Depuis septembre 2020, Saint-Gaudens (Haute-Garonne) fait partie des 13 sites proposant un campus connecté en Occitanie. Comment ça marche ? Réponse avec Magali Armagnac, coordinatrice du dispositif.
Magali Armagnac, coordinatrice du campus connecté de Saint-Gaudens. (Photo : DR)
Magali Armagnac est la coordinatrice et tutrice méthodologique du campus connecté de Saint-Gaudens (Haute-Garonne), au pied des Pyrénées. Elle explique la raison d'être de ce lieu et son rôle dans le territoire commingeois.
Comment est né le campus connecté de Saint-Gaudens ?
L'idée est venue lors des Grands Débats, au printemps 2019, qui avaient suivi l'épisode des Gilets Jaunes. À cette période-là, les gens nous avaient indiqué que les populations rurales avaient des difficultés d'accès aux études supérieures. Parmi les solutions proposées, est sorti ce projet d'apprentissage post-bac. La mairie de Saint-Gaudens a candidaté et a été labellisée par le gouvernement au printemps 2020, avant une ouverture en septembre 2020. C'était une gageure mais tout le monde a été efficace !
Quel est le fonctionnement de ce dispositif ?
Le périmètre de notre campus connecté est celui du Pays Comminges Pyrénées, c'est-à-dire que les personnes doivent résider dans ce territoire. Le campus connecté, situé dans une partie des locaux du lycée Bagatelle de Saint-Gaudens, est un lieu d'apprentissage dédié à la formation à distance, et dans tous les secteurs du supérieur.
"Pour cette rentrée 2023, nous avons 25 étudiants mais les inscriptions peuvent se faire tout au long de l'année. Les personnes s'engagent sur un an. Chaque étudiant a du matériel informatique à disposition et l'inscription au campus connecté est gratuite".
Après l'inscription, on organise une entrevue pour vérifier que chaque personne se trouve bien en post-bac et qu'elle a les pré-requis pour être un étudiant à distance efficace. Ensuite, chaque étudiant a un suivi individualisé et chaque planning est travaillé avec les étudiants. Nous fonctionnons sur les horaires du lycée, soit du lundi au vendredi de 8h à 17h, et nous collaborons avec les professeurs de Terminale du lycée, qui détectent des jeunes à fort potentiel souhaitant viser des formations à distance.
"L'enjeu est grand pour notre territoire. Une enquête réalisée en 2020 montrait que 34% des bacheliers du Comminges ne poursuivaient pas dans les études supérieures. L'offre dans le supérieur est faible, nous n'avons pas d'IUT par exemple et de l'autre côté, les entreprises connaissent des difficultés de recrutement sur de la main-d'oeuvre qualifiée. Pour nous, le dispositif du campus connecté est arrivé à point nommé !".
Quels sont les profils d'étudiants que vous accueillez ?
L'âge varie de 18 à 55 ans pour la rentrée 2023, mais nous n'avons pas que des néo-bacheliers ! Nous formons sur des BTS à distance non déployés sur le territoire, comme sur la diététique ou les services à la personne.
Les motivations sont de trois ordres chez nos étudiants : il y la considération économique, malgré les différentes aides, la peur de l'éloignement avec des bacheliers qui préfèrent rester sur le territoire et la peur de la foule dans les grandes universités. Nous travaillons tout au long de l'année sur ces freins.
Quelle est la différence entre un campus connecté et des organismes d'enseignement à distance, type Cned ?
Nous ne sommes pas un organisme de formation ni une école, nous dispensons des cours à distance, où que soit l'établissement. Une part de nos étudiants est inscrite au Cned. Notre plus-value ? Alors que les parcours à distance classiques enregistrent près de 75% d'abandon, le campus connecté était à seulement 2% d'abandon en 2022. Nous avons des entretiens tout au long de l'année avec les étudiants, dans un accompagnement qui se rapproche quelquefois du coaching.
Le Cned est partenaire et nous avons signé ensemble, en août 2022, une convention d'expérimentation sur l'apprentissage à distance, en compagnie également du CFA académique.
Quelles sont les relations avec les établissements à distance ?
Pour les moments de TP ou TD, les étudiants sont conviés, un jour par mois ou une semaine par semestre, à rencontrer leurs professeurs sur site. Des temps de regroupement en présentiel existent. S'agissant des examens, les facs sont autonomes et ce sont elles qui choisissent de distancialiser les examens ou non.
Quels sont les projets pour pérenniser le dispositif ?
Nous pouvons accueillir des stagiaires dans le cadre de la formation professionnelle continue. C'est intéressant pour les adultes et cela répond aux besoins du territoire.
"Nous avons pour projet de déménager le campus connecté au centre-ville de Saint-Gaudens et d'élargir les horaires, pour éventuellement l'ouvrir tout au long de l'année. Enfin, dans les deux ans, nous espérons parvenir à un effectif de 40 à 50 étudiants".
Alors que les campus connectés commencent à prendre leur vitesse de croisière, 13 d'entre eux avaient fait l'objet d'une expérimentation de la part du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, dont Carcassonne (Aude) et Le Vigan (Gard) en Occitanie. Aujourd'hui, il existe 13 campus connectés dans la région : Mende, Florac (Lozère), Carcassonne (Aude), Foix (Ariège), Sète, Agde (Hérault), Saint-Gaudens (Haute-Garonne), Cahors (Lot), Saint-Affrique, Millau, Espalion (Aveyron), Le Vigan (Gard), Font-Romeu (Pyrénées-Orientales).
A Saint-Gaudens, le campus connecté fédère de nombreux partenaires tels que la mairie de Saint-Gaudens, la Région Occitanie, le Club Comminges Entreprises, Job en Comminges, le club de rugby à XIII de Saint-Gaudens, Pôle Emploi, la Mission Locale, le CIO, la Maison de l'Avenir, l'université Paul-Sabatier (les étudiants ont accès aux services de la vie étudiante) et des entreprises telles qu'Arcométal et Gallard Bâtiment.
87 campus connectés sont recensés à l'heure actuelle dans le pays.