Lundi 11 mars 2024, se tenait, à l'immeuble du Belvédère de Toulouse, la session annuelle de la Chambre d'agriculture d'Occitanie. Jean-Louis Cazaubon, vice-président de la Région Occitanie, a notamment évoqué le sujet de la gestion de l'eau.
Jean-Louis Cazaubon, vice-président de la Région Occitanie en charge de la souveraineté alimentaire, a défendu la construction de barrages dans le futur. (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)
Lundi 11 mars 2024, la Chambre d'agriculture d'Occitanie organisait sa session annuelle dans l'immeuble du Belvédère, à Toulouse (Haute-Garonne). Une réunion qui a permis de faire le point sur plusieurs sujets cruciaux comme l'état de chaque filière, le bilan financier des exploitations et l'état des lieux du foncier agricole, dans le cadre de la présentation de l'Agriscopie 2023.
"Nous avons besoin d'une vision plus globale"
Plusieurs intervenants étaient présents lors de cette session annuelle, comme Sébastien Windsor - président de Chambres d'agriculture France - et Jean-Louis Cazaubon - vice-président de la Région Occitanie en charge de la souveraineté alimentaire, de la viticulture et de la montagne. Le premier a notamment évoqué la crise agricole française et la stratégie de l'Etat pour résoudre les problèmes soulevés lors des différentes manifestations :
"Si cette crise agricole a débuté en Occitanie, ce n'est pas un hasard. Votre région est confrontée de manière significative à toute une série de problématiques telles que le réchauffement climatique, l'irrigation et les défis du bio, qui touchent l'ensemble des agriculteurs. Je prends en compte vos préoccupations sur ces différents sujets. Les mesures prises par l'État vont dans la bonne direction, mais elles ne sont pas suffisantes. Les aides annoncées permettent de répondre à l'urgence, mais nous avons besoin d'une vision plus globale. Nous avons longtemps dirigé en fonction de normes sans réellement avoir de cap défini".
700 réseaux collectifs en Occitanie
Parmi les thématiques abordées, figurait notamment celle de la gestion de l'eau. L'eau en Occitanie, c'est un élément clé de la prospérité agricole qui revêt une importance cruciale, tant dans le contexte de l'irrigation agricole que pour l'abreuvement du bétail dans les zones d'élevage. La moitié des surfaces irriguées dans la région bénéficie de l'irrigation collective, une proportion notablement supérieure au niveau national, qui atteint un tiers. Les quelque 700 réseaux collectifs présents sur le territoire contribuent à la singularité et au patrimoine régional. Une étude socio-économique menée en 2021 sur le bassin Adour-Garonne a révélé que l'irrigation génère 18% des volumes de la production végétale (hors vignes), représentant 41% de la valeur totale de cette production.
L'irrigation ne se limite pas à garantir des rendements sécurisés ; elle assure également la qualité des produits agricoles. Dans certains cas, elle offre même l'accès à des cultures à haute valeur ajoutée. Les exploitations utilisant l'irrigation parviennent ainsi à créer davantage de valeur par unité de surface, limitant ainsi la nécessité d'agrandir les exploitations. En outre, l'irrigation contribue à renforcer la résilience des exploitations en autorisant la production d'une diversité de cultures. Elle aide également à faire face à des événements climatiques extrêmes, tels que les sécheresses ou les gels de printemps en arboriculture.
Les "bienfaits de l'irrigation"
L'accès à l'eau émerge comme l'un des leviers majeurs de la transition agroécologique, en permettant l'allongement des rotations avec des cultures diversifiées. Dans certains territoires d'Occitanie, la disponibilité de l'eau devient une condition sine qua non, facilitant voire conditionnant la reprise des exploitations et l'installation de jeunes agriculteurs.
Lors de la session annuelle de la Chambre d'agriculture d'Occitanie, un céréalier de Lauragais a exprimé son opinion sur la question de l'irrigation :
"Il est essentiel de prendre pleinement conscience des bienfaits de l'irrigation pour nos régions. Si le projet de barrage de Charlas ne se concrétise pas, le grand Lauragais est condamné !"
Jean-Louis Cazaubon, vice-président de la Région Occitanie, a répondu que "depuis l'événement de Sivens (Tarn), les collectivités sont excessivement prudentes. Rien n'est entrepris dans cette région à l'ouest. Pourtant, il sera indéniablement nécessaire de construire des barrages à l'avenir".
Entre 2010 et 2020, la part irriguée de la Surface Agricole Utile (SAU) en Occitanie a connu une augmentation significative de 14,4%. Cette hausse pourrait indiquer l'utilisation croissante de l'irrigation comme stratégie d'adaptation au changement climatique, avec une redistribution des volumes d'eau pour mettre en place une irrigation d'appoint, par exemple, pour les semis de céréales ou pour pallier le manque d'eau exceptionnel dans la viticulture.
(avec Dorian Alinaghi)
Le Conseil départemental de Haute-Garonne organise un colloque intitulé "Eu et changement climatique en Haute-Garonne", deux jours avant la Journée mondiale de l'eau, le 22 mars 2024. "Nous invitons les Haut-Garonnaises et les Haut-Garonnais à venir échanger autour de la question de la ressource en eau dans le département, à l’heure où les effets du changement climatique s’accélèrent partout sur la planète", indique la collectivité.Le matin sera consacré à l'intervention de plusieurs grands témoins tels que Denis Cheissoux (journaliste à France Inter), Jean-Michel Soubeyroux (directeur adjoint de la climatologie à Météo France) et Emma Haziza (experte en hydrologie). L'après-midi, deux tables rondes seront organisées autour des thèmes "La mobilisation de tous sur la recherche de solutions innovantes" et "Une démarche concrète sur la Haute-Garonne : le projet de territoire Garon'Amont".
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