Le taux d’évolution des crédits bancaires en faveur de l’économie française est supérieur d’environ deux points à celui du PIB national. « Nous jouons pleinement notre rôle d’accompagnement des entreprises tout en prenant des positions raisonnées car nous prêtons avec les dépôts de nos épargnants » souligne Yvon Malard, Président régional de la Fédération Bancaire Française et Directeur général du Crédit Agricole TOULOUSE 31. Cet établissement gère 7 Mds € de crédits refinancés par une collecte bilan de 6.3 Mds€.
En pleine tourmente financière, les banques françaises ont prouvé leur solidité (1) et les emprunts de liquidité contractés pendant la crise ont été remboursés à l’Etat avec intérêt donc sans impact pour le contribuable. Autre caractéristique, le financement de l’économie en France est assuré à 75% par les banques et 25% via les marchés soit des proportions inverses à ce qui se pratique aux USA. Le modèle français est vertueux, les crédits en France sont moins chers qu’en Europe (taux moyen à 2,61%), l’encours de crédit aux PME et TPE progresse depuis 2009. Or, si ce système a fait ses preuves, il va être chamboulé avec les contraintes réglementaires (Bâle 3) s’imposant aux banques européennes.
Les conséquences pour les entreprises ?
En exigeant de nouveaux ratios de solvabilité avec un relèvement des fonds propres par rapport au volume de crédits distribués (sur une base 100 de crédit, l’indice de fonds propres de base passe de 2 à 9), les marges de manœuvre se réduisent. La multiplication par 4 de la solvabilité entraîne un resserrement du crédit, contraignant les entreprises à se financer directement sur les marchés. Déjà les financements structurés (accordés par exemple en dollars aux compagnies aériennes) se déportent de l’Europe vers les USA qui ont retiré leurs avoirs en dollars sur l’UE. « Nous nous sommes tirés une balle dans le pied, lâchant aux Américains le financement de nos projets européens !» déplore Yvon Malard. S’il reste confiant sur le rôle joué par les banques de proximité, elles ne pourront pas satisfaire toute la demande. Les PME devront émettre des emprunts obligataires. Ce qui induit un cycle d’accès au crédit plus long, l’intervention d’agences de notation, davantage d’intermédiaires et in fine un renchérissement du crédit. Les entreprises n’étant pas armées ou mal préparées pour agir sur les marchés, le réseau bancaire aura vocation à les aider avec la mise en place de solutions spécifiques.
Quant à la future banque publique d’investissement, « c’est une bonne initiative à condition qu’elle ne devienne pas un « mammouth », que le pouvoir de décision dépende de professionnels du risque de crédit et non de contingences politiques, tout en acceptant que les régions définissent les filières à privilégier en termes d’orientations stratégiques conclut le Président régional de la FBF.
Emma Bao
Diffusé le 30 novembre 2012
(1) : 80% du marché bancaire est détenu par les 5 réseaux majeurs