Pierre-Olivier Nau, président du Medef Haute-Garonne.
Alors qu’une troisième vague semble malheureusement vouloir s’imposer, le désarroi ne fait que grandir chez les entrepreneurs. La tentation est forte de reprocher aux acteurs politiques de ne plus agir en conséquence et assez vite.
S’il est fondamental de prévoir un bilan en sortie de crise sur l’agilité de la puissance publique - Etat, Région, Département, Communautés de communes, Mairies -, sur la capacité des entreprises à se faire entendre et celle des élus à les écouter, un état des lieux à mi parcours de la crise est nécessaire.
Les entreprises ont su parler d’une voix, expliquer l’urgence, s’unir au-delà des concurrences, réunir les dirigeants et leurs équipes, pour montrer aux élus le concret de la crise, les immenses risques pour l’emploi, pour leur survie même, puis pour les investissements et l’innovation.
Surtout, elles se sont adaptées et ont scrupuleusement appliqué les demandes gouvernementales. Les entreprises françaises sont agiles et citoyennes.
En face, dès le début de la premier vague, le Politique a apporté une écoute, une réaction très rapide et en général efficace. Grâce à la représentation des entreprises - dont le Medef - les réponses ont été massives et volontaires.
La deuxième vague, qui a donné lieu un autre confinement, a montré peut-être un peu moins d’écoute du politique, assez peu capable d’adapter sa décision à chaque secteur - notamment les commerces, les lieux de culture ou les stations de ski - pour privilégier une décision plus systématique. En réponse, le montant des aides a augmenté, conduisant à une aggravation de l’endettement de la France et une incompréhension forte des entrepreneurs.
Ce nouveau coup dur ne doit pas créer les conditions du creusement d’un fossé entre les élus et les entreprises. C’est pourtant un risque. Ce piège est évitable, de plusieurs manières:
- Multiplier les échanges entres élus, administrations et représentants des entreprises, généraux et sectoriels, du Gouvernement aux Mairies.
- Ne pas limiter ces échanges à une simple écoute bienveillante, mais apprendre des entreprises, de leur agilité et de leur résilience.
- Bâtir des solutions ensemble, former des groupes de travail communs, pIloter le sauvetage et la relance comme un projet partagé.
- Aligner les idées et la communication entre collectivités.
- Et un voeu qui ne devrait pas être pieux: mettre les programmes électoraux et les échéances de côté pour avancer sans tabou !
Cette probable troisième vague est à la fois un risque majeur pour l’économie et une opportunité de montrer que le partage des idées et de la gouvernance des projets économiques est possible. Ce mode de travail collaboratif public/privé est le pari gagnant de la sortie de crise. Il posera les bases d’une coopération durable, utile pour la transformation de nos entreprises et de notre société.
Les entreprises tendent la main. Aux Elus de la saisir.