La souveraineté économique européenne ne passera que par l’investissement

Pierre-Olivier Nau, président du Medef Haute-Garonne.

Pierre-Olivier Nau, président du Medef Haute-Garonne.

Les questions actuelles de pénurie de matières premières pour l’électronique, pour l’industrie, pour le bâtiment, les travaux publics, font ressortir avec une force imparable l’incapacité de l’Europe à se suffire à elle-même sur toute la chaîne économique : de l’innovation, à la conception, la production, et la consommation.

Non pas qu’il faille prôner une Europe isolée, totalement autonome, repliée sur elle-même, mais à tout le moins une Europe à la fois conquérante pour ses propres marchés, et pour le reste du monde, un continent économiquement moins dépendant, qui donne envie d’être choisi par les investisseurs du bout du monde. 

La récente crise avec les US et l’Australie, qui dépasse bien sûr la France et interroge notre capacité européenne, nous rappelle combien il est important de se doter d’outils beaucoup plus puissants d’investissement, fléchés vers des besoins propres, en l’occurrence en matière de défense, mais bien sûr aussi dans de multiples secteurs, comme les batteries ou l’hydrogène.

Et c’est l’échelle régionale qui sera le pendant de cette dynamique continentale. Les efforts d’attractivité des régions seront vertueux pour l’Europe. L’idée d’une préférence régionale en matière d’énergie verte ou d’alimentation par exemple créera des débouchés puissants dans toute l’Europe, et provoquera une émulation positive, une course à l’innovation, une consommation respectueuse, pour une croissance responsable.

Mais il manque une clé: l’investissement ! Les montants engagés par les puissances publiques américaines et chinoises - directement ou à travers une fiscalité fléchée - sont sans commune mesure avec l’Europe. On doit investir bien davantage, donner envie aux épargnants de choisir l’innovation plutôt que le livret A.

La crise du covid a ouvert une voie. Elle ne doit pas être une impasse mais un aiguillage. Le premier acte, en France, doit être de ne pas bloquer les entreprises en transformant le PGE en quasi fonds propres, de revoir la copie du prêt participatif de relance, et de refondre les règles prudentielles bâloises, tout en se dotant d’une fiscalité de l’investissement davantage à la main des régions et des métropoles.

A lire aussi