Ce n’est pas la Berezina au sein des bureaux d’études alimentés en très grande partie ces 25 dernières années par Airbus. Certes, les grands programmes sont arrivés à terme avec un catalogue complet d’appareils et il faudra attendre quelques années pour mettre en route le remplaçant de l’A320. Pour l’heure, il y a encore de l’activité dans l’incrémentation avec l’A330 Neo, des versions rallongées à designer. Les marchés hélicoptères recèlent de bonnes perspectives. Quant au spatial, cette branche reste dynamique sur tous les fronts (satellites d’observation de la terre, de télécommunication…)
Si les grosses structures multi-sites et multi-métiers s’adaptent mieux et arrivent à compenser le régime maigre subi dans les études, les sociétés pure player ont du mal à absorber l’inversion du cycle. « Nous sommes impliqués en première ligne pour accompagner la filière, l’aider à capter de nouvelles opportunités » indique Patrick Bodenan, en charge du suivi de la filière aérospatiale à la Direccte LRMP (1)»
Une des premières alternatives est de prendre position sur le manufacturing engineering. La forte montée en cadence de la fabrication des avions conduit à repenser l’usine, les procédés, l’organisation…Les besoins en automatisation du contrôle, test, inspection qualité sont importants. Airbus a déplacé vers ses sites de production (Nantes, Marignane…) des ressources qui étaient affectées au développement des programmes. Réaliser les modifications avions au plus près des chaînes, imaginer de nouveaux concepts optimisant la productivité et la performance au sein des ateliers…autant de grain à moudre pour les sociétés d’études et ingénierie.
Autre piste à exploiter, le customer service avec le soutien opérationnel aux compagnies aériennes. Ces dernières sous-traitent de plus en plus la maintenance de leurs flottes, les chantiers de retrofit…. Les avions comportant de plus en plus de technologies, les transporteurs aériens recherchent des spécialistes pour assurer l’entretien et prévenir les risques de pannes avec des méthodes big data et autres…C’est dans ce type de services qu’il y a de la valeur ajoutée à récupérer estiment les constructeurs et les systémiers.
Plus généralement, les systèmes embarqués, le logiciel, l’industrie du numérique mais aussi l’ingénierie de production…sont des passerelles à emprunter par ceux qui ont capacité à être caméléon.
Pour aider les ingénieurs en conception à intégrer l’ingénierie de process et autres métiers porteurs, une action collective de formation a été lancée. Une vingtaine d’entreprises ont proposé à leurs salariés cette reconversion. Etalé sur 2015 et 2016, le dispositif bénéficie d’un financement du Fafiec, de l’ADEC (2), de la Direccte afin de faciliter les mutations dans l’aéronautique. Dans ce contexte tendu, la mobilité intellectuelle et physique est plus que jamais nécessaire même si ce n’est pas évident à mettre en œuvre. Une transition qu’il faudra gérer au cas par cas.
Emma Bao
Diffusé le 1er mai 2016
(1) : Patrick Bodenan est aussi copilote du Comité Stratégique de la Filière Régionale Aerospatiale (CSFR Aérospatial) »
(2) : Action de développement de l’emploi et des compétences
Le Pass Compétences
Avec cette mesure, les grands groupes mettent à disposition pendant un ou deux ans, du personnel au sein des PME. Ces dernières financent 60% du poste, la Région pouvant alléger cette quote-part via un contrat d’appui. Les 40% restent à la charge du grand groupe. Porté par la CCI de Région avec le concours de l’Etat et de la Région, le Pass Compétences a retenu l’intérêt de sociétés d’ingénierie qui ont mis des ressources à disposition des PME.