Introduire plus de régulation au sein de la Supply Chain

Didier Katzenmayer, directeur aux affaires industrielles Airbus Opérations SAS

Didier Katzenmayer, directeur aux affaires industrielles Airbus Opérations SAS

De nombreux efforts auront été déployés en vue de sécuriser les objectifs de livraison sur l’année 2016.

Et on peut penser que ces messages font écho aux propos tenus directement par le Président d’Airbus (Commercial Aircraft) Fabrice Brégier, en début d’année puis durant l’été, sur les problématiques rencontrées notamment sur les éléments de cabine de l’A350XWB...

Des situations variées selon le portefeuille clients

Le paysage est donc très varié, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne question charge de travail. Il y a ceux qui bénéficient de l’augmentation des cadences dans l’aviation commerciale et ceux qui sont directement impactés par le ralentissement de l’activité dans l’aviation d’affaires et le secteur de la Défense (1).  Pour les entreprises de ce dernier panel, la situation se complique encore si leurs donneurs d’ordres (les « rangs » 1 et 2) leur imposent des baisses de coût supplémentaires de 10 à 15% et si, qui plus est, elles ont à subir des retards de commande liés au problème de certains motoristes, sans pour autant avoir de la visibilité !

La conjonction de tous ces facteurs a placé les plus petits acteurs dans le rouge, certains peinant à survivre, d’autres risquant de disparaitre sur le court-terme.

« La filière aéronautique est bien consciente de cette problématique, que ce soit du côté des avionneurs, ou du côté des équipementiers ! Celle-ci s’est structurée ces dernières années en créant les fameuses ETI (Entreprise de taille intermédiaire) rang1 et chacun doit assumer et assurer ses responsabilités vis-à-vis de son propre écosystème industriel.» souligne Didier Katzenmayer. Le constructeur ne souhaite pas avoir de dissonances dans les relations rang1/rang2 car la priorité reste la sécurisation des approvisionnements.

Les recommandations et appels à la bonne volonté ne doivent plus rester lettre morte. Un groupe de travail sur les rangs 3 et 4 a d’ailleurs été constitué au sein du Comité stratégique de la filière aéronautique Occitanie sur cette thématique.

Mieux réguler le système avec un médiateur indépendant des services achats

Pour réguler l’ensemble et mettre fin à certains comportements trop « francs-tireurs » qui peuvent fragiliser industriellement le constructeur et ternir sa politique, le rôle du médiateur de la sous-traitance et des relations inter-entreprises prend alors tout son sens. « Cette fonction rattachée à la direction générale permet, en toute indépendance et neutralité, de prendre en compte des problématiques complexes et cela consiste à résoudre de façon amiable un différend entre des acteurs économiques ; le but étant de faciliter la négociation et les solutions doivent émerger des parties elles-mêmes. Une fois l’accord trouvé, il est formalisé par écrit par les parties et doit rester confidentiel » résume Didier Katzenmayer.

Les parties peuvent également saisir le médiateur nommé par l’Etat, en l’occurrence Patrick Bodenan à la DIRECCTE Occitanie (voir site en ligne expliquant la marche à suivre).

L’avionneur a la volonté de garder sa proximité avec son écosystème industriel et le Forum Filière Supply Chain organisé par Airbus annuellement, en est l’illustration. Les acteurs ont alors l’occasion, durant cette journée, d’exprimer leurs problèmes et difficultés. Cette formule, qui permet de garder le lien avec le terrain, a séduit un acteur majeur des Aérostructures, en l’occurrence la société Stelia Aérospace, qui a organisé son propre forum sur le même format le 30 novembre dernier lors de la convention d’affaires Aeromart.

Tout l’écosystème est convié à ces rencontres qui mobilisent différents métiers et savoir-faire, les chargés de programme,  l’ingénierie, les responsables business line…

Rigueur et contrôle de bout en bout !

Etant soumis aux exigences réglementaires (par exemple EASA(2) pour l’Europe, …), Airbus doit s’assurer de leur bonne déclinaison et de leur bon suivi dans toute la supply chain (i.e. qualification des ateliers de production et processus de fabrication). « Nous exhortons plus fortement nos rangs 1 et 2 à s’assurer de la bonne déclinaison et exécution de ces exigences auprès de leurs propres fournisseurs  » insiste Didier Katzenmayer.

Face aux enjeux de performance et de compétitivité, dans un monde qui évolue très rapidement, une structuration des rangs 3 et 4 semble inéluctable. Les avionneurs, motoristes et équipementiers ont besoin d’une Supply Chain robuste et performante, et ce, à tous les niveaux de la chaîne d’approvisionnement avec des interlocuteurs de qualité, des équipes bien formées, s’appuyant sur les dernières technologies pour livrer des produits bons du premier coup, dans les délais impartis et sous assurance qualité.

Emma Bao

 

(1) : ralentissement sur l’A400 M, les hélicoptères militaires, l’aviation d’affaires chez Dassault….

(2) : Agence européenne de la sécurité aérienne

 

 

 

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