Cette start-up toulousaine fait partie du petit cercle restreint des fabricants français d’imprimantes 3 D. Avec 3000 machines vendues en kit cette année, eMotion Tech atteint cette année le million de chiffre d’affaires. Positionnée sur le matériel à usage pédagogique, la PME diffuse ce type d’équipements auprès des établissements scolaires et des particuliers, premiers clients de la société.
Vendues en kit, les différentes briques à assembler permettent aux enseignants d’aborder avec leurs élèves ou étudiants plusieurs disciplines, la mécanique, l’informatique, l’électroniques, le design…Du collège à l’école d’ingénieur, le produit est de plus en plus présent dans l’univers scolaire mais aussi dans les foyers. De nombreux technophiles commandent en ligne « leur mécano », un jouet avec lequel ils pourront donner libre cours à la créativité. Utilisée à usage ludique par le grand public, la gamme développée par eMotion Tech est aussi adaptée à des applications professionnelles. Pour preuve, une partie des composants plastiques intégrés dans le kit sont eux-mêmes des réalisations « maison », imprimés par les machines figurant au catalogue ! « Avec un excellent rapport qualité/prix et une belle esthétique, les machines vendues entre 400 et 800 euros selon les modèles, sont aussi performantes que certaines versions sur le marché proposées à 2000 euros » estime Guilhem Peres, cofondateur avec Franck Liguori de l’entreprise, avant d’être rejoints par un troisième associé Hugo Flye.
Les matériaux sont le nerf de la guerre
S’il existe plusieurs technologies (résines, fritage de poudre…), la PME toulousaine a choisi par rapport à sa cible, le thermoplastique avec le dépôt de matière en fusion. Privilégiant la R&D pour maintenir une longueur d’avance sur la concurrence, l’équipe de direction consacre une attention particulière aux matériaux, considérés comme le nerf de la guerre. eMotion Tech a d’ailleurs fait la « une » des médias en dévoilant lors des deux derniers Salons de l’Agriculture, un fil en agro-matériaux développé avec Végéplast, son partenaire bigourdan (cf. Entreprises Midi-Pyrénées, avril 2015). « Nous sommes les premiers à commercialiser un produit agro-sourcé, élaboré localement à partir de céréales de la région» précise Guilhem Peres, en citant d’autres projets en France encore à l’état de R&D.
Baptisé Végé3D, le filament biodégradable a trouvé ses aficionados, d’autant plus que la palette de couleurs s’enrichit progressivement (bobines noires, rouges, bleues…).
Une autre collaboration a été engagée avec Eden basé à Montpellier. Cette société met au point une solution pour les orthopédistes qui via un scanner couplé à une tablette déclencheront à distance la fabrication de semelles via des imprimantes 3 D. Ce qui suppose toute une recherche sur les matériaux pour introduire de la bimatière, obtenir des propriétés mécaniques particulières.
Optimiser le process industriel
Face à la montée en puissance commerciale, eMotion Tech est en négociation avec un partenaire industriel pour franchir un cap en termes de process de fabrication. Afin de répondre à une demande en forte progression, la Pme doit se doter impérativement de nouveaux moyens, optimiser ses méthodes de production…et bénéficier de toute une valeur ajoutée technologique que lui apportera cet investisseur.
Quant à la force de vente, le poste est bien maîtrisé avec un site marchand très actif et un réseau de distributeurs (boutiques multimédia, d’informatique, d’électronique…) en permanence consolidé que ce soit en France ou sur l’Europe. La start-up a aussi noué une collaboration avec Technologies et Services, premier fournisseur de l’Education Nationale. Un acteur clé, en veille sur les programmes scolaires et en contact direct avec les enseignants pour satisfaire leurs exigences sur le matériel et la documentation technique ad hoc(1).
Pour élargir son offre, la société intervient aussi en négoce en diffusant la marque chinoise Tiertime, une référence en matière de plug and play plébiscitée par les particuliers et les enseignants.
Avec 30% de croissance cette année, l’entreprise compte recruter à la rentrée, notamment des ingénieurs pour continuer à innover sur le hard et le software. « Parmi les axes de R&D, nous travaillons sur la multifonctionnalité, l’équivalent d’un couteau suisse appliqué à la fabrication » résume Guilhem Peres, qui en tant qu’adepte du développement partagé et de l’open hard et software, est confronté à la contrefaçon, un risque qu’on assume en restant les meilleurs en qualité de service et en avancée technologique.
(1) : eMotion Tech apporte un soin particulier à la documentation technique, support pédagogique utilisé par les enseignants dans les étapes d’assemblage.
Emma Bao
Diffusé le 29-05-2005
A retenir
-Effectif : 7 personnes
-Evolution du CA : 280 000 € au 1er exercice, 850 000€ au deuxième, 1 M€ cette année
-Le segment « scolaire » génère » 40% du CA, les particuliers 60%
-Une partie de la fabrication (assemblage…) est sous-traitée à l’ESAT (établissement et service d’aide par le travail), en Ariège.