Tout juste deux ans après sa création, à partir d’imagerie satellitaire, Terranis a déjà à son actif la réalisation de services de géo-information sur quelques milliers d’ha de grandes cultures céréalières à l’international et pour de multiples parcelles de vigne un peu partout sur le vignoble de France. En juin dernier elle annonçait lors du salon Toulouse Space Show, la mise en route d’un réseau européen de Pme spécialisées dans les services de géo-information.
Dès la première année d’exploitation en 2014, Terranis dégageait un bénéfice. Explication. L’initiative de la création provient de deux anciens d’Airbus Defence and Space au sein de GEO-Information Services : David Hello et Marc Tondriaux, ex patron de SpotInfoterra. L’idée est venue lorsque l’ex-Astrium Services a commencé à envisager en 2012-2013 le recentrage de ses activités dans la vente d’images satellites (Pléiades, famille Spot, TerraSAR…). Terranis bénéficie d’un accord technique et commercial pour utiliser des technologies logicielles d’Airbus Defence and Space. « Nous avons eu la chance pour une Pme en création de démarrer avec une technologie mature et une base de clientèle existante » relate David Hello, directeur général de Terranis.
70% des affaires proviennent de l’export avec deux services en agriculture de précision, Pixagri et Oenoview. Une 3ème offre destinée à l’aménagement du territoire est en cours de développement, Terramap. Elle sera commercialisée l’an prochain pour par exemple mesurer l’impact du changement climatique ou gérer la politique d’urbanisme des collectivités locales. La part de la R & D représente 25 à 35% du chiffre d’affaires, « Si on n’est pas dans nos métiers constamment innovant avec une chaîne de production toujours plus compétitive, on meurt rapidement ». Terranis emploie une quinzaine de salariés dont certains ont la double compétence, à la fois en agronomie et en télédétection spatiale.
Mais l’entreprise ne compte pas innover tous azimuts ! « On va se concentrer sur quelques expertises surtout liées aux géo-services dans le végétal tout en nous appuyant sur des partenariats comme avec l’ICV, l’Institut coopératif du vin qui a participé au développement d’Oeneview avec Infoterra ou comme nous venons le faire avec le lancement du réseau Eugenius ». Terranis s’est associée avec une dizaine de Pme en France, en Italie, en Pologne, en Allemagne, en Grèce, en Espagne, en Autriche à l’image d’une franchise maillée. Ce projet bénéficie d’un financement européen du programme Horizon 20/20. Concrètement chacun sur son territoire pourra exploiter et proposer les services développés par les membres du réseau. « On peut imaginer que notre partenaire grec utilise notre expertise agricole avec ses clients et inversement pour ses compétences dans les zones côtières».
La matière première de Terranis, ce sont les images satellite achetées auprès de multiples opérateurs ou téléchargées gratuitement comme avec celles du programme Sentinel radar et optique de l’Agence spatiale européenne : « Leur richesse spectrale exceptionnelle nous permet d’améliorer la qualité du service avec un modèle économique attrayant ». Le coût à l’ha est un critère déterminant, « Certains ont des tarifs plus bas mais la qualité d’information n’est pas la même ».
Oenoview : des cartes qui distinguent chaque rang de vigne
Début août 2016, les viticulteurs ont reçu les premières cartes Oenoview de l’état biophysique du végétal au stade de la véraison au moment où le raisin se charge en sucre. Avec ces cartes ultra précises qui permettent de différencier chaque rang de vigne et le conseil d’un œnologue, le viticulteur va pouvoir assembler ses raisins pour obtenir la meilleure qualité. C’est l’objectif du service Oenoview. Pour certains vignobles très dispersés par exemple en Bourgogne, les cartes sont réalisées pour des parcelles de moins d’un ha. Terranis travaille sur l’ensemble du vignoble français mais les surfaces restent modestes. L’utilisation du drone va se développer. « Nous travaillons aussi sur la détection précoce des maladies de la vigne comme la flavescence dorée pour éviter leur propagation ».
Pixagri : les coûts de production de l’agriculteur !
Au Canada, Terranis réalise deux fois par an des cartes de vigueur à l’échelle de l’exploitation pour la plus grande coopérative fédérée du Québec. « Ici l’objectif des agriculteurs c’est de baisser les coûts de production dans la gestion des intrants : les engrais, les traitements phytosanitaires, l’eau ». Les cartes et conseils se traduisent par des plans d’action pour mieux fertiliser ou irriguer à tel endroit de la parcelle de blé, de colza, de maïs…Lors des prochaines récoltes, à partir des analyses, les efforts peuvent être ciblés là où la terre est la plus productive. Pixagri est commercialisée uniquement à l’export. En France c’est le service Farmstar d’Airbus Defence and Space d’où est issue Pixagri qui opère en exclusivité sur déjà 800 000 ha pour 25 000 agriculteurs !
Eugenius : 10 Pme en Europe
Compétences : en urbanisme environnement, prévention des risques, tourisme, eau, agriculture et forêt, changement climatique.
Terranis, Sertit, Spacebel, Terra Spatium, Geoville, Geomer, I-Sea, Planetek Italia,Capital High Tech.
Article diffusé par Jean Luc Bénédini le 01/10/2016