Créé en octobre 1983, le magazine Entreprises Occitanie fête, en 2023, ses 40 ans, et a été mis à l'honneur à l'occasion de la Ref Top Eco, mardi 12 septembre au Meett. Retour sur sa riche histoire.
Emma Bao (à gauche), Jean-Luc Benedini (au milieu) et Sylvie Pomiès (à droite, toujours au journal) ont constitué l'équipe de choc d'Entreprises Midi-Pyrénées puis Entreprises Occitanie durant plus de 30 ans. (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)
Compagnon de route des entreprises de Midi-Pyrénées (aujourd'hui d'Occitanie), contenu plébiscité par les chefs d'entreprises et les salariés et véritable pouls de la vie économique de notre région, Entreprises Occitanie fête, en 2023, ses 40 ans. En octobre 1983, paraissait le premier numéro avec un titre qui fleurait bon le militantisme syndical et patronal poussé à son paroxysme dans les années 80 : "Lois Auroux : la spirale infernale, taxes, grèves etc". "Une revue patronale, elle est là pour rendre compte auprès des chefs d'entreprise de ce que le syndicat patronal fait pour eux, dans la défense de leurs intérêts économiques et sociaux", explique Claude Fontaneau, ancien délégué général du mouvement patronal lors de la création du magazine.
Dans le contexte syndical des années 80
A l'époque, le contexte politique et social était radicalement différent. En 1983, le président de la République se nomme François Mitterrand et deux ans auparavant, la France s'était donnée pour la première fois à un chef socialiste. Les tensions syndicales entre patronat et salariés sont vives et le patronat a besoin de faire entendre sa voix. Avant d'être portée sur les fonts baptismaux en 1983, Entreprises Midi-Pyrénées avait connu un premier prédécesseur. Claude Fontaneau explique :
"Il existait déjà un magazine de l'Union patronale qui s'appelait Les informations économiques et sociales de la région Midi-Pyrénées dont j'ai hérité quand j'ai pris la succession de M. Sobraquès, qui en était le directeur de la publication. Dans ce contexte d'opposition au gouvernement, il fallait un journal qui soit diffusé largement, professionnellement et qui porte les valeurs du patronat, qui sont celles de la libre entreprise".
Un attentat au Belvédère
Le Medef de l'époque, c'était l'Union patronale de Midi-Pyrénées. Ce dernier fut dirigé de 1978 à 1990 par Alain Géraud. Au-delà de faire entendre la voix patronale, un autre événement va accélérer la décision. Alain Géraud se souvient :
"En avril 1983, un attentat, revendiqué par un groupe anarchiste, avait eu lieu au Belvédère. L'Union patronale était mal vue, il y avait un très gros contexte d'hostilité au patronat".
Le premier rédacteur en chef se prénomme Christian Fardou et c'est en 1985 qu'est arrivée celle qui deviendra la cadre (et la mémoire !) du magazine, jusqu'à aujourd'hui : Sylvie Pomiès, la responsable PAO. "Nous avions des machines à écrire au départ et on envoyait les textes aux Parchemins du Midi, l'éditeur", se souvient-elle. C'était l'époque du noir et blanc, avec des plumes acérées et la contribution au magazine de personnalités comme Georges Raillard, photographe ami de Jean Dieuzaide.
Un trio de choc durant 30 ans
C'est à la fin des années 1980 que va se constituer l'équipe de choc du magazine, et ce jusqu'en 2018. Emma Bao débarque en 1987 comme rédactrice en chef et fait rapidement connaissance avec la PAO et son premier McIntosh. "Entreprises Midi-Pyrénées était l'un des premiers journaux à avoir été informatisés", se souvient-elle. Le troisième larron de l'équipe se nomme Jean-Luc Bénédini, qui arrivera un an plus tard, en 1988 après des expériences à La Gazette du Midi et au sein de l'hebdomadaire Croix du Midi. "Nous nous efforcions à constituer un dossier chaque mois et à écrire des choses différentes sur la vie économique", se souvient Jean-Luc Bénédini.
