En lien avec la réforme de 2018 et d’après la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités, l'apprentissage en Occitanie connaît une expansion remarquable, triplant le nombre de contrats depuis 2017.
En 2022, 35% des contrats d’apprentissage débutés en Occitanie concernaient des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur, contre 17% en 2017. (Photo d'illustration : Pixabay)
En harmonie avec la réforme de 2018, l'apprentissage en Occitanie a connu une évolution spectaculaire, avec un triplement du nombre de contrats depuis 2017. Cette augmentation dépasse la moyenne nationale, illustrant l'impact positif des réformes sur la formation professionnelle dans la région. En 2022, plus de 73 700 contrats d'apprentissage ont été signés, établissant un nouveau record et marquant une croissance de 15 % par rapport à l'année précédente, selon une étude publiée par la Dreets Occitanie (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) fin 2023.
Une tendance nationale confirmée en Occitanie
Cette massification de l'apprentissage n'est pas unique à l'Occitanie, mais s'inscrit dans une tendance nationale, où le nombre d'entrées annuelles a augmenté de près de 300 000 en 2017 à plus de 800 000 en 2022 au niveau de la France métropolitaine. L'Occitanie, avec une croissance annuelle moyenne de 24,7% entre 2017 et 2022, rattrape son retard et représente désormais 9,1% de l'ensemble des entrées en France métropolitaine.
Des contrats plus courts et une augmentation des ruptures
Malgré la croissance significative du nombre de contrats d'apprentissage, la durée moyenne de ces contrats a diminué, passant de 626 jours en 2017 à 550 jours en 2022. Cette réduction est liée à l'assouplissement des durées de contrat, avec une part croissante de contrats d'un an ou moins. En 2022, 19 % des contrats ont été rompus dans les six premiers mois, contre 15 % avant 2017. Cette évolution suggère une tendance à des contrats plus courts et à des interruptions fréquentes, peut-être influencées par les incitations financières accordées aux entreprises.
Des apprentis désormais majoritairement diplômés
L'élargissement des conditions d'accès à l'apprentissage a conduit à une évolution significative du profil des apprentis. En 2022, près de 70 % des contrats sont signés par des apprentis diplômés du baccalauréat ou du supérieur, contre seulement 35 % en 2013. La réforme de 2018 a accéléré cette tendance, offrant aux étudiants la possibilité de combiner expérience professionnelle et études supérieures.
L'apprentissage en Occitanie connaît également une transformation sociale avec une forte augmentation de la participation des jeunes femmes. En 2022, 44 % des apprentis sont des femmes, marquant une progression notable de 12 points en cinq ans. Cette tendance s'explique en partie par la diversification des formations, mais aussi par une augmentation globale de la présence féminine dans toutes les spécialités d'apprentissage.
Une entrée en apprentissage de plus en plus tardive
Avec l'ouverture de l'apprentissage aux 26-29 ans et l'augmentation du niveau de diplôme moyen, l'âge moyen d'entrée en apprentissage a augmenté. En 2022, il est de 20 ans et 7 mois, comparé à 19 ans et 2 mois en 2017. Cette évolution, liée à l'accessibilité accrue de l'apprentissage à un public plus large, a contribué à diversifier davantage les profils des apprentis.
Des disparités régionales dans les choix de formation
Bien que l'apprentissage ait connu une croissance dans tous les départements de la région, des disparités régionales sont observées. Les départements les plus peuplés, Haute-Garonne et Hérault, enregistrent une croissance significativement plus élevée que les départements ruraux. Les métropoles de Toulouse et Montpellier concentrent maintenant plus de la moitié des contrats régionaux.
Une économie tertiaire en tête du mouvement
En 2022, les trois quarts des contrats sont conclus avec des entreprises du secteur tertiaire, marquant un changement significatif dans le profil des employeurs. Bien que l'agriculture, l'industrie et la construction enregistrent également une croissance, la dynamique reste plus forte dans le secteur tertiaire, en particulier dans les domaines de l'information, de la communication, de la finance, de l'assurance et de l'immobilier.
Avec le changement de profil des apprentis, la structure des formations a également été profondément modifiée. Les formations d'échanges et de gestion (commerce, vente, comptabilité, RH...), de services aux personnes (santé, tourisme, coiffure...) et de communication et information (informatique, image et son, journalisme...) sont celles qui ont vu leur nombre d'entrées le plus augmenter depuis 2019.
À eux seuls, ces trois domaines de formation représentent deux entrées en apprentissage sur trois dans la région en 2022, tout comme en France métropolitaine.
Des flux importants vers les métropoles de Toulouse et Montpellier
Si les entrées en apprentissage ont fortement augmenté dans l'ensemble des départements de la région, de fortes disparités sont cependant enregistrées. Dans les départements ruraux comme l'Aveyron, la Lozère, le Lot ou l'Ariège, la hausse a été forte mais plus modérée que dans le reste de la région. À l'inverse, les hausses ont été particulièrement massives dans les deux départements les plus peuplés de la région : la Haute-Garonne et l'Hérault. Le nombre d'entrées a quadruplé dans ces deux départements par rapport à 2017, porté par le dynamisme des métropoles de Montpellier et Toulouse. En conséquence, une part de plus en plus élevée des contrats d'apprentissage de la région est signée dans ces deux départements : 55 % en 2022 contre 42% en 2017.
Des défis et opportunités à considérer
Cette transformation profonde de l'apprentissage en Occitanie, bien qu'offrant de nouvelles opportunités, soulève également des défis. La durée des contrats, la diversification des secteurs et la question de l'accessibilité dans les zones rurales nécessitent une attention particulière.
Néanmoins, la région semble bien positionnée pour capitaliser sur cette dynamique, témoignant d'une adaptation aux besoins changeants du marché du travail et de la volonté d'offrir des opportunités éducatives diversifiées.
Il repose sur le principe de l'alternance entre un enseignement théorique, généralement dispensé dans un Centre de Formation d'Apprentis (CFA), et une formation pratique au sein d'une entreprise, impliquant la mise en place d'un contrat de travail par l'apprenti. Cette méthode de formation est suivie chaque année par de nombreux jeunes en Occitanie. En 2018, la loi "pour la liberté de choisir son avenir professionnel" a apporté des modifications substantielles au cadre réglementaire de l'apprentissage. Parmi les changements majeurs, on compte l'augmentation de l'âge maximal d'admission à 29 ans (contre 25 précédemment), la simplification du processus d'embauche d'apprentis pour les employeurs, la flexibilité des durées de contrat, l'élargissement des possibilités de rupture, et une revalorisation des rémunérations des apprentis.
Ces réformes ont pour objectif de stimuler une expansion significative de l'apprentissage dans le pays et d'améliorer l'intégration des jeunes sur le marché du travail. En parallèle à ces évolutions législatives, d'importantes incitations financières ont été mises en place à l'attention des entreprises. Depuis le 1er janvier 2023, une aide financière substantielle de 6 000 € est accordée aux entreprises pour chaque embauche d'un apprenti. Ces mesures visent à encourager les employeurs à investir davantage dans le système d'apprentissage, soulignant ainsi l'importance accordée à la formation professionnelle et à l'insertion des jeunes dans le monde du travail.