Les antennes actives
Ne plus revoir le scénario du vol MH370 : l 'expérimentation GRICAS
Deux burst envoyés par la balise de l’Airbus MS804 d’Egyptair qui s’est abîmé en mer le 19 mai dernier ont été reçus via le réseau de satellites Cospas Sarsat à 2500 km de là par la station sol Meolut Next installée sur le site de Thales Alenia Space à Toulouse (TAS). Ces infos transmises au CNES ont permis d’aider à la localisation de l’avion et dans la foulée de prouver l’efficacité de la technologie. Avec Meolut Next, Thales Alenia Space se positionne pour la première fois sur le marché des Local User Terminal (LUT) avec une innovation majeure développée avec le support actif du CNES.
En 2018, le réseau des satellites de surveillance (LEOSAR et GEOSAR) chargés d’intercepter les alertes des balises sur la fréquence 406 MHz et de renvoyer l’information au sol vers les LUT évolue vers le système MEOSAR. La charge utile est embarquée sur les satellites Galileo, Glonass et GPS au fur et à mesure de leur mise à niveau.
Thales Alenia Space a imaginé un concept disruptif composé de 2 antennes plates dites « actives » et de petite taille, constituées chacune de 64 patches, le tout dans un shelter occupant à peine 15m2. Les fabricants américains et canadiens proposent une solution classique comprenant 6 antennes paraboliques et mobilisant environ 10 000 m2 au sol.
Meolut Next offre un rapport coût/performance nettement plus avantageux. La station est capable de suivre davantage de satellites, une trentaine contre six pour les systèmes concurrents. La zone de couverture est augmentée et la précision est également améliorée d’un facteur 2 à 3. N’utilisant aucun système mécanique mobile, contrairement à la MEOLUT classique, la Meolut Next permet de réduire de façon importante les coûts de maintenance et de fonctionnement et ceci pour une durée de vie très longue. De plus, la station est facilement déployable , Thales Alenia Space proposant un shelter au format standard d’un container 20 pieds.
La première commande est attendue en 2016. Une douzaine d’exemplaires sont susceptibles d’être livrés d’ici 2018-2019 partout dans le monde.
Lancé en 1984 par la France, le Canada, la Russie et les USA sous l’égide de l’ONU, le système Cospas-Sarsat a sauvé 40 000 vies. Les autorités publiques sont très intéressées car il contribue également à diminuer les frais de recherche en permettant de localiser rapidement et précisément des avions, navires et personnes en détresse.
Les performances de Meolut Next présentées en juin dernier à Montréal lors d’une réunion de l’organisation COSPAS/SARSAT ont été très remarquées. « Nos spécifications sont au-dessus des exigences demandées par l’organisation » commente Philippe Larhantec de Thales Alenia Space. Le projet est le fruit d’un héritage technique et de la collaboration étroite avec le Cnes qui a contribué à l’émergence et au développement de Meolut. « En fait nous avions déjà en interne les trois principales briques techniques nécessaires pour concevoir la Meolut Next».
Concernant les antennes actives, TAS a produit il y a une quinzaine d’années le processeur de la charge utile des satellites LEOSAR. La technologie d’antenne active remonte au satellite Stentor, exploitée ensuite sur les constellations comme Globalstar ou Irridium Next dont le déploiement va démarrer dans les prochains mois. Pour le décodage des signaux des balises, depuis les années 90, TAS est fournisseur exclusif des cartes embarquées à bord des satellites LEOSAR qui permettent de décoder les signaux envoyés par les balises de détresse. Quant aux algorithmes de localisation, TAS est maitre d’œuvre des systèmes de navigation d’Egnos et du segment sol de mission de Galileo depuis plus de 15 ans déjà.
GRICAS : Pour que la disparition du vol MH370 de la Malaysia Airline ne se reproduise plus ?
Le scénario de la disparition du vol MH370 de la Malaysia Airlines fera partie des tests du démonstrateur européen GRICAS, fruit d’un projet Horizon 2020 financé par la Commission européenne. Le but est de vérifier le futur système qui améliorera le suivi des avions et leur localisation en cas de détresse. Le démonstrateur s’appuiera sur le service MEOSAR et comprendra une station sol Meolut Next ainsi qu’une balise intégrant un récepteur GNSS.
Ce récepteur GNSS va permettre à cette balise autonome d’être activable depuis le sol via la voie retour de Galileo (Return-Link Message) si l’avion disparait des écrans du contrôle aérien et que les communications avec l’avion sont rompues. C’est sans doute l’innovation majeure qui répond au cas du vol de la Malaysia. Le contrôle aérien enverra l’alerte et recevra en retour la localisation de l’avion. Le démonstrateur GRICAS simulera également les trois autres modes de fonctionnement avec le déclenchement manuel par l’équipage ou automatiquement suite à un crash, un feu.., ou en cas d’évènements graves à bord définis par l’EUROCAE comme une vitesse de vol trop élevée, la perte de puissance des moteurs…..
GRICAS fait partie des projets H2020 de la Commission européenne et s’étale sur 2016-2017. Thales Alenia Space est coordinateur du projet qui comprend le fabricant de balise Elta (France), le Cnes, STmicroelectronics (Italie), Pildo Consulting (Espagne), l’Asecna au Sénégal et l’aéroclub de Barcelone. Il bénéficie également du soutien actif du BEA, la DGAC, d’Airbus et de compagnies aériennes. Après une phase sur Flight Simulator, les tests seront réalisés sur un petit bimoteur à Barcelone, puis sur des avions à vocation commerciale à Toulouse et Dakar. GRICAS veut ainsi contribuer à améliorer la détection des avions en détresse en faisant évoluer les standard OACI et COSPAS/SARSAT. Infos supplémentaires sur www.gricas-gsa-project.eu
Article diffusé par Jean Luc Bénédini le 01/10/2016