues.

Emma BAO
Diffusé le 14 mai 2013

 

 

(1)           : fourniture du système de traction, du diagnostic électrique, du PC embarqué (télématics products et services), du système de management de la batterie avec la filiale allemande…

 

(2) : densité de Barcelone : 1600 habitants/km2. 60% des déplacements en transports en commun, 40% en voiture.

 

 

Encadré

 

Helem : une commande de 50 Colibus à livrer !

Actualité chargée cette année pour Helem, la société gersoise qui fabrique des véhicules 100% électriques. « Notre récente levée de fonds de 1,1 M€ nous permet de financer tout le  démarrage industriel, la mise au point de la ligne de produits et l’homologation » souligne Sébastien Kulak, dirigeant de l’entreprise.

50 Colibus qui seront utilisés en logistique urbaine pour transporter des petits colis en sec ou en froid sont à livrer. Helem a déjà implanté un site opérationnel à l’île de la Réunion. Helem PACA devrait prochainement ouvrir en collaboration avec Veolia Transdev. A Auch, l’atelier est suffisamment grand pour produire les modèles en série. Dans les versions au catalogue figurent des 6 m3 et des 8 m3

La Pme se positionne d’entrée sur les marchés extérieurs avec l’objectif d’implanter sur place des usines. Cette année seront démarchés le Brésil, la Thaïlande et les USA. Les effectifs sont renforcés cette année, 30 personnes sont à recruter, venant s’ajouter aux 14 collaborateurs actuels. Si tout se déroule comme prévu, 280 salariés seront employés en 2018.

Pour financer la croissance, une 2ème levée de fonds sera à envisager.

 

Encadré

Ville de Blagnac : 5 véhicules électriques

Avec l’entrée en service du tramway, la municipalité a acheté 5 véhicules électriques, « des papamobiles » qui jouent plusieurs rôles : navette de rabattement gratuite vers le tram, acheminent des personnes âgés vers un centre de restauration, relais entre le parking voiture et le marché de plein vent du samedi matin.

Encadré

Autolib déployé sur plusieurs métropoles

Pour installer son réseau de stations et l’Autolib, le groupe Bolloré a demandé des occupations temporaires du domaine public.

Après le succès sur Paris, d’autres villes vont être déployées. Lyon s’est engagé, Bordeaux est favorable, des discussions sont en cours à Marseille. Toulouse ne s’est pas prononcée.

encadré

Boxer Design : expert en véhicules électriques

Depuis 20 ans, l’entreprise développe des véhicules 2 et 4 roues avec des châssis et motorisations innovants. Après le scooter électrique E-Vivacity développé en 2011 avec Saft et Peugeot, cette PME toulousaine travaille actuellement avec BMW sur un projet d’electric motorcycle.

 

Encadré

A retenir

L’automobile en région

-190 entreprises dont 80 spécialisées représentant 11 000 salariés.

-2 Md€ de CA

-Automotech Cluster : labellisé par la PFA, la Plateforme de la Filière Automobile

 

 

 

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