Ecomatelas va ouvrir une boutique à Toulouse
Avec Ecomatelas, Jérémie Adjedj propose la première literie écologique faite à partir de matériaux 100 % recyclés, le tout made in Hérault. Un marché original de reconditionnement.
A une époque où les produits de seconde main sont de plus en plus privilégiés et où les plateformes de ventes d’occasion fleurissent, Jérémie Adjedj a eu l’idée en 2017 de combiner une tradition familiale et le mouvement écologique du reconditionnement. «Je travaillais chez mon oncle qui tient un magasin de literie à Agde, et quand on me demandait de jeter des matelas en bon état ça m’embêtait. Tout naturellement, et alors que les téléphones reconditionnés voyaient le jour, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire pour remettre les matelas à neuf et briser les barrières à l’achat, notamment celles hygiéniques» explique-t-il.
Chauffer le matelas pour le nettoyer
Après un an et demi de recherche et développement avec des entreprises du textile, et la rencontre de son associé Stéphane Duponchel travaillant dans l’écologie, Jérémie Adjedj tient l’innovation de son entreprise Ecomatelas. En effet, après avoir testé de nombreux procédés de désinfection (congélation, micro-ondes, UV), l’Agathois met au point un système thermique 100 % bio permettant, via de la chaleur sèche diffusée jusqu’au cœur du produit, d’assainir les tissus : «ce qui nous intéresse c’est le noyau du matelas, après avoir déshabillé le coutil. On va charger ces mousses sur des énormes chariots dans notre chambre de désinfection, et on va les faire monter en température».
Du neuf avec du vieux
Dépositaire d’un savoir-faire sur cette utilisation du thermique (la solution est protégée mais pas encore brevetée), Ecomatelas réalise aussi un important travail de remodelage pour améliorer le produit : «on récupère des matelas de bonne qualité, en grande majorité made in France et assez épais, ce qui nous permet de retravailler dedans pour leur donner une nouvelle forme. Par exemple, sur un objet qui a 25 épaisseurs, on enlève entre 1 à 10 couches dans la partie affaissée et usée, pour rajouter des matières améliorant le confort. Grâce à cette maitrise de remodelage des couches, on peut faire d'un produit moyen quelque chose de très satisfaisant».
Environ 600 000 euros de financement
Pour se fournir en matelas de seconde main, Jérémie Adjedj vise principalement deux marchés : «le plus important ce sont les hôtels qui changent leurs matelas tous les 2 ou 3 ans, et qui se débarrassent donc des anciens qui sont pourtant encore très largement exploitable. C’est la même logique pour les vendeurs et les enseignes qui récupèrent des matelas neufs de clients insatisfaits à cause d’un choc ou d’un quelconque problème. Quand ils reviennent à l’usine, ils les jettent… nous on en récupère des centaines et des centaines avec ça !». Avec un prêt bancaire de 300 000 euros en 2019, une levée de fonds de 150 000 euros auprès d’un fond privé parisien ainsi que des aides régionales et départementales, EcoMatelas a eu suffisamment de financement pour mettre en place sa solution et atteindre une «bonne cadence de production».
Un grand contrat pour lancer l’industrialisation massive
Identifiée comme structure d’insertion (entreprise qui permet l’insertion sociale et professionnelle de personnes rencontrant des difficultés particulières) et certifiée ESS, EcoMatelas reconditionne et vend entre 300 à 400 matelas par mois depuis 2020, pour un total d’environ 30 000 pièces. Située à Saint-Aunès à côté de Montpellier, l’entreprise dispose d’un atelier 2 en 1 avec 100m² de showroom et 800m² de production, mais propose une livraison allant de Béziers jusqu’à Avignon via son site web. Employant une dizaine de personne, la jeune pousse va ouvrir une boutique à Toulouse en 2021 qui fera l’objet de 3 recrutements. Une première étape pour EcoMatelas qui est en discussion avec un « grand industriel de la literie » pour développer son offre à l’échelle nationale et décupler ses ventes. Ayant fini l’année à 800 000 euros de chiffre d’affaires, l’entreprise ambitionne de réaliser au moins 1,2 M€ pour l’année à venir.
Thomas Alidières