Si la fabrication numérique existe depuis une cinquantaine d’années, sa généralisation s’accélère avec l’implantation sur les territoires de structures associatives comme Artilect Fablab Toulouse, la première de ce type en France avec près de 800 adhérents !
Depuis son ouverture en 2009, cette entité attire un public très varié, des professionnels, des étudiants, des particuliers…qui viennent s’initier à l’impression 3 D et explorer son potentiel créatif. Le tarif de l’adhésion, 30 € (20 avec réduction), rend cette technologie accessible à tous. En fait, c’est toute une communauté d’afficionados qui prend plaisir à se former aux machines et logiciels, à partager la connaissance et à s’entraider. Un esprit open innovation qui participe à la convivialité de ce lieu propice à l’émergence de start-up, plusieurs porteurs de projet réalisant sur place des prototypes, des preuves de concept…
Si de plus en plus de grands groupes ont des Fablab intégrés (Airbus, Renault, Seb, Air Liquide…), les Pme quant à elles commencent à investir dans une ou deux machines afin de valider une pièce, usiner des petites séries. Afin de franchir une étape supérieure, maîtriser une rupture technologique ou lancer un système innovant, certaines entreprises de la région ont le réflexe Artilect. A titre d’exemple, Biscuits Poult teste une machine d’impression 3D à gâteaux, ERDF travaille sur des modèles de boîtiers communicants. Alg & You y peaufine son matériel de production de micro-algues alimentaires (la spiruline). Naïo Technologies est passée par cette case concernant son robot de binage pour le maraîchage.
Afin d’attirer davantage d’industriels, répondre aux exigences de confidentialité, une SAS Artilect Lab a été créée en octobre dernier (1). Dotée d’un capital de 20 000€, cette dernière vise en 2015 un CA de 400 000€. Les professionnels louent des heures/machines, une formule souple qui allie agilité et efficacité. Si 5 à 6 entreprises souhaitent exploiter de manière mutualisée un équipement spécifique, la SAS Artilect Lab peut très bien en faire l’acquisition.
Outre la mise à disposition d’un parc machines performant, les clients bénéficient de toute une veille technologique, les process évoluant en permanence. D’ailleurs, la SAS est agréée organisme de formation.
«Notre plateau technique contribue à démocratiser l’innovation, à donner rapidement forme à une idée. Sans compter que le coût de la complexité en termes de design est égal à zéro avec l'impression 3D !» argue Nicolas Lassabe, co-fondateur d’Artilect Fablab Toulouse, en pleine mobilisation déjà pour le Fablab Festival qui se tiendra à Toulouse du 6 au 10 mai prochain. Le rendez-vous incontournable des Fablabs français et européens.
(1) : L’association Artilect Fablab Toulouse détient 30% des parts de la SAS Artilect Fab.
Emma Bao
Diffusé le 1er janvier 2015
Encadré 1
A retenir
-Au MIT a été conçu dans les années 50 le premier ordinateur connecté à une fraiseuse numérique
-Premiers Fablabs mis en place en 2000 ; une cinquantaine recensés dans le monde en 2009 ; 500 actuellement.
-Plusieurs techniques d’impression 3 D : par dépôt de matière fondue, par frittage sélectif laser, par stéréolithographie, par frittage laser direct de métal…
Encadré 2
Structurer une filière régionale
Artilect Fablab Toulouse se mobilise pour conforter la filière, rassembler les acteurs du numérique au sein d’un cluster ou d’un réseau à constituer au plus vite.
Pilote en la matière, la région doit conserver sa longueur d’avance d’où la nécessité de fédérer les forces vives pour trouver de nouveaux marchés, dispenser de la formation, aider au choix des équipements…De ce fait, Artilect Fablab Toulouse a été retenue par l’Etat, dans le cadre d’un appel à projets (1), pour structurer ce secteur stratégique qui compte beaucoup d’utilisateurs mais trop peu de « pure players ». D’où l’intérêt de jouer groupés pour faciliter l’émergence de nouveaux fabricants de machines, d’industriels adressant tous les secteurs économiques…Certains ont ouvert la voie. La société Fusia (implantée à Revel) s’est positionnée sur ce marché en imprimant des pièces métalliques (pour l’aéronautique…) à partir de poudres solidifiées par laser. Au sein de Fablab Toulouse, un prototype de machine par soudure est en cours de définition. L’impression 3 D via des résines est aussi d’actualité.
Toulouse Métropole soutient le mouvement. La communauté de communes met à disposition d’Artilect 500 m2 auxquels s’ajoute une même surface réservée à La Serre, une SIC qui accueille des artisans, des designers, des acteurs de l’économie sociale. Une halle de 3000 m2 pourra complèter ce parc immobilier. L’obtention de la labellisation French Tech donne un coup d’accélérateur supplémentaire.
Le potentiel commercial est énorme. Dans la santé, on peut par exemple envisager des dispositifs médicaux adaptés à la morphologie de chacun ! Le champ des possibles est très vaste. Il y aura de plus en plus de machines dédiées à des applications et des métiers. L’électronique intégrée aux équipements permettra aussi d’inclure des circuits et capteurs dans les pièces fabriqueés.
(1) : sur 150 dossiers, Artilect Fablab Toulouse a fait partie des 14 sélectionnés. La dotation obtenue s’élève à 180 000 €.
Encadré 3
Parcours
Après son post doctorat en robotique 3D, Nicolas Lassabe a souhaité créer un lieu placé sous le signe du décloisonnement, de la transversalité des disciplines, de l’échange entre des individus d’horizons différents. Pari réussi, Artilect Fablab Toulouse concentre toutes ses qualités, étant un lieu ouvert où foisonnent les idées. L’association travaille également en connexion avec le MIT, l’UPS, des centres de recherche.
Président de l’association Artilect Fablab Toulouse, Nicolas Lassable est directeur R&D au sein de la SAS Artilect Lab. Le tout représente une équipe de 8 personnes.