ESPACE : Thales Alenia Space se transforme en profondeur avec une myriade d’innovations

 

 

Ça bouge très fort chez Thales Alenia Space. Avec le plan de transformation « Ambition Boost » initié en 2013, les processus sont  revus de fond en comble sur tous les sites y compris Toulouse pour franchir un palier de compétitivité jamais vu dans l’entreprise face à une concurrence tous azimuts. Le plan produit  est tout aussi ambitieux avec une série d’innovations proposées au marché mondial dans les plateformes, l’observation de la terre, les constellations….

 

« C’est un gros chantier dans l’ingénierie, les ateliers, les fonctions transverses, pour trouver de nouvelles idées, réduire les coûts, être plus efficace. L’ensemble de l’entreprise adhère car le personnel a constaté les résultats du travail réalisé. En 2014 nous avons ainsi gagné 5  satellites de télécommunications » relate Jean-Pierre Vialaneix après deux années de chute des commandes. L’entreprise s’est remise en cause en profondeur par exemple avec davantage de polyvalence et moins de spécialisation pour certains postes, plus de standardisation, de simulation, l’utilisation de moyens de calcul haute performance du CEA, l’automatisation de process dans les ateliers…. Le carnet de commandes s’est regarni avec l’opérateur russe Gasprom Space System, KTSAT en Corée, Condosat avec Inmarsat-HellaSat et l’opérateur indonésien Telkom. En observation de la terre, l’Agence spatiale italienne (ASI) a débloqué une tranche de financement pour les deux satellites du programme COSMO-SkyMed, le Cnes a lancé SWOT et les Emirats Arabes Unis,  les deux satellites du projet Falcon Eye réalisé en partenariat avec Airbus Defence & Space. Côté investissements, après la construction d’un nouveau bâtiment à Toulouse de 8500 m2 livré en juillet 2014 accueillant 550 salariés, un nouveau moyen dédié à l’instrumentation optique est en construction à Cannes. A l’international, le groupe a renforcé sa toile en Europe pour capter entre autres des budgets institutionnels avec l’ouverture d’un nouveau site en Belgique à Leuven, au Royaume Uni avec le rachat de SEA, une Pme de Bristol dédiée à l’ingénierie système embarquée. Au Brésil elle accompagne le développement de l’industrie spatiale locale avec le contrat cadre SGDC incluant des transferts de technologies. Simultanément les marges de manœuvre et les ressources  humaines dégagées par le plan « Ambition Boost » ont été affectées aux nouveaux programmes innovants. «Face à une évolution de la demande spatiale mondiale devenue très difficile à prévoir, notre stratégie c’est d’aller vers une entreprise très agile avec une offre poly forme ». L’industrie spatiale a changé de braquet !

Nouvelle génération de plateforme Spacebus NEO

Le premier Spacebus (1) avait été lancé en février 1985 ! La nouvelle plateforme (qui supporte les charges utiles de télécommunication) Spacebus NEO  est une réalité dans les ateliers  avec au départ une version hybride dotée d’une propulsion chimique pour la mise à poste et électrique pour son maintien jusqu’à 16 kW de puissance et 1,4 t de charge utile. Cet été la version tout électrique sera prête. En 2016 la gamme s’étendra au très gros satellite. Les ingénieurs sont partis d’une feuille blanche pour construire une gamme depuis  du  petit satellite géostationnaire au très gros satellite jusqu’à 20 kW de puissance et 2 t de charge utile, avec une conception modulaire, des composants standards, des nouvelles technologies pour les cellules solaires, le contrôle thermique, un processeur numérique transparent permettant d’adapter la puissance au trafic… « C’est un lego industriel très flexible qui permet aux clients de choisir jusqu’au dernier moment le satellite et le lanceur ». 

(1) 40 satellites Spacebus sont opérationnels en orbite dont 23 avec la version Spacebus 4000 qui a cumulé 128 ans de fonctionnement, le premier ayant été lancé le 3 février 2005.

