Hérault. Mécènes du Sud, le collectif d’entreprises qui casse les codes du mécénat et fait bouger la Méditerranée

Créé en 2003 à Marseille, le réseau Mécènes du Sud s’est élargi dans l’Hérault et le Gard début 2017 et fédère une cinquantaine d’entreprises. Découverte.

Le collectif Mécènes du Sud, né à Marseille et Aix-en-Provence en 2003, s'est développé dans l'Hérault et le Gard depuis 2017. (Photo : Mécènes du Sud)

Le collectif Mécènes du Sud, né à Marseille et Aix-en-Provence en 2003, s'est développé dans l'Hérault et le Gard depuis 2017. (Photo : Mécènes du Sud)

La loi mécénat fête ses 20 ans et le territoire méditerranéen a fait figure de pionnier dans le domaine. Dès 2003, le collectif d’entreprises Mécènes du Sud, spécialisé dans l’art contemporain, était porté sur les fonts baptismaux à Marseille et Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) avec « la volonté de stimuler la création artistique contemporaine et de faire de Marseille une ville dynamique culturellement ».

Centré sur l’art contemporain

Début 2017, son frère jumeau a fait son apparition dans l’Hérault et le Gard, sur le triangle Montpellier-Sète-Béziers (qui englobe aussi Nîmes). « Nous sommes le seul modèle indépendant et collectif de mécénat », précise Marine Lang, coordinatrice de Mécènes du Sud. L’ADN du collectif est d’aider les artistes à exister, soutenir la création contemporaine sur le territoire et organiser des appels à projets auprès des artistes, des musées ou des centres d’art pour financer de nouvelles œuvres. Et sur le seul spectre de l’art contemporain : pas de saupoudrage ou de diffusion sur les domaines de l’opéra ou du théâtre.

Marine Lang, coordinatrice du réseau Mécènes du Sud dans le triangle Montpellier-Sète-Nîmes. (Photo : Elise Ortiou-Campion)
Marine Lang, coordinatrice du réseau Mécènes du Sud dans le triangle Montpellier-Sète-Nîmes. (Photo : Elise Ortiou-Campion)

Des résidences d’artistes… dans les entreprises !

Marseille et Montpellier ont inventé un concept assez original qui aide les boîtes à se sentir concernées par le mécénat : la résidence d’artistes… en entreprise ! « Depuis 2017, l’idée a été reprise par le ministère de la Culture », se réjouit Marine Lang. Cette dernière donne un exemple précis : celui de la Banque Populaire Occitane :

« Certains de leurs services ont été délocalisés dans la zone de Cambacérès, autour de la gare TGV. Un déménagement peut être vécu comme un traumatisme. Avec un duo originaire de Sète, les salariés ont été accompagnés artistiquement sur la création de la déco de la salle de repos, par exemple. Le projet artistique se met alors au service de l’entreprise et on arrive à toucher des publics jusqu’alors peu concernés par l’art contemporain ».

Autres cas concrets : l’architecte plasticien Microclimax a réalisé une œuvre d’art pérenne dans les locaux d’Ach@t Solutions (le leader français rassemblant les éditeurs métier experts de l’achat et du transport), à Grabels (Hérault), près de Montpellier, et un sculpteur a réalisé une œuvre immersive au sein du cabinet d’avocats SVA : la fameuse barre des accusés !

« Pas plus de cinq mécènes par secteur d’activité »

Mécènes du Sud regroupe une cinquantaine d’entreprises de toutes tailles et tous secteurs (construction, assurances, immobilier, communication, architecture…) et propose en amont une initiation à l’art pour que les entreprises (et leurs salariés) touchent du doigt ce secteur. « Nos règles internes sont claires : nous n’accueillons pas plus de cinq mécènes par secteur économique, et on ne veut pas dépasser les 55 membres. Et on rappelle souvent que nous ne fonctionnons pas comme un club d’entreprises ! », prévient la coordinatrice héraultaise.

Le projet Gardeno Paradizo

Dans ces temps économiques difficiles (inflation, PGE à rembourser…), la culture n’est pas perçue comme une folle évidence : quel intérêt d’investir dans le champ du mécénat dans ce contexte ? La cotisation annuelle est de 5500 euros minimum (pour les entreprises de moins de 500 salariés).

Et le premier argument est celui des projets. Mi-octobre 2023, Mécènes du Sud Montpellier-Sète-Béziers a concrétisé un projet collectif et participatif à orientation culturelle, pédagogique et paysagère : Gardeno Paradizo. Un projet en partenariat avec l’association Habitat Jeunes Sète et Bassin de Thau. C’est en quelque sorte la pierre à l’édifice du collectif de mécènes pour le projet Montpellier capitale européenne de la culture 2028. « D’ici 2028, nous voulons transformer d’autres lieux par l’art, le design, et créer des lieux-oasis de beauté et d’usages renouvelés », conclut Marine Lang.

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