Restitution de l'études FA à Toulouse
Ne pas rater la vague mondiale de la fabrication additive et surtout dans le métallique afin de maintenir les emplois dans la filière aéronautique et spatiale ! C’est en résumé la volonté des pouvoirs publics exprimée par Nadia Pellefigue, la VP du Conseil régional lors de la restitution de l’enquête sur la « fabrication additive en Occitanie, enjeux et impacts » le 10 janvier 2017 au Belvèdère à Toulouse.
Une trentaine d’entreprises en Occitanie dont une majorité de PME en plus des donneurs d’ordre (Airbus, Liebherr, Daher, Latécoère, Ratier Figeac, Stellia, Thales, Cnes, Safran) sont d’ores et déjà positionnées sur tout le cycle de la FA tant sur la fabrication de machine, la production de poudre, les études, la fabrication, que la finition et le contrôle. Une minorité d’acteurs ciblent la santé, le BTP, dans la FA métal ou polymère. Tous ne sont d’ailleurs pas référencés dans cette enquête car de nouveaux entrants sont déjà apparus depuis la fin du recensement en juillet 2016. A priori le recours à la sous-traitance serait privilégié par les grands comptes. Sans surprise quasi tous les sous-traitants travaillent et dépendent étroitement de la filière aérospatiale régionale en visant la FA métal en priorité. Le groupe Weare avec Prismadd piloté depuis Montauban est sans doute l’entreprise la plus ambitieuse pour offrir d’ores et déjà des solutions de FA sur plusieurs technos à l’échelle nationale et internationale, avec des références industrielles.
Deux filières bien adaptée à la FA
La chance en Occitanie c’est d’avoir deux filières, l’aéronautique et le spatial en croissance. Elles collent bien avec la FA : des petites séries, voire des productions à l’unité pour le spatial, avec des barrières techniques à l’entrée fortes en termes de qualification et normalisation. Au-delà de 1000 exemplaires par an (10 000 pour les polymères), l’intérêt de la FA métal reste limité avec des coûts prohibitifs, des temps de fabrication longs. Du côté des labos et plateformes, une vingtaine en Occitanie ont ou vont se doter de compétences et moyens techniques.Le marché démarre à peine, soit 25 M€ pour la France en 2015 dans la FA métal et 220 M€ pour la FA polymère (plastique). La demande va croître progressivement mais décollera réellement à l’horizon 2025 avec le lancement des nouveaux programmes d’avions.
La maturité technique encore insuffisante
Clairement la maturité technique est très loin d’être acquise pour toutes les pièces métal et composite d’un avion, qu’il s’agisse des pièces moteurs, des aérostructures, et l’écart s’accroît avec la criticité de la pièce et ses dimensions. « Nous n’avons pas aujourd’hui de machines avec des performances suffisantes, la répétabilité nécessaire. Deux challenges sont devant nous : la qualification et l’industrialisation » indiquait le responsable de la plateforme AM d’Airbus Jérome Rascol. Thierry Thomas, son homologue chez Safran tenait des propos similaires. Un gros travail de recherche et la connaissance de la métallurgie sont indispensables élargir le périmètre. Les PME ont toutefois tout intérêt déjà à suivre de prés la FA, voire à se former aujourd’hui, se positionner sur une technologie et une série de pièces et d’applications, dans les outillages. Investir lourdement dans la FA métal apparaît toutefois hasardeux avec l’obsolescence rapide des machines pour des volumes faibles. Il y a encore du temps indiquait le directeur d’Aerospace Valley même si la maturité est toujours un long chemin dans l’aéronautique. L’impératif de coût est omniprésent. Les techniques de fabrication actuelles ont encore de beaux jours. D’autant que les pièces sont finies dans les ateliers d’usinage. Il y a déjà des fondeurs comme Ventana qui regarde le potentiel notamment pour fabriquer des moules en FA. Cette nouvelle technologie comme le composite il y a une vingtaine d’années rebat les cartes avec de nouvelles opportunités. La fabrication de pièces d’aérostructures de moyennes et grandes dimensions en FA n’est pas envisagée sur le moyen terme.
Actualité : convention d’affaire et formation
La première convention d’affaires sur la FA, AAMS, Aerospace Additive Manufacturing Sumit organisé par Aerospace Valley et Madeeli, et confiée à ABE (Aeromart) se déroulera les 21 et 22 novembre à Diagora Labège.
Madeeli et l’UIMM Midi-Pyrénées lancent une étude pour identifier les besoins en formation et recrutement dans la FA.
L’IRT St-Exupéry : trois machines en 2017-2018s
Trois machines équiperont la plateforme fabrication additive de l’IRT St-Exupéry dédié métal soit un investissement de 2 M€. Elles seront regroupées courant 2018 sur le nouveau site à Toulouse Montaudran Aerospace dans le bâtiment B612. Une machine FA du fabricant français Beam EBM (Aracam Q20+), une machine par dépôt de poudre par fusion laser LMD de Beam et une machine de compaction isostatique à chaud.
Dixit G. Casamatta le président de l’IRT St-Exupéry, elles seront mises à disposition pour les projets de R & D, la formation, le pack PME FA et d’éventuelles prestations de service. Les projets sont co-organisés et mutualisés avec les IRT Jules Verne, M2P, SystemX pour couvrir la FA métal et composites métal, les polymères et les céramiques. Une dizaine de projets sont lancés dédiés FA mobilisant 32 M€ dont 16M€ apportés par l’IRT ST Exupéry. Les entreprises adhérentes de l’IRT, grandes comptes et PME apportent leur contribution en partie par la mise à disposition de personnels.
2ème appel à études de faisabilité
Un nouvel appel à études de faisabilité est lancé auprès des PME pour mesurer si leur projet FA est viable ou pas. 5 dossiers avaient été soutenus dans le 1er appel en 2015.
Un groupe de réflexion en FA est créé dans le cadre du Comité stratégique de filière régionale aéronautique.
Dans l’aéronautique :
En 2018 – 2020, arrivée à maturité industrielle de machines FA métal. A partir de 2025, des volumes avec de nouveaux programmes.
Jean Luc Bénédini