ESPACE : Airbus Defence & Space a engrangé ses trois premiers satellites tout électrique

  

 

 Satellite SES-14

Trois satellites de télécommunication à propulsion tout

électrique conçus et intégrés à Toulouse par Airbus Defence & Space seront lancés en 2017. Le numéro 2 mondial des satellites n’a pas trop tardé pour relever le défi américain. En moins d’un an,  il a engrangé le satellite Eutelsat 172-B, le SES-12 en 2014 et le SES-14 en février 2015. La phase de mise à poste sur l’orbite géostationnaire s’étalera sur trois à quatre mois à l’aide d’un

moteur électrique au lieu d’une semaine environ avec un moteur chimique à ergols classique.

 

Le tout électrique permet de diminuer fortement la masse, pour un satellite de 4 t, environ 3 tonnes d’ergols sont nécessaires contre près de 500 kg pour  un moteur plasmique. Avec le gain de poids on peut  concevoir de très gros satellites  avec des charges utiles complexes multi-mission ou à l’inverse des satellites plus petits avec un lanceur moins cher. En 2011, Boeing avait surpris le monde spatial en annonçant les commandes des deux premiers satellites de moins de 2 t tout électriques complétés par d’autres commandes en 2013. L’arrivée de SpaceX et son lanceur Falcon 9 avec un prix quasi divisé par 2 a changé la donne en abaissant le coût d’environ 40%. La dream team française de l’espace (Etat, Cnes) a réagi avec Arianespace pour développer

un satellite tout électrique adapté à son lanceur. Chez Airbus Defence & Space qui travaille sur ce thème depuis une quinzaine d’années, le projet a été lancé en 2012 au sein du bureau d’études à Toulouse avec pour objectif de lancer les 1ers satellites en 2017. Les moteurs à plasma sont fixés sur des bras orientables pour réaliser à la fois le transfert de la plateforme Eurostar 3000 sur l’orbite géostationnaire et son maintien à poste.

En 2014, Airbus Defence & Space avait passé un accord avec Safran sur l'utilisation d’un propulseur électrique à plasma stationnaire (PPS) développée par Snecma, le PPS-5000, sur la plateforme Eurostar 3000 d'Airbus Defence & Space.

Le principe d’avoir une double source de moteur est conservé avec Safran et la société russe Fakel. A l’inverse des Américains qui ont opté pour des petits satellites tout électrique, Airbus développe des très gros satellites sur la plateforme Eurostar 3000 en version EOR, Electric Orbit Raising. Le SES-12 aura une masse au lancement de 5,3 t avec une puissance électrique de 19 kW et 8 antennes pour le SES-14, 4,2 t, 16 kW et 7 antennes.

Le gain de masse apporté par la propulsion électrique permet de concevoir l’équivalent de deux satellites en un avec deux missions.

Les antennes multifaisceaux sont associées à un processeur numérique de signal transparent. Ce sont les satellites les plus complexes jamais conçus par l’industriel toulousain avec le Ka-Sat. En parallèle, Airbus Defence & Space travaille sur une nouvelle génération de plateforme Eurostar NEO qui arrivera en 2016.

Très flexible, elle sera multi-propulsion tout électrique, hybride chimique électrique ou tout chimique pour offrir la meilleure équation économique au client qui choisit le lanceur. Airbus Defence & Space a réagi très rapidement avec un succès certain auprès de ses clients historiques comme SES au Luxembourg : 12 satellites commandés au total. L’industriel toulousain fournit les 7 plus grands opérateurs de satellites de télécommunication et détient un quart du marché mondial.

Article diffusé par Jean-Luc BÉNÉDINI le 1er mars 2015

A lire aussi