Fabrication additive Fabrication conventionnellle
Fusia, le pôle fabrication additive d’Estève, installé à Revel va rejoindre le pôle d’usinage mécanique de Toulouse à Montaudran sur le site historique de l’entreprise. Quatre ans après, le mariage de la fusion laser avec les techniques conventionnelles a déjà convaincu les bureaux d’études de plusieurs grands donneurs d’ordres de l’aéronautique, de l’espace, de la Défense, et ailleurs dans l’industrie, avec des pièces embarquées qui volent dont certaines sur des fonctions critiques moteur. C’est devenu un levier de l’innovation.
La tête chercheuse du groupe, Fusia, lancée en 2011, a suscité la création d’un système de R & D et industriel intégré. Toutes les pièces produites par fusion laser sont ensuite finalisées dans l’atelier avec éventuellement les traitements thermiques et/ou de surfaces nécessaires. Aujourd’hui deux machines tournent chez Fusia (EOS M280), le parc est appelé à s’agrandir rapidement dans les futurs locaux dédiés. Avec la fabrication additive, Estève Fusia se positionne non plus comme un sous-traitant mais un partenaire stratégique, en co-ingénierie avec le ou les bureaux d’étude du client. Certains donneurs d’ordres les plus matures n’hésitent pas à lui confier des challenges de plus en plus complexes à relever.
Les gains peuvent être significatifs en termes d’innovation, de masse, d’ajouts de nouvelles fonctionnalités, en sécurisant davantage l’industrialisation en supprimant des étapes, des soudures…, en diminuant le coût global… « C’est toujours un ensemble de paramètres qui fera pencher la balance » relate Arnaud Votie, le directeur recherche, développement, innovation d’Estève-Fusia. Cette nouvelle technologie est loin d’avoir donné tout son potentiel même si tout n’est pas possible car ce n’est pas « simplement » de l’impression 3 D. Au fil des années, la fabrication additive a élargi son champ d’action en intégrant les principales familles de matériaux comme l’aluminium, l’acier, le titane, les super alliages de nickel, le cobalt chrome…Les clients ont testé que les caractéristiques mécaniques étaient bien au rendez-vous. Le principal obstacle c’est l’apprentissage d’une nouvelle manière de concevoir et calculer avec la flexibilité apportée par la fabrication additive. Il faut penser optimisation topologique en répartissant au mieux la matière en fonction des contraintes. Comme tout changement il y a des résistances dans les bureaux d’études. Estève-Fusia participe à une dizaine de projets de R & D collaboratifs avec des laboratoires, des industriels. « Nous travaillons sur des projets apportés par les clients ou à partir de nos propres idées ». Dans le cadre du projet de R&D mené avec Sogeclair Aerospace, chacun a amené ses connaissances de bureaux d’études et de fabricant pour innover. Pour réussir l’introduction de la fabrication additive, les acheteurs sont mis dans la boucle. On a besoin de toutes les compétences, les juniors adeptes des nouvelles technologies comme les « vieux briscards » qui maîtrisent l’usinage des pièces très complexes sortant de la fusion laser. Quel chemin parcouru en quelques années ! « Il nous arrive toujours d’être émerveillés par les possibilités de cette technologie ».
Effectif groupe : 90 salariés
Chiffre d’affaires : 9 M€
Activité : Mécanique, fabrication additive
Un clone Estève Fusia au Canada
Cyril Chanal, dirigeant du groupe est parti s’installer avec sa femme et ses enfants au Canada à Montréal à l’été 2014 pour créer un clone d’Estève-Fusia avec l’aide d’un partenaire sur place, business développeur. Une 1ère machine à fusion Laser M290 a démarré, en parallèle, un usineur local a été racheté, pour adresser les besoins des avionneurs et motoristes installés sur place.
Article diffusé le 01/04/2015 par Jean Luc Bénédini