"L'originalité du titre"
Le magazine, désormais édité par l'Union patronale de Haute-Garonne suite à la scission opérée en 1990, prend vite le pouls des dynamiques régionales et atteint le 100e numéro en 1992. Entreprises Midi-Pyrénées a également su s'adapter à ses différentes époques en créant, dès 1999, son premier site internet et en changeant régulièrement de maquette. "L'originalité du titre est qu'il est neutre même s'il appartient à une organisation patronale, le Medef, car il met en avant toute la richesse économique de la région. Le format du magazine est intéressant puisqu'on peut aborder des thèmes en profondeur, notamment à travers les dossiers sur des thématiques diverses, et faire une synthèse de l'info des dernières semaines. C'est un format adapté pour le lecteur qui veut une information complète sur le mois écoulé", indique Juliette Jaulerry, rédactrice en chef de 2018 à 2022.
Puis vint l'arrivée du Top Eco, véritable innovation éditoriale pour refléter la dynamique économique de la région avec, pour débuter, 250 entreprises répertoriées puis 500 avec le Top 500. A son apogée, le Top Eco a référencé jusqu'à 1500 boîtes.
Quelques noms bien connus sont passés par la rédaction d'Entreprises Midi-Pyrénées comme un certain... Eric Giacometti, l'écrivain et auteur de bande dessinée !
L'épreuve d'AZF
Le 21 septembre 2001, l'usine AZF explose et les locaux du Belvédère sont touchés. Un vrai "moment de frayeur" pour la rédaction et un souvenir particulier pour Emma Bao, qui fêtait ce jour-là ses 45 ans. "Une semaine avant, le Medef avait organisé un petit-déjeuner à AZF", se souvient-elle. Le mot résilience n'était pas sur toutes les lèvres à cette époque mais la rédaction s'adapte et réussit à boucler à temps. Hébergés chez Composeur puis au sein d'Interlogement, à Montaudran puis Quint-Fonsegrives (Haute-Garonne), les membres de la rédaction ne reviendront au Belvédère qu'en 2015.
Organisation d'un raid sportif, d'événements autour de l'architecture, montée en puissance du Top Eco : Entreprises Midi-Pyrénées a toujours surpassé son rôle d'acteur médiatique. Lors de la fusion des régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, le magazine prend le nom d'Entreprises Occitanie en avril 2017. Une aventure qui continue pour suivre l'actualité des entreprises dans ce mini pays de 6 millions d'habitants.
Des souvenirs à la pelle !
Emma Bao et Jean-Luc Bénédini ont fait équipe durant 30 ans avant de passer la main à Juliette Jaulerry entre 2018 et 2022 (épaulée par Thomas Alidières). Les souvenirs se ramassent à la pelle mais le duo a forcément des anecdotes à nous faire partager. La parole à Emma Bao :
"Je me souviens d'un sujet sur la mécanique de précision avec une entreprise qui s'appelait les Tontons Zingueurs, de cette volonté de débusquer des filières et de parler du chef d'entreprise qui est dans son coin et dont on ne parle jamais. Je me souviens également de la période moins faste pour l'aéronautique et de l'angoisse des tout-petits, mais aussi d'un producteur d'asticots dans le Comminges qui a refusé au dernier moment de publier un papier sur son entreprise".
Jean-Luc Bénédini, lui, se rappelle de cette conférence sur la Russie qui se tenait à Toulouse, avec un intervenant "qui faisait le plein chez Carrefour car c'était l'époque de la Pérestroïka". Ces 30 ans ont également été le fruit de centaines d'articles et de liens forts tissés avec les entreprises. "J'ai pu faire un reportage en Chine puis à Singapour à l'occasion d'une mission exportation, c'était très enrichissant", poursuit-il.
Coller aux attentes actuelles
Ces 40 ans du magazine ne doivent être qu'un début selon les acteurs de cette riche histoire. "Il faut faire évoluer le support avec les attentes des lecteurs et anticiper le futur avec les enjeux actuels", pense Emma Bao. "Ce sera avec une présence digitale à 100%, toujours avec un beau support papier", étaye Juliette Jaulerry. "Le magazine doit continuer à vivre au moins 40 ans de plus. Ad multos annos !", conclut Claude Fontaneau.