 

Observation optique et radar : une nouvelle offre

TAS a développé sur fonds propres un nouveau système d’observation optique et radar HR, Earth-Observer Optical et Earth-Observer SAR. Avec une résolution de 70 cm ces produits sont notamment destinés à l’export : la complémentarité optique et radar permettant d’avoir au besoin une continuité parfaite de l’observation quelles que soient les conditions nuageuses. Avec le contrat SWOT, TAS fournira à nouveau l’altimètre de cette mission dans la lignée des missions  Poséidon et Jason, indispensable pour mesurer la hauteur de l’océan, devenue un complément essentiel des prévisions météorologiques et de l’océanographie opérationnelle exploitée entre autres par la société toulousaine CLS.

StratoBus : le dirigeable de l’espace 

Il y a un an, Thales présentait le projet StratoBus. Un ballon dirigeable de 100 m de long, 33 m de diamètre placé à 20 km d’altitude, stationnaire avec un moteur à hélice et totalement autonome en énergie. Sa nacelle pourra supporter des charges utiles jusqu’à  200 kg pour l’observation de catastrophes naturelles ou de situation de crises,  les télécommunications mobiles, la navigation GPS. TAS s’est associée avec Zodiac qui fournira la peau du dirigeable et le CEA-Liten. L’énergie captée par les panneaux solaires, sera amplifiée par un concentrateur et stockée dans des piles à combustible,  le dirigeable tournera sur lui-même pour suivre le mouvement du soleil ! Positionnable n’importe où dans le monde rapidement, StratoBus intéresse plusieurs pays.

 

Constellation Oneweb : 680 satellites en orbite !

Thales Alenia Space a répondu à l’appel d’offres pour la constellation Oneweb composée dans une première phase de 680 satellites de 100 à 150 kg positionnés à 1200 km d’altitude dont le démarrage est annoncé en 2018. Un millier d’exemplaires supplémentaires  sont envisagés pour 2020. Le projet est porté par trois figures emblématiques du business mondial de l’internet, Greg Wyler, pdg de 03b Networks, Richard Branson pdg de Virgin et Paul E. Jacobs, patron de Qualcomm.  TAS  est bien placée car l’industriel a déjà gagné la première constellation de 12 satellites  03b Networks dédiée à l’internet placée en orbite à 8000 km entre 2013 et 2014 qui   fonctionne nominalement. En cas de victoire, un schéma industriel inédit sera déployé pour fabriquer et assembler en quasi grande série des satellites avec dans la foulée une offre de lanceurs très importante.

Iridium NEXT : 1er satellite lancé en 2015

Le premier  des 81 satellites de la constellation de téléphonie mobile à couverture mondiale Iridium NEXT sera lancé en 2015 en respectant le calendrier annoncé en 2010 au lancement du projet. Le chef de projet de ce programme de 2 milliards de $ est basé à Toulouse où il a été conçu. « C’est le système de télécommunication spatiale le plus complexe jamais réalisé avec des satellites interconnectés entre eux» précise JP. Vialaneix. L’ensemble du système, charge utile- antenne, est validé, les équipements des 10 premiers exemplaires sont fabriqués, 5 satellites sont en intégration chez Orbital aux USA.

Galileo : maintenir  les compétences à Toulouse

C’est le site de Toulouse qui continue pour le compte de la Communauté européenne à faire évoluer  et améliorer le système Galileo et son infrastructure sol. Les ingénieurs toulousains avaient donné un coup de main à OHB pour sécuriser l’industrialisation des satellites IOV. Chez TAS ont tient à garder ces compétences très convoitées notamment par l’Allemagne. Galileo constitue un programme majeur dans la durée à l’instar du GPS.

 

 

Effectif : 2500 salariés à Toulouse, 3000 avec les sous-traitants, 7500 au total dont 4500 sur Toulouse et Cannes.

Article diffusé par Jean Luc Bénédini le 1er mars 2015

 

 

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