Spécialisée dans l’ALM (1) ou impression 3D métal et plastique, Prismadd accélère très fort son développement avec 4 sites industriels sur le territoire et un au Japon. L’idée est de proposer sur chacun une offre intégrée conjuguant l’ALM et l’usinage mécanique conventionnel sur les seules surfaces utiles. Les premières séries industrielles seront produites en 2016.
Prismadd a démarré ses activités à Montauban en octobre 2014 avec aujourd’hui plusieurs machines ALM d’impression métal et plastique qui serviront à terme à la R & D. Le parc machine va s’étoffer avec la création en cours d’une zone de production série ALM. Prismadd jouxte l’atelier de mécanique de Farella. Cet usineur s’est associé avec deux autres sociétés Rhonatec et Creatix 3D pour créer Prismadd. D’autres sites ALM sont en cours de lancement avec l’appui d’Ace Aéronautique qui regroupe désormais 4 sociétés d’usinage associées pour travailler avec le groupe Airbus : Farella à Montauban, Armor Meca (près de Dinan en Bretagne), Espace (Saint-Nazaire-Muret) et Chatal (Nantes). Prismadd ouvre un site chez Espace à Saint-André des Eaux, chez Armor Meca et à Grenoble avec OMG, un usineur local. Dès janvier 2016, Prismadd démarre la production dans une filiale au Japon avec un partenaire usineur de longue date de Rhonatec. « L’avantage pour Airbus c’est l’assurance avec notre expérience d’avoir un dossier de fabrication pour une pièce produite en ALM conforme à toutes ces exigences » relate Pascal Farella, directeur commercial de Prismadd et directeur des ventes et opérations de Farella. Il est à l’origine de sa création en octobre 2014, avec Philippe Rivière, le président, suite à leur rencontre en juillet de la même année. Ces deux ingénieurs Arts & Métiers ont suscité un projet d’envergure internationale. Dès l’an prochain, Prismadd devrait essaimer en Allemagne, en Angleterre toujours en s’adossant avec des industriels. Le contrat gagné avec Airbus cet automne pour le programme A350, (avec un second fournisseur américain), a bien validé tout le travail de R & D de l’équipe et le projet industriel. L’envol de Prismadd devrait mobiliser près de 25 M€ d’investissement dans les trois prochaines années dont une dizaine de millions d’euros sur le site de Montauban. Cette aventure industrielle s’appuie sur la puissance de feu d’Ace Aeronautique qui aligne 900 salariés pour un CA de 120 M€ avec en perspective 300 M€ en 2020. Les premiers clients de Prismadd proviennent des grands groupes de l’aéronautique, de l’espace, de l’automobile, de l’armement, du naval…Les entreprises, des grands bureaux d’études viennent à Montauban chercher des compétences rares en co-développant les pièces avec Prismadd dans un domaine neuf où l’innovation est à jet continu avec déjà 7 technologies différentes de fabrication. Prismadd prévoit d’employer une trentaine de personnes sur Montauban fin 2016 et le double au sein du pôle ALM sur les différents sites. «C’est un domaine passionnant, une rupture industrielle où l’on ne voit pas encore les limites. Nous recrutons aisément des jeunes ingénieurs » relate Philippe Rivière. A l’horizon 2020, l’ALM représentera environ 10% de l’activité du groupe ACE Aeronautique. Prismadd se place d’ores-et-déjà parmi les leaders en Europe.
Maîtriser toute la chaîne de valeur depuis la poudre
Prismadd souhaite maîtriser de A à Z la chaîne de valeur, en partant de la poudre, la conception de la pièce, l’impression 3D, l’usinage complémentaire et les traitements thermiques. Les poudres seront produites dans un bâtiment à proximité du site à Montauban. La première tour d’atomisation plasma fragmentera des poudres de 600 à 800 microns à 20 à 40 microns. Avec la seconde tour, l’objectif est de broyer des copeaux de titane récupérés et transformés en poudre. Cette valorisation fait partie d’un projet national soutenu par BPIFrance. « En produisant nous-même une matière première chère et rare qui sera de plus en plus demandée, nous pourrons garantir un prix à nos clients » explique Pascal Farella. La commercialisation de la poudre -dont la majeure partie sera exploitée par Prismadd- sera réalisée par une société de distribution créée par Rhonatec et LPW Technology. Pour la conception et la production, le partenariat avec la société Creatix3D, distributeur des machines ALM de 3D Systems et de solutions logicielles de Dassault Systems, constitue un atout. La technologie avance très très vite. Prismadd a embauché trois ingénieurs thésards sous contrat Cifre dans le cadre de projet mené avec l’ENI de Tarbes (ALM plastique), les Mines d’Albi (Métal) et l’Université de Saint-Quentin en région parisienne sur la conception. Les dirigeants prévoient de spécialiser les sites par matériaux. Montauban va ainsi se concentrer sur les métaux durs : titane, inconel. C’est sur l’ensemble de la chaîne de valeur que Prismadd mesure la compétitivité de l’ALM avec des gains en termes de masse, de coût de fabrication, d’intégration de fonctionnalité, ces paramètres pouvant se conjuguer. Prismadd se positionne sur la maîtrise à la fois de l’optimisation topologique ou numérique de la pièce et sa fabrication en ALM, le cœur du sujet ! Dans cette première phase, les dossiers amenés par les clients concernent des pièces non critiques, de classe 2, avec des contraintes de fatigue entre autres. Pour le métal Prismadd est dimensionné sur des pièces jusqu’à 500 mm3 et 900x600mm pour le plastique. « Les caractéristiques mécaniques des pièces en ALM sont identiques aux mêmes pièces fabriquées en conventionnel, des clients de l’automobile ont testé des pièces au banc sans mesurer de différence » relate Ph. Rivière.
(1) Additive Layer Manufacturing
Une filiale au Japon ?
Prismadd créé une filiale au Japon avec un usineur qui emploie 400 salariés. Il travaille déjà pour la filière aéronautique qui se développe avec un nouveau programme de jet (MRJ). Et très étonnant, dans un pays qui possède les plus grands fabricants de machine-outil, l’ALM est peu présente !
ACE Aéronautique :
Farella, Armor Meca, ESPACE, Chatal : 900 salariés, 120 M€.
Usinage mécanique.
Article diffusé le 01/01/2016 par JL Bénédini