Dans notre rubrique Tribune Libre, nous laissons la parole à un chef d’entreprise ou une personnalité de l’écosystème local pour avoir son commentaire sur le contexte politique et économique ambiant. En temps que président de la Fédération française du bâtiment (FBTP31), Emile Noyer, aussi à la tête de l’entreprise générale de bâtiment Socotrap, s’inquiète des effets des hausses de prix des matériaux sur l’activité des entreprises de BTP, notamment la difficulté à les répercuter dans les marchés privés.
« Une des conséquences de la crise sanitaire pour le secteur du BTP a été de connaître, dès la fin 2020, des pénuries et retards de livraison qui ont entraîné une hausse sans précédent des coûts des métaux, matériaux et produits de construction. Des hausses qui atteignent +72,8% pour l’acier, +67,2% pour le PVC, +40,7%, pour l’aluminium, +35,8% pour le cuivre... Ce phénomène que l’on pouvait penser passager, en raison la reprise simultanée de l’économie mondiale, a perduré et s’est aggravé avec désormais la hausse du coût de l’énergie, qui impacte des produits jusque-là relativement épargnés (le ciment, les briques et tuiles, les carrelages…).
Une nécessaire actualisation ou révision des prix
Une des particularités du secteur du BTP se situe dans les délais, qui peuvent durer plusieurs mois, entre le chiffrage d’une opération et le démarrage réel des travaux. De fait, dans un contexte comme celui que nous connaissons, il est nécessaire de procéder à une actualisation ou révision des prix. Celle-ci, pratiquée obligatoirement dans le cadre de marchés publics, ne se retrouve pas dans le cadre de marchés privés signés, le plus souvent, à prix ferme.
Des surcoûts impossibles à intégrer
Durement éprouvées par la crise, les entreprises ne sont pas en capacités d’absorber économiquement seules l’intégralité de ces surcoûts. Il s’avère donc nécessaire de répartir équitablement ces hausses entre les différents acteurs de l’acte de construire à savoir, fournisseurs, entreprises du BTP, maîtres de l’ouvrage et jusqu’à l’acquéreur final. Les tensions inflationnistes que nous connaissons devront être appréhendées avec calme et professionnalisme ce qui permettra d’assurer la stabilité d’un secteur de 6 000 entreprises qui emploie sur notre territoire, plus de 34.000 salariés.
Nul doute que les entreprises de construction devront, une nouvelle fois, faire preuve de résilience et d’adaptabilité."