Le 2ème forum économique de Toulouse a fait salle comble, mobilisant les chefs d’entreprise mais aussi de nombreux politiques et acteurs publics du développement. Placée sous le thème de « L’économie positive : faire de l’avenir la plus belle des entreprises », cette journée organisée par la CCI de Toulouse sera assortie d’actions concrètes. En ouvrant les travaux, le président Alain Di Crescenzo a rappelé les objectifs de cette manifestation qui encourage à jouer collectif, à fédérer les forces car l’économie c’est l’affaire de tous ! Acteur de prospection et d’anticipation pour donner un coup d’avance aux entreprises, l’institution consulaire a voulu à travers ce forum mettre en valeur les pôles d’excellence régionaux, mieux armer les entrepreneurs face aux défis à relever et aux changements à intégrer. Les règles du jeu sont différentes (« orientalisation » des affaires de l’occident vers l’orient, mondialisation, fracture Europe du Nord et Europe du Sud…). « S’ancrer dans l’économie positive, c’est une façon d’agir pour arriver à la création de valeur et d’emplois ! ». La « coopétitivité » est une voie à suivre, elle allie tous les leviers générateurs de compétitivité et une économie responsable, une coopération intra et extra entreprise. « N’oublions pas qu’une entreprise est une affaire d’équipe ! Donnons aussi aux jeunes l’envie d’entreprendre » a souligné Alain Di Crescenzo en introduisant le premier atelier sur « l’agilité économique, faire de la crise une opportunité de développement ».
Martin Malvy, président de Région a évoqué la création par l’Etat d’une Banque publique d’investissement régionalisée. Elle serait dotée de 30 Mds d’€. Les Régions seraient impliquées dans le comité d’engagement. Le dispositif est attendu fin 2012. L’outil serait réservé aux TPE, PME et ETI.
Christian Saint-Etienne, professeur titulaire de la Chaire d’économie industrielle au CNAM : L’Europe dysfonctionne faute de coordination fiscale et sociale. Elle est une bureaucratie qui casse les stratégies nationales. Elle est un terrain de jeu trop libre face à des pays qui sont protectionnistes. La France manque d’ETI, elle en compte 4000 alors qu’il en faudrait 12 000. L’Etat doit aussi se restructurer, devenir stratège avec une vision à moyen et long terme.
En France, sur 65 millions d’habitants, 28 à 32 millions sont des actifs ; il manque 3 à 5 millions d’emplois par rapport à nos compétiteurs où 45 à 50% de la population travaille !
Michel Hibon, président du Groupe Cahors : Il faut revoir nos process, les entreprises françaises ont un problème de marge. On mise sur l’innovation mais on réussit en étant bon vendeur. Les Français ne sont pas assez « marchands » ! Quant à la propriété intellectuelle, difficile de la protéger, les pays émergeants exigent des transferts de technologies, des partenariats pour pouvoir s’y implanter. «Tout fini par être copié avec le temps !».
Pénurie de compétences : un « Comité des grands employeurs »
« Nous avons créé un centre de formation interne face à la pénurie d’opérateurs qualifiés. Ce n’est pas la solution idéale et nous perdons des compétences qui partent dans les grands groupes » soulignait Patrick Razat, le patron de Mécahers, une Pme spécialisée dans les aérostructures pour l’aéronautique lors du débat sur l’adéquation offre-demande d’emploi. Jean-Luc Candelon, le président de Scopelec indiquait que dans les métiers de la fibre optique, aucun module n’était en place. « Trop de formations ne servent à rien, on dépense trop pour peu de résultats » lancait Olivier Pastré, professeur de l’Université Paris 8. Face à ce problème récurrent dans les filières qui recrutent et malgré les actions réalisées par Pôle Emploi, les branches comme l’UIMM, le Rectorat… Alain Di Crescenzo a pris l’initiative « de créer Un Comité des grands employeurs » afin d’anticiper les besoins de compétence.
Passer de l’innovation au produit sur le marché
Comment passer de l’innovation en laboratoire au produit marché et favoriser l’émergence d’ETI ? Les bienfaits des pôles de compétitivité en rapprochant la R & D publique et les entreprises ont été soulignés lors de la dernière table ronde. Mais au lieu d’avoir 70 pôles sur le territoire, il faudrait les concentrer autour d’une dizaine de niveau mondial tout en mobilisant plus de moyens. Jean-Luc Maté, de Continental Automotive Engineering soulignait en conclusion que rien n’est perdu, « nous sommes capables en Midi-Pyrénées de fabriquer en masse des innovations abordables au sein du pôle Aerospace Valley ».
Diffusé le 24 janvier 